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Pape François, dix ans de pontificat, un œil sur la question migratoire

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7 décembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Pape François, dix ans de pontificat, un œil sur la question migratoire

Pape François, dix ans de pontificat, un œil sur la question migratoire

Temps de lecture : 4 minutes

Alors que le synode de l’Église s’est terminé le 29 octobre 2023, que faut-il en retenir ? Le 13 mars 2013, il y a dix ans, le pape François succédait à Benoît XVI à la tête du Saint siège. Pour certains, il incarnait la “modernité”, un souffle d’espoir ; et pour d’autres, il suscite la crainte et l’inquiétude. Réactions de quelques médias.

Des réformes ambivalentes

Au cours des dix années de son pon­tif­i­cat, le pre­mier pape jésuite a entre­pris des réformes sou­vent con­tro­ver­sées et plutôt  “mod­ernes”, notam­ment l’adoption de “Lau­date Si” analysant les ques­tions envi­ron­nemen­tales ou encore “Motu Pro­prio” où il a con­sid­érable­ment restreint le champ des pos­si­bil­ités de célébr­er des mess­es en latin (Ouest-France).

Lors de sa pre­mière homélie à la Chapelle Six­tine le 14 mars 2013, il avait alerté sur les risques que l’Église se trans­forme en “une ONG human­i­taire, mais non l’Église du Seigneur” avant d’ajouter « Quand on ne con­fesse pas Jésus-Christ, on con­fesse la mon­dan­ité du dia­ble, la mon­dan­ité du démon ». De fait, cer­tains esti­maient légitime­ment que son pon­tif­i­cat s’inscrirait dans la lignée de son prédécesseur, Benoît XVI. Pour­tant, dix ans après, force est de con­stater que c’est bien l’inverse qui s’est pro­duit.

La question migratoire

Si la ques­tion migra­toire a été abor­dée à de nom­breuses repris­es, c’est pour martel­er la “néces­sité d’un accueil qua­si-incon­di­tion­nel, sur l’im­pératif d’ou­vrir grandes les fron­tières à tous ceux « qui fuient la guerre et la faim » et qui a trans­for­mé, dans l’en­cy­clique Fratel­li tut­ti, le con­cept théologique de « des­ti­na­tion uni­verselle des biens de la terre » en une sorte de droit de réqui­si­tion uni­verselle des migrants sur le pays de leur choix.”

À tra­vers Fratel­li Tut­ti, il met­tait en exer­gue l’importance des peu­ples à préserv­er leur iden­tité cul­turelle et religieuse, pour Valeurs Actuelles, il “devrait pou­voir com­pren­dre que le vent de l’his­toire a tourné, et que ce sont aujour­d’hui les pays occi­den­taux qui sont men­acés dans leur iden­tité par la mon­di­al­i­sa­tion, et notam­ment par l’im­mi­gra­tion massive”. 

Plus tard, lors de son voy­age en France en sep­tem­bre, il n’a pas hésité à rap­pel­er que “Mar­seille est la cap­i­tale de l’intégration” et que cette ville est “Une porte ouverte depuis tou­jours […] Elle ne peut être fer­mée à cause de deux mots : inva­sion et urgence […] Mar­seille est le sourire de la Méditer­ranée.” (RCF).

À l’inverse, Benoît XVI déclarait que les “États ont le droit de régle­menter les flux migra­toires, de défendre leurs fron­tières, et de le faire dans le respect de la dig­nité de cha­cun” et soulig­nait davan­tage la néces­sité de l’intégration et du respect des lois “et de l’identité nationale” (La Croix).

Décliner ou changer ?

D’après Odon Val­let, his­to­rien des reli­gions, “Le pape François veut chang­er l’Église. Selon lui si l’Église n’évolue pas elle risque de déclin­er”. Face aux nom­breuses pris­es de posi­tion plutôt pro­gres­sistes, cinq car­dinaux orig­i­naires de dif­férents con­ti­nents ont publique­ment demandé au pape de réaf­firmer la doc­trine catholique sur les cou­ples gays et l’or­di­na­tion des femmes. En effet, le 8 novem­bre, le dicas­tère pour la doc­trine de la foi a pub­lié un doc­u­ment répon­dant à un évêque brésilien affir­mant que les fidèles trans­gen­res et enfants nés de la GPA peu­vent être bap­tisés. En ver­tu des nou­velles règles de l’Église clar­i­fiées par le pape, cer­tains catholiques trans­sex­uels peu­vent aus­si devenir par­rains d’enfants et servir de témoins lors de mariages. Le 19 novem­bre 2023, il a invité 44 trans­sex­uels à déje­uner au Vatican.

En réponse à cer­taines réac­tions hos­tiles des con­ser­va­teurs, il a déploré lors des JMJ “l’attitude pro­fondé­ment réac­tion­naire” de cer­tains des catholiques améri­cains qui se réfugieraient dans l’”idéologie” et les a appelés à plus de “compréhen­sion des ques­tions de foi et de morale” (Valeurs Actuelles).

Alors que le pape François sem­ble entr­er de plus en plus dans l’ère mod­erne voire mod­erniste, cette tran­si­tion ne se fait pas sans provo­quer cer­taines ten­sions, — par­fois vives — avec une par­tie des fidèles de l’Église catholique.