Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Accueil | Veille médias | Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

L’article que vous allez lire est gratuit. Le mois de décembre est le plus important pour nous, celui où nos lecteurs peuvent nous aider par un don avec un reçu fiscal pour 2023 de 66% de leur don. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

10 juin 2022

Temps de lecture : 8 minutes
Accueil | Veille médias | Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une « razzia » un peu trop vite oubliée

Temps de lecture : 8 minutes

Samedi 28 mai 2022, la finale de la coupe de la Ligue des champions au stade de France à Saint-Denis a été marquée par des agressions et des vols en grand nombre. Ce qui devait être une fête du football a tourné au fiasco et au chaos. Après les agressions de masse à Cologne en 2015, à Milan en 2021, les informations disponibles accréditent une nouvelle fois la thèse d’une délinquance collective « ethnique » et concertée. Le présent article vise à faire un premier bilan de ce qui devrait être un scandale national, mais qui, conformément aux souhaits du gouvernement et grâce à des médias trop souvent serviles, semble voué à vite retomber dans l’oubli médiatique.

Huddersfield, Cologne, Milan, Saint-Denis

Les dernières années sont rich­es en phénomènes de délin­quance col­lec­tive et con­certée à forte con­no­ta­tion « eth­nique » : vio­ls en série com­mis au Roy­aume-Uni par des indi­vidus d’origine pak­istanaise, agres­sions sex­uelles com­mis­es par des migrants lors de la nuit du réveil­lon en 2015 à Cologne et à Milan lors du pas­sage à l’année 2022, etc.

Le 28 mai au stade de France, la moti­va­tion pre­mière des délin­quants lors de leur expédi­tion col­lec­tive était, selon plusieurs sources, le vol. En dépit des pre­mières infor­ma­tions qui ont fil­tré sur l’origine de nom­bre d’entre eux, le min­istre de l’intérieur s’est refusé à révéler leur nation­al­ité. Comme le soulig­nait Pub­lic Sénat, Gérald Dar­manin a à l’occasion de son audi­tion devant la Sénat le 1er juin, dénon­cé à ce pro­pos « une essen­tial­i­sa­tion » et « des liens nauséabonds » qui pour­raient être établis.

Ain­si donc, lorsque cer­tains ten­tent sans tabou de com­pren­dre ce qui s’est passé le 28 mai au stade de France dans ses dif­férentes dimen­sions, sociales, cul­turelles, eth­niques, ce serait selon le min­istre de l’intérieur « faire le jeu des extrêmes ». Gérald Dar­manin avoue donc de façon implicite que son mutisme sur l’origine des délin­quants à Saint-Denis a une visée élec­torale. Une fois de plus, sous cou­vert d’antiracisme, il faudrait taire cer­tains faits car ils n’accréditent pas la vision « pro­gres­siste » de la société, où les dif­férences sociales, eth­niques et cul­turelles ne pour­raient pro­duire qu’un enrichisse­ment mutuel. Heureuse­ment, quelques infor­ma­tions ont bien mal­gré la volon­té du min­istre de l’intérieur fil­tré et ont été repro­duites dans cer­tains médias.

Un bilan qui reste à établir

Le bilan des exac­tions com­mis­es au stade de France et dans ses alen­tours le soir du 28 mai est, comme l’on dit habituelle­ment, « en cours de con­sol­i­da­tion ». Il ne pour­ra au mieux être établi que dans quelques semaines, si tant est que le min­istère de l’intérieur com­mu­nique à ce sujet. D’ici là, c’est à par­tir d’un fais­ceau d’indices et d’informations épars­es qu’il faut éval­uer le nom­bre de per­son­nes agressées et volées et de délin­quants impliqués dans ces événe­ments. Mais selon les infor­ma­tions disponibles, tout indique que nous sommes en présence d’un phénomène mas­sif, organ­isé et à forte con­no­ta­tion eth­nique, une impor­tante pro­por­tion des agresseurs étant d’origine africaine.

Des agresseurs par centaines

Lors de son audi­tion devant le Sénat le 1er juin, le min­istre de l’intérieur a fait état de 81 inter­pel­la­tions dans le secteur du stade de France et plus glob­ale­ment de 105 inter­pel­la­tions à Paris et en Seine Saint Denis. RMC nous informe le 30 mai que des syn­di­cal­istes policiers ont apporté des pré­ci­sions sur le pro­fil des per­son­nes inter­pel­lées : une cinquan­taine d’entre eux seraient des « sans papi­er », en fait des clan­des­tins. Par­mi eux se trou­vaient des mineurs ou pseu­do mineurs non accompagnés.

L’impossibilité d’identifier toutes les per­son­nes inter­pel­lées aurait abouti au classe­ment sans suites des garde à vue de nom­bre d’entre eux et à leur libéra­tion. Selon des infor­ma­tions recueil­lies par le jour­nal Valeurs actuelles auprès de la police nationale, les pre­mières per­son­nes inter­pel­lées étaient très majori­taire­ment issues de pays du Maghreb.

Plus générale­ment, selon des infor­ma­tions obtenues par Le Figaro, les agresseurs, qui pour beau­coup n’ont pas été inter­pel­lés, étaient selon des sources poli­cières « des délin­quants venus d’autres villes lim­itro­phes ». Leur nom­bre est éval­ué à plusieurs cen­taines, dans une fourchette oscil­lant selon les esti­ma­tions don­nées par un syn­di­cal­iste polici­er et une séna­trice du Val d’Oise sur CNews entre 300 et 500.

Les plaintes des victimes ne cessent de s’accumuler

Out­re les vic­times de vols et d’agressions, des per­son­nes ont été blessées lors de l’accès au stade, en rai­son des prob­lèmes de ges­tion des flux (faux bil­lets, etc.). Des sup­port­ers ont été aspergés de gaz lacry­mogène, pres­surisés dans des files d’attente, etc. Au total, selon des infor­ma­tions com­mu­niquées à l’AFP, près de 238 per­son­nes ont été pris­es en charge par les dif­férents ser­vices de secours.

Si selon Le Parisien dans un arti­cle du 30 mai, une cen­taine de per­son­nes ont déposé plainte auprès des ser­vices de police après le match, la brièveté du séjour en France des sup­port­ers étrangers n’a pas per­mis à toutes les per­son­nes agressées de faire cette démarche. Le min­istre de l’intérieur a annon­cé le 2 juin que les Espag­nols et les Bri­tan­niques vic­times de faits de délin­quance peu­vent dépos­er plainte dans leur pays à compter du 6 juin.

Le club de foot­ball du Liv­er­pool FC doc­u­mente pour sa part actuelle­ment la demande d’enquête qu’il va trans­met­tre aux autorités français­es, via un for­mu­laire de plainte en ligne. Une journée après son lance­ment, plus de 5 000 for­mu­laires avaient déjà été rem­plis, selon Le Parisien le 1er juin.

« Ils attaquaient sans hésiter »

Selon plusieurs témoignages repris par cer­tains médias, les jeunes délin­quants opéraient fréquem­ment en ban­des, par­fois d’une trentaine d’individus. La sauvagerie des modes opéra­toires décrite par des témoins est sai­sis­sante. De nom­breux sup­port­ers anglais et espag­nols ont été men­acés, agressés puis dépouil­lés. Un jour­nal­iste polici­er con­fie au Figaro : « « ils attaquaient sans hésiter les femmes, les enfants, les per­son­nes âgées ; des vic­times ont été désha­bil­lées inté­grale­ment ». Comme RMC le relate, l’un des sup­port­ers indique con­cer­nant les agresseurs : « ils avaient des couteaux, des machettes, des bar­res de fer ».

Out­re les agres­sions en vue de dérober les effets per­son­nel de sup­port­ers, des jeunes femmes et des femmes ont été vic­times d’agressions sex­uelles. Un témoin con­fie à un jour­nal­iste du Figaro avec effroi : « J’ai vu des filles de moins de 12 ans pleur­er parce qu’elles ont été touchées par ces mon­stres ». Selon Le Parisien, aux alen­tours du stade de France, des voitures ont été frac­turées afin d’y dérober des objets. Comme nous l’apprend Actu-Mag, le retour en métro de cer­tains sup­port­ers sur la ligne 13 a égale­ment été émail­lé d’agressions et de vols.

Les suites judiciaires

Mar­di 31 mai s’ouvrait le pre­mier procès suite à la calami­teuse soirée du 28 mai. BFM nous informe que 6 indi­vidus étaient assignés en com­paru­tion immé­di­ate devant le Tri­bunal judi­ci­aire de Bobigny pour vols au préju­dice de sup­port­ers. Faute de pos­si­bil­ité d’audiencement, seuls trois d’entre eux ont été jugés. Bien que recon­nu coupable des faits qui lui étaient reprochés, l’un des prévenus a été con­damné à une peine avec sur­sis. Un clan­des­tin s’est vu infliger une peine de « semi-lib­erté » car il aurait du tra­vail. Le pales­tinien con­damné à 10 mois de prison ferme pour avoir notam­ment agressé un polici­er s’est pour sa part vu noti­fi­er une inter­dic­tion de territoire.

Le déni, encore et toujours

Bien que le min­istre de l’intérieur ait recon­nu des erreurs dans l’organisation du main­tien de l’ordre lors de la finale de foot­ball, ses expli­ca­tions sur le fait que la présence de nom­breux sup­port­ers sans bil­lets ou avec des bil­lets fal­si­fiés seraient à l’origine des désor­dres peinent à con­va­in­cre. Certes, ce phénomène peut avoir con­tribué à créer des cohues aux entrées du stade, qui ont été con­tenues de façon pour le moins éton­nante par l’usage de gaz lacry­mogène à l’encontre de sup­port­ers paci­fiques. Mais cette expli­ca­tion fait l’impasse sur d’autres faits bien plus graves. Le prési­dent de la République a quant à lui dans une inter­view don­née le 3 juin au jour­nal La Dépêche évo­qué un « prob­lème de vio­lence » et indiqué qu’il y a « un immense chantier à men­er sur les réseaux soci­aux ».

Mensonges par omission

En refu­sant de point­er la respon­s­abil­ité des jeunes délin­quants qui ont agressé de nom­breux sup­port­ers anglais et espag­nols, en refu­sant de divulguer leur nation­al­ité, tant le min­istre de l’intérieur que la prési­dent de la République font douter de leur capac­ité à bien jauger les événe­ments qui se sont pro­duits. Car si les réseaux soci­aux peu­vent avoir aidé les délin­quants à se pass­er le mot pour organ­is­er leur razz­ia au stade de France, d’autres fac­teurs ont pu être bien plus déter­mi­nants : la porosité des fron­tières nationales, la présence en France de jeunes délin­quants, fréquem­ment issus du Maghreb, de plus en plus nom­breux, la faib­lesse de la réponse pénale aux faits de délin­quance, qui est par­fois perçue par des indi­vidus à la cul­ture éloignée de celle qui a cours en France, comme un encour­age­ment à la récidive.

Mais de tout cela, tant Emmanuel Macron que Gérald Dar­manin ont refusé de par­ler. Les médias anglais et espag­nols ont dans cette affaire joué un véri­ta­ble rôle d’aiguillon, en refu­sant les expli­ca­tions par­tielles et par­tiales du min­istre de l’intérieur. Plusieurs médias français se sont enhardis et ont évo­qué la vio­lence con­certée, les agres­sions sex­uelles et l’origine des jeunes délin­quants. Mais, désor­mais, les élec­tions lég­isla­tives approchant, c’est un mur du silence qu’oppose le pou­voir en place sur cette affaire afin qu’elle retombe (bien trop) vite dans l’oubli. Emmanuel Macron était très fier d’avoir obtenu l’or­gan­i­sa­tion de la finale de la Ligue des Cham­pi­ons pour le “ray­on­nement” de la France. C’est un bien étrange « ray­on­nement » qui a éclairé le stade de France le 28 mai.