Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Menaces présentes et futures sur la liberté d’expression, les GAFA en première ligne

27 décembre 2019

Temps de lecture : 6 minutes
Accueil | Veille médias | Menaces présentes et futures sur la liberté d’expression, les GAFA en première ligne

Menaces présentes et futures sur la liberté d’expression, les GAFA en première ligne

27 décembre 2019

Temps de lecture : 6 minutes

Vous allez lire un article gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien. Claude Chollet

Pre­mière dif­fu­sion le 09/12/2019

Le 21 novembre 2019, Claude Chollet Président de l’Observatoire du journalisme, a donné une conférence à Prague dans le cadre du « Free Media Forum », organisé par les autorités russes. Vous trouverez ci-dessous le texte revu en français de cette conférence donnée en anglais.

Totem et tabou

En 1913 Freud pub­lie son ouvrage Totem et tabou sur les struc­tures prim­i­tives d’appartenance et leur prég­nance. Pour faire par­tie de la tribu vous devez en partager les tabous. Partageant les tabous, vous révérez les mêmes totems, vous appartenez au groupe. Les médias dom­i­nants français parta­gent les mêmes tabous et adorent les mêmes totems. En sim­pli­fi­ant, 70 à 80% des jour­nal­istes et des médias qui les emploient parta­gent au moins trois tabous : l’immigration, l’Islam et l’insécurité.

Il est impos­si­ble d’évoquer dans les médias main­stream les effets négat­ifs de l’immigration extra-européenne, que ce soit sur le plan économique, cul­turel ou démo­graphique. Il en est de même pour les sujets se référant à l’Islam ou à l’insécurité ou aux liens entre ces dif­férents paramètres.

Habitus mon beau souci

L’habi­tus telle que définie par Pierre Bour­dieu représente le sys­tème sym­bol­ique qui per­met à un indi­vidu de se com­porter en société pour y être inté­gré. L’habitus indique à l’individu le com­porte­ment con­forme aux cadres accep­tés de sa caté­gorie sociale. L’habitus n’est pas une loi écrite, c’est un ensem­ble d’attitudes, de com­porte­ments séman­tiques, de choses dont on peut par­ler, de celles dont on ne peut pas par­ler y com­pris la manière dont on peut les évo­quer. Le proces­sus est large­ment inconscient.

La majorité des médias français ont un habi­tus pro­gres­siste que l’on peut appel­er libéral lib­er­taire. Défi­er cet habi­tus pro­gres­siste peut faire de vous un paria sur le plan pro­fes­sion­nel. Cette sit­u­a­tion est large­ment entretenue par les actions des GAFA.

Comment les GAFA influencent le journalisme

Il est inutile d’épiloguer sur le pou­voir des GAFA. Google domine le marché des moteurs de recherche et avec Face­book ils col­lectent à deux entre 70 et 80% des recettes pub­lic­i­taires dig­i­tales. Ama­zon étouffe ses con­cur­rents dans la dis­tri­b­u­tion et son pro­prié­taire investit dans la presse. Face­book, avec Insta­gram et What­sApp, a plus de 2,5 mil­liards d’utilisateurs. Apple, Ama­zon et Face­book domi­nent le marché des enceintes intel­li­gentes, recueil­lant ain­si encore plus de don­nées sur leurs clients.

Je ne par­lerai pas de la mode des fake news/infox ; pour notre sujet remar­quons que les GAFA ont saisi ce pré­texte pour s’engouffrer dans le con­trôle de l’information via de mul­ti­ples opéra­tions de « fact check­ing », la véri­fi­ca­tion des faits et le recours aux don­nées mas­sives. Je vous en don­nerai quelques exem­ples, la liste n’est pas limitative.

International Fact-Checking [email protected]

Un forum pour les fact-check­ers, abrité par l’Institut Poyn­ter pour les études sur les médias”

Finance­ment : Fon­da­tion Bill et Melin­da Gates, Google, Nation­al Endow­ment for Democ­ra­cy (NED), Open Soci­ety (Soros), Fon­da­tion Park. Remar­quons que la NED est une qua­si fil­iale de la CIA.

Cross-Check France

« Un pro­jet de jour­nal­isme col­lab­o­ratif pour com­bat­tre en ligne la dés­in­for­ma­tion en com­bi­nant les efforts de 34 parte­naires et ceux d’étudiants en journalisme »

Finance­ment : Google News Lab

Google Fact Check

« Une source con­fir­mée de véri­fi­ca­tion de l’information ». Pro­duit mai­son Google.

News Integrity Initiative (USA)

« Un con­sor­tium glob­al pour aider la pop­u­la­tion à se con­stituer des juge­ments infor­més au sujet des nou­velles qu’elle lit et partage en ligne. La mis­sion de l’Initiative est de faire avancer la con­nais­sance de l’information, de faire pro­gress­er la con­fi­ance dans le jour­nal­isme dans le monde et de mieux informer le public »

Finance­ment : Fon­da­tion Ford, Face­book, Mozil­la, Democ­ra­cy Fund.

The Trust Project (USA)

Le pro­jet Trust (con­fi­ance) explore com­ment le jour­nal­isme peut sor­tir d’un monde chao­tique et sig­ni­fi­er sa pertinence »

Finance­ment : Craig New­mark, Google

Le Décodex (France)

« Le Décodex est un out­il pour vous aider à véri­fi­er les infor­ma­tions qui cir­cu­lent sur inter­net et dénich­er les rumeurs, exagéra­tions ou défor­ma­tions ». Interne au quo­ti­di­en Le Monde.

Finance­ment : Google

Check News (France)

« Pour mieux com­pren­dre l’actualité, Libéra­tion lance Check­News, un nou­veau type de moteur de recherche géré par des journalistes ».

Finance­ment : Face­book

Festival international du journalisme de Perugia (Italie)

Depuis 2006 le prin­ci­pal fes­ti­val européen de jour­nal­isme se tient au print­emps à Pérouse. Pour l’anecdote, en 2018 lors de la table-ronde sur « les médias en Europe de l’est », les six per­son­nes du pan­el (inclu­ant le mod­éra­teur), avaient tous des liens avec l’Open Soci­ety de George Soros.

Finance­ment : Face­book, Google

Création d’un Conseil mondial par Facebook

Le 27 juin 2019, Nick Clegg, vice-prési­dent de Face­book annonçait la créa­tion d’un « Over­sight Board ». Le but de ce con­seil est de pren­dre en dernier ressort des déci­sions sur ce qui peut être posté sur le réseau social et ce qui doit être interdit.

Une équipe inter­na­tionale de 40 mem­bres, rémunérés par Face­book représen­tera je cite « les intérêts de la com­mu­nauté glob­ale ». Je cite de nou­veau « Le con­seil sera en mesure de porter un juge­ment final (vous lisez bien juge­ment final) sur ce que devrait être un dis­cours accept­able dans une com­mu­nauté reflé­tant les normes sociales et les valeurs des gens dans le monde entier ». Vous avez bien lu, « dans le monde entier ».

Les autorités françaises et la loi Avia

Comme si ce n’était pas suff­isant, le gou­verne­ment français charge la bar­que. Après une ren­con­tre précé­dente avec Mark Zucker­berg, le prési­dent Macron annonçait le 12 novem­bre 2018 une col­lab­o­ra­tion étroite entre des représen­tants du gou­verne­ment et ceux de Face­book pour com­bat­tre les fake news et les dis­cours de haine.

Une nou­velle loi a été pro­posée par Laeti­tia Avia, députée de la majorité. D’après cette loi votée (à la date de la con­férence) par l’Assemblée Nationale mais pas par le Sénat, tous les réseaux soci­aux devront dis­pos­er d’un « bou­ton rouge » sur lequel cha­cun pour­ra cli­quer pour dénon­cer les dis­cours « vio­lents, haineux, racistes ou extrémistes ». Le réseau social aura 24h pour les retir­er ou pour­ra subir une amende impor­tante. Il n’y aura pas d’intervention d’un juge. Les réseaux soci­aux ont anticipé l’application de cette loi lib­er­ti­cide et ont com­mencé dès le print­emps 2019 à « net­toy­er » tout dis­cours pou­vant être con­sid­éré comme dan­gereux, une nou­velle atteinte à la lib­erté d’expression et même à la lib­erté d’opinion.

La lib­erté d’expression fait main­tenant face à de nou­velles atteintes et ceci au nom de la lib­erté. Les GAFA défend­ent leurs intérêts pro­pres et dans la plu­part des cas, directe­ment ou indi­recte­ment, les intérêts des Etats-Unis. Devant ces men­aces des européens doivent pro­téger leur lib­erté d’expression et dévelop­per urgem­ment leurs pro­pres réseaux soci­aux. A une époque dif­férente Mao Tse Toung dis­ait « Compter sur ses pro­pres forces ». Le moment est venu pour l’Europe de défendre sa tra­di­tion de libre expression.

Voir aussi

Cet article GRATUIT vous a plu ?

Il a pourtant un coût : 50 € en moyenne. Il faut compter 100 € pour un portrait, 400 € pour une infographie, 600 € pour une vidéo. Nous dépendons de nos lecteurs, soutenez-nous !

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés