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Crise de Presstalis, révolte des éditeurs de presse du SAEP

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9 janvier 2019

Temps de lecture : 5 minutes
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Crise de Presstalis, révolte des éditeurs de presse du SAEP

Temps de lecture : 5 minutes

Presstalis, malgré les injections continues de trésorerie des pouvoirs publics, ne cesse de s’enfoncer dans la crise. Les bénéficiaires sont les grands titres de la presse quotidienne nationale et certains de la presse quotidienne régionale. Comme par exemple La Dépêche du Midi de Jean-Michel Baylet qui a récupéré à lui seul 40% des aides à l’innovation.

Le SAEP (Syn­di­cat des édi­teurs de presse) qui regroupe les édi­teurs mag­a­zine lève le dra­peau de la révolte dans un com­mu­niqué de presse que nous retran­scrivons ci-après :

« L’assemblée générale de la Coopéra­tive des Mag­a­zines est à nou­veau con­vo­quée …pour nous faire vot­er de nou­veaux barèmes.

Sans revenir sur l’annulation pré­cip­itée de l’Assemblée Générale précé­dente, nous ne pou­vons que dénon­cer la con­fu­sion qui sem­ble régn­er chez Presstalis.

Car que pro­pose la Prési­dence de la CDM aux action­naires coopéra­teurs de la messagerie ?

  • De vot­er de nou­veaux barèmes en ayant omis de fournir à la plu­part des édi­teurs des sim­u­la­tions détail­lées de l’impact de ces nou­velles con­di­tions de dis­tri­b­u­tion sur leurs parutions.
  • De vot­er de nou­veaux barèmes en l’absence com­plète de vis­i­bil­ité sur la sit­u­a­tion effec­tive de la messagerie.

Com­bi­en d’éditeurs sont gag­nants grâce à ces nou­velles con­di­tions, com­bi­en sont per­dants et dans quelle proportion ?

Les infor­ma­tions dis­til­lées au compte goutte entre Noël et Nou­v­el An indiquent que seuls une ving­taine d’éditeurs ver­raient leurs con­di­tions de dis­tri­b­u­tion s’améliorer alors que l’immense majorité subi­rait une nou­velle dégra­da­tion de 1 à 2% de VMF (Vente Mon­tant Fort).

Cela sig­ni­fie qu’entre 2017 et 2019, le coût de dis­tri­b­u­tion par Presstal­is pour les édi­teurs de taille moyenne ou petite a aug­men­té de 3,25 à 4,25 points de VMF.

Cette démarche qui con­siste à exclure de fait la plu­part des édi­teurs du marché si ils ne choi­sis­sent pas de rejoin­dre MLP est elle de nature à assur­er le suc­cès du plan de redresse­ment de Presstalis ?

De sérieux doutes sont permis.

  • Dans quelles con­di­tions s’est achevé l’exercice 2018 alors que le marché a con­nu une dégra­da­tion bien plus rapi­de que celle anticipée lors du pro­to­cole de con­cil­i­a­tion de Mars 2018 ?
  • Quelles sont les hypothès­es budgé­taires de Presstal­is pour 2019 ?
  • Les barèmes pro­posés sont ils de nature à assur­er à la mes­sagerie une exploita­tion rentable dans les années qui viennent ?
  • Presstal­is est elle en mesure de rem­bours­er les dettes con­sid­érables qu’elle a accu­mulé y com­pris en 2018 ?

Le mys­tère est com­plet, l’information indis­pens­able aux action­naires est encore une fois inexistante.

Dans un com­mu­niqué du 20 Décem­bre 2018, MM. Lenor­mand et Drey­fus, Prési­dents de la CDM et de la CDQ , annon­cent que la mes­sagerie Presstal­is sera à l’équilibre en 2019.

Cepen­dant à date, aucune infor­ma­tion cor­rob­o­rant ces déc­la­ra­tions n’ont été com­mu­niquées au Con­seil d’Administration de la CDM et encore moins à ses actionnaires.

Pire, ces déc­la­ra­tions sont en con­tra­dic­tion avec les doc­u­ments four­nis aux admin­is­tra­teurs de la CDM qui font état d’une perte très impor­tante en 2018 et tout à fait sig­ni­fica­tive en 2019.

Par ailleurs, si le 20 Décem­bre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mon­des, fin Octo­bre, M. Drey­fus déclarait que le plan de redresse­ment de Presstal­is était men­acé car le total des titres de mag­a­zines en préavis de départ vers MLP représen­tait un chiffre d’affaires supérieur à 350 mil­lions d’€.

Le même flou règne sur les engage­ments pris par les grands édi­teurs dans le cadre du pro­to­cole de con­cil­i­a­tion de Mars 2018. La prési­dence de la CDM a d’abord affir­mé que ces édi­teurs étaient con­tractuelle­ment con­traints de con­tin­uer à con­fi­er leurs titres à Presstal­is pen­dant cinq ans. Mais désor­mais, cette oblig­a­tion sem­ble ne plus avoir cours et cha­cun aurait repris sa liberté.

Au total, nous voilà donc, action­naires coopéra­teurs con­fron­tés une fois de plus à un mal bien con­nu de notre gouvernance :

  • Nous avons le droit de pay­er tou­jours plus cher pour la dis­tri­b­u­tion de nos titres.
  • Nous avons soi-dis­ant le devoir d’être « sol­idaires » surtout avec des quo­ti­di­ens appar­tenant à des groupes multimilliardaires.
  • Mais ce qui se passe réelle­ment dans la mes­sagerie doit nous rester caché jusqu’à l’annonce de la prochaine catastrophe.

Pour com­bat­tre cette opac­ité con­géni­tale, nous vous appelons à vot­er con­tre ces nou­veaux barèmes.

Out­re que les barèmes en ques­tion favorisent en pri­or­ité une poignée de gros édi­teurs, la méth­ode employée par la Prési­dence de la CDM est celle d’un joueur de bon­neteau qui déploie tout son tal­ent à dis­simuler la réal­ité de la sit­u­a­tion de la mes­sagerie en se refu­sant à présen­ter de manière sincère et trans­par­ente les ten­ants et les aboutis­sants des con­di­tions d’exploitation de notre bien commun.

Les édi­teurs doivent refuser de con­tin­uer à se laiss­er men­er en bateau, con­traints de crise en crise à ren­flouer le Titan­ic alors que nos entre­pris­es con­nais­sent déjà des dif­fi­cultés con­sid­érables pour se main­tenir à flot.

Nous vous appelons à venir vot­er à l’Assemblée Générale ou à nous con­fi­er vos pouvoirs.

Nous avons offi­cielle­ment demandé que les votes à l’Assemblée Générale soient opérés à bul­letin secret, per­me­t­tant à cha­cun de s’exprimer sans contrainte.

Toute­fois, si le scrutin devait s’effectuer à main lev­ée comme l’a pro­posé le Prési­dent de la CDM, n’oubliez pas que ce mode de scrutin favorise les votes « Pour » par défaut.

En effet, la 1ère ques­tion qui sera posée est : « Qui vote con­tre ? » puis « Qui s’abstient ? » et trop peu de voix s’expriment alors, provo­quant générale­ment l’adoption de la réso­lu­tion sans que la ques­tion « Qui vote pour ? » n’ait été posée.

Si le vote devait s’effectuer à main lev­ée, il fau­dra réa­gir dès la 1ère ques­tion en lev­ant la main pour votre « Con­tre ». Le SAEP »

Nous revien­drons sur les modal­ités de cette Assem­blée Générale lorsque le con­tenu en sera ren­du public.