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Disclose : agence d’influence entre Soros et atlantisme

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7 août 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Disclose : agence d’influence entre Soros et atlantisme

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 19 avril 2023

En novembre 2018 nous évoquions la création de Disclose, un média qui se présente comme d’investigation, créé par deux anciens journalistes cherchant à produire des enquêtes au long cours, en rupture avec l’impulsivité des chaînes d’info en continu, reines de l’époque.

Financement 50% Soros+Amnesty

Rap­pelons avant toute chose que Dis­close base son finance­ment sur le don. Ce mode, employé par de nom­breux médias dont l’OJIM, est perçu comme un gage d’indépendance vis-à-vis des mastodontes que sont les médias main­stream ou les organ­i­sa­tions médi­a­tiques. Dis­close puise son don dans deux sources : ses lecteurs et des « fon­da­tions philanthropiques ».

Cette nuance per­met de trou­ver par­mi les sou­tiens financiers du site d’information en 2021 la fon­da­tion Open Soci­ety de Georges Soros, ou encore Amnesty Inter­na­tion­al. Sur son site, Dis­close pub­lie la liste de ses sou­tiens. Nous notons donc que les lecteurs ont apporté un mon­tant de 102 000 €, le sec­ond sou­tien est la fon­da­tion de Soros qui a mis la main à la poche à hau­teur de 98 000 €. Amnesty, de son côté, apporte une aide plus mod­este de « seule­ment » 10 000 €. Naturelle­ment, Dis­close pré­cise que ses sou­tiens n’influencent pas la ligne du média. À cela, nous pou­vons apporter deux nuances. Tout d’abord, aucun média ne va avouer être tenu par les bours­es par une quel­conque organ­i­sa­tion. Deux­ième­ment, sans aller jusqu’à cen­sur­er, une ONG décidera de retir­er son aide si la ligne prise par le média ne con­vient pas. Selon le mon­tant, cela peut avoir un grand impact sur le média.

Des conseils occupés par Mediapart, Quotidien et Libération

Deux instances sont chargées de veiller sur l’indépendance de Dis­close : le con­seil d’administration et le con­seil de sur­veil­lance. Un bref tour de table du con­seil d’administration per­met de savoir où nous sommes. Cinq per­son­nes en sont mem­bres. Basile Lemaire (ex L’Express, ex Medi­a­part, ex Le Monde), Leila Miñano, Valen­tine Ober­ti (ex Quo­ti­di­en, Medi­a­part), Mag­a­li Serre (réal­isatrice free­lance pour France Télévi­sions, Arte, Canal+) et enfin Nico­las Serve. Par­mi les jour­nal­istes, cer­tains vien­nent de Libéra­tion. Tout pointe donc vers la pro­duc­tion d’un jour­nal­isme d’investigation dans les stan­dards du monde médi­a­tique libéral lib­er­taire. Nous com­prenons qu’il n’est pas néces­saire à l’Open Soci­ety de men­ac­er d’enlever son sou­tien pour peser sur la ligne du média, celle-ci allant déjà dans son sens.

Propagande pro américaine

Cer­tains sujets chauds per­me­t­tent de dévoil­er – davan­tage – l’orientation de cer­tains jour­naux. Ain­si, la guerre en Ukraine a mon­tré L’Express comme un par­fait pam­phlé­taire mon­di­al­iste. Sur ce même sujet, Dis­close sem­ble pren­dre la même direc­tion. Une enquête, pub­liée le 4 avril 2023 et inti­t­ulée « Guerre en Ukraine : la car­togra­phie inédite des attaques de l’armée russe con­tre des civils », reprend les faits rap­portés con­tre l’armée russe depuis le début de la guerre en Ukraine. De nom­breux faits sont cités, les bom­barde­ments con­tre des zones civiles, les vio­ls de masse, les charniers de Boutcha, tout y passe. Nous ne dis­cuterons pas la vérac­ité de ces faits, réels ou inven­tés. Toute guerre entraîne son lot d’exactions, et ce sont les Russ­es qui ont envahi l’Ukraine. Cepen­dant, se focalis­er unique­ment sur les crimes de l’armée russe c’est être borgne. D’autant que l’armée ukraini­enne n’est pas en reste. En août 2022, Amnesty pub­li­ait un rap­port qui étril­lait l’armée de Zelen­sky. Dans un arti­cle de novem­bre 2022 pub­lié par La Dépêche, il est indiqué qu’une accu­sa­tion de crimes de guerre visait les Ukrainiens qui s’étaient adon­nés à une dizaine d’exécutions som­maires de pris­on­niers russ­es. Citons cet autre papi­er du Monde, pub­lié en août 2022, qui reve­nait sur les crimes de guerre com­mis par les deux camps depuis le début du con­flit. Deux jour­naux, dont on ne peut pas soupçon­ner la rus­sophilie exces­sive, par­lent des crimes de l’armée de Zelen­sky, dans Dis­close, on ne retrou­ve pas une ligne sur le sujet.

Un média qui devait faire des « enquêtes indépen­dantes » et bris­er les codes de l’époque se retrou­ve moins neu­tre et moins hon­nête que Le Monde, dont l’indépendance n’est pas un mod­èle du genre.