Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

10 juin 2022

Temps de lecture : 8 minutes
Accueil | Veille médias | Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

Temps de lecture : 8 minutes

Samedi 28 mai 2022, la finale de la coupe de la Ligue des champions au stade de France à Saint-Denis a été marquée par des agressions et des vols en grand nombre. Ce qui devait être une fête du football a tourné au fiasco et au chaos. Après les agressions de masse à Cologne en 2015, à Milan en 2021, les informations disponibles accréditent une nouvelle fois la thèse d’une délinquance collective « ethnique » et concertée. Le présent article vise à faire un premier bilan de ce qui devrait être un scandale national, mais qui, conformément aux souhaits du gouvernement et grâce à des médias trop souvent serviles, semble voué à vite retomber dans l’oubli médiatique.

Huddersfield, Cologne, Milan, Saint-Denis

Les dernières années sont rich­es en phénomènes de délin­quance col­lec­tive et con­certée à forte con­no­ta­tion « eth­nique » : vio­ls en série com­mis au Roy­aume-Uni par des indi­vidus d’origine pak­istanaise, agres­sions sex­uelles com­mis­es par des migrants lors de la nuit du réveil­lon en 2015 à Cologne et à Milan lors du pas­sage à l’année 2022, etc.

Le 28 mai au stade de France, la moti­va­tion pre­mière des délin­quants lors de leur expédi­tion col­lec­tive était, selon plusieurs sources, le vol. En dépit des pre­mières infor­ma­tions qui ont fil­tré sur l’origine de nom­bre d’entre eux, le min­istre de l’intérieur s’est refusé à révéler leur nation­al­ité. Comme le soulig­nait Pub­lic Sénat, Gérald Dar­manin a à l’occasion de son audi­tion devant la Sénat le 1er juin, dénon­cé à ce pro­pos « une essen­tial­i­sa­tion » et « des liens nauséabonds » qui pour­raient être établis.

Ain­si donc, lorsque cer­tains ten­tent sans tabou de com­pren­dre ce qui s’est passé le 28 mai au stade de France dans ses dif­férentes dimen­sions, sociales, cul­turelles, eth­niques, ce serait selon le min­istre de l’intérieur « faire le jeu des extrêmes ». Gérald Dar­manin avoue donc de façon implicite que son mutisme sur l’origine des délin­quants à Saint-Denis a une visée élec­torale. Une fois de plus, sous cou­vert d’antiracisme, il faudrait taire cer­tains faits car ils n’accréditent pas la vision « pro­gres­siste » de la société, où les dif­férences sociales, eth­niques et cul­turelles ne pour­raient pro­duire qu’un enrichisse­ment mutuel. Heureuse­ment, quelques infor­ma­tions ont bien mal­gré la volon­té du min­istre de l’intérieur fil­tré et ont été repro­duites dans cer­tains médias.

Un bilan qui reste à établir

Le bilan des exac­tions com­mis­es au stade de France et dans ses alen­tours le soir du 28 mai est, comme l’on dit habituelle­ment, « en cours de con­sol­i­da­tion ». Il ne pour­ra au mieux être établi que dans quelques semaines, si tant est que le min­istère de l’intérieur com­mu­nique à ce sujet. D’ici là, c’est à par­tir d’un fais­ceau d’indices et d’informations épars­es qu’il faut éval­uer le nom­bre de per­son­nes agressées et volées et de délin­quants impliqués dans ces événe­ments. Mais selon les infor­ma­tions disponibles, tout indique que nous sommes en présence d’un phénomène mas­sif, organ­isé et à forte con­no­ta­tion eth­nique, une impor­tante pro­por­tion des agresseurs étant d’origine africaine.

Des agresseurs par centaines

Lors de son audi­tion devant le Sénat le 1er juin, le min­istre de l’intérieur a fait état de 81 inter­pel­la­tions dans le secteur du stade de France et plus glob­ale­ment de 105 inter­pel­la­tions à Paris et en Seine Saint Denis. RMC nous informe le 30 mai que des syn­di­cal­istes policiers ont apporté des pré­ci­sions sur le pro­fil des per­son­nes inter­pel­lées : une cinquan­taine d’entre eux seraient des « sans papi­er », en fait des clan­des­tins. Par­mi eux se trou­vaient des mineurs ou pseu­do mineurs non accompagnés.

L’impossibilité d’identifier toutes les per­son­nes inter­pel­lées aurait abouti au classe­ment sans suites des garde à vue de nom­bre d’entre eux et à leur libéra­tion. Selon des infor­ma­tions recueil­lies par le jour­nal Valeurs actuelles auprès de la police nationale, les pre­mières per­son­nes inter­pel­lées étaient très majori­taire­ment issues de pays du Maghreb.

Plus générale­ment, selon des infor­ma­tions obtenues par Le Figaro, les agresseurs, qui pour beau­coup n’ont pas été inter­pel­lés, étaient selon des sources poli­cières « des délin­quants venus d’autres villes lim­itro­phes ». Leur nom­bre est éval­ué à plusieurs cen­taines, dans une fourchette oscil­lant selon les esti­ma­tions don­nées par un syn­di­cal­iste polici­er et une séna­trice du Val d’Oise sur CNews entre 300 et 500.

Les plaintes des victimes ne cessent de s’accumuler

Out­re les vic­times de vols et d’agressions, des per­son­nes ont été blessées lors de l’accès au stade, en rai­son des prob­lèmes de ges­tion des flux (faux bil­lets, etc.). Des sup­port­ers ont été aspergés de gaz lacry­mogène, pres­surisés dans des files d’attente, etc. Au total, selon des infor­ma­tions com­mu­niquées à l’AFP, près de 238 per­son­nes ont été pris­es en charge par les dif­férents ser­vices de secours.

Si selon Le Parisien dans un arti­cle du 30 mai, une cen­taine de per­son­nes ont déposé plainte auprès des ser­vices de police après le match, la brièveté du séjour en France des sup­port­ers étrangers n’a pas per­mis à toutes les per­son­nes agressées de faire cette démarche. Le min­istre de l’intérieur a annon­cé le 2 juin que les Espag­nols et les Bri­tan­niques vic­times de faits de délin­quance peu­vent dépos­er plainte dans leur pays à compter du 6 juin.

Le club de foot­ball du Liv­er­pool FC doc­u­mente pour sa part actuelle­ment la demande d’enquête qu’il va trans­met­tre aux autorités français­es, via un for­mu­laire de plainte en ligne. Une journée après son lance­ment, plus de 5 000 for­mu­laires avaient déjà été rem­plis, selon Le Parisien le 1er juin.

« Ils attaquaient sans hésiter »

Selon plusieurs témoignages repris par cer­tains médias, les jeunes délin­quants opéraient fréquem­ment en ban­des, par­fois d’une trentaine d’individus. La sauvagerie des modes opéra­toires décrite par des témoins est sai­sis­sante. De nom­breux sup­port­ers anglais et espag­nols ont été men­acés, agressés puis dépouil­lés. Un jour­nal­iste polici­er con­fie au Figaro : « « ils attaquaient sans hésiter les femmes, les enfants, les per­son­nes âgées ; des vic­times ont été désha­bil­lées inté­grale­ment ». Comme RMC le relate, l’un des sup­port­ers indique con­cer­nant les agresseurs : « ils avaient des couteaux, des machettes, des bar­res de fer ».

Out­re les agres­sions en vue de dérober les effets per­son­nel de sup­port­ers, des jeunes femmes et des femmes ont été vic­times d’agressions sex­uelles. Un témoin con­fie à un jour­nal­iste du Figaro avec effroi : « J’ai vu des filles de moins de 12 ans pleur­er parce qu’elles ont été touchées par ces mon­stres ». Selon Le Parisien, aux alen­tours du stade de France, des voitures ont été frac­turées afin d’y dérober des objets. Comme nous l’apprend Actu-Mag, le retour en métro de cer­tains sup­port­ers sur la ligne 13 a égale­ment été émail­lé d’agressions et de vols.

Les suites judiciaires

Mar­di 31 mai s’ouvrait le pre­mier procès suite à la calami­teuse soirée du 28 mai. BFM nous informe que 6 indi­vidus étaient assignés en com­paru­tion immé­di­ate devant le Tri­bunal judi­ci­aire de Bobigny pour vols au préju­dice de sup­port­ers. Faute de pos­si­bil­ité d’audiencement, seuls trois d’entre eux ont été jugés. Bien que recon­nu coupable des faits qui lui étaient reprochés, l’un des prévenus a été con­damné à une peine avec sur­sis. Un clan­des­tin s’est vu infliger une peine de « semi-lib­erté » car il aurait du tra­vail. Le pales­tinien con­damné à 10 mois de prison ferme pour avoir notam­ment agressé un polici­er s’est pour sa part vu noti­fi­er une inter­dic­tion de territoire.

Le déni, encore et toujours

Bien que le min­istre de l’intérieur ait recon­nu des erreurs dans l’organisation du main­tien de l’ordre lors de la finale de foot­ball, ses expli­ca­tions sur le fait que la présence de nom­breux sup­port­ers sans bil­lets ou avec des bil­lets fal­si­fiés seraient à l’origine des désor­dres peinent à con­va­in­cre. Certes, ce phénomène peut avoir con­tribué à créer des cohues aux entrées du stade, qui ont été con­tenues de façon pour le moins éton­nante par l’usage de gaz lacry­mogène à l’encontre de sup­port­ers paci­fiques. Mais cette expli­ca­tion fait l’impasse sur d’autres faits bien plus graves. Le prési­dent de la République a quant à lui dans une inter­view don­née le 3 juin au jour­nal La Dépêche évo­qué un « prob­lème de vio­lence » et indiqué qu’il y a « un immense chantier à men­er sur les réseaux soci­aux ».

Mensonges par omission

En refu­sant de point­er la respon­s­abil­ité des jeunes délin­quants qui ont agressé de nom­breux sup­port­ers anglais et espag­nols, en refu­sant de divulguer leur nation­al­ité, tant le min­istre de l’intérieur que la prési­dent de la République font douter de leur capac­ité à bien jauger les événe­ments qui se sont pro­duits. Car si les réseaux soci­aux peu­vent avoir aidé les délin­quants à se pass­er le mot pour organ­is­er leur razz­ia au stade de France, d’autres fac­teurs ont pu être bien plus déter­mi­nants : la porosité des fron­tières nationales, la présence en France de jeunes délin­quants, fréquem­ment issus du Maghreb, de plus en plus nom­breux, la faib­lesse de la réponse pénale aux faits de délin­quance, qui est par­fois perçue par des indi­vidus à la cul­ture éloignée de celle qui a cours en France, comme un encour­age­ment à la récidive.

Mais de tout cela, tant Emmanuel Macron que Gérald Dar­manin ont refusé de par­ler. Les médias anglais et espag­nols ont dans cette affaire joué un véri­ta­ble rôle d’aiguillon, en refu­sant les expli­ca­tions par­tielles et par­tiales du min­istre de l’intérieur. Plusieurs médias français se sont enhardis et ont évo­qué la vio­lence con­certée, les agres­sions sex­uelles et l’origine des jeunes délin­quants. Mais, désor­mais, les élec­tions lég­isla­tives approchant, c’est un mur du silence qu’oppose le pou­voir en place sur cette affaire afin qu’elle retombe (bien trop) vite dans l’oubli. Emmanuel Macron était très fier d’avoir obtenu l’or­gan­i­sa­tion de la finale de la Ligue des Cham­pi­ons pour le “ray­on­nement” de la France. C’est un bien étrange « ray­on­nement » qui a éclairé le stade de France le 28 mai.