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Un bien curieux voile jeté sur la journée des droits des femmes

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19 mars 2022

Temps de lecture : 7 minutes
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Un bien curieux voile jeté sur la journée des droits des femmes

Temps de lecture : 7 minutes

Le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes est l’occasion de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette manifestation a cette année parfois été illustrée de façon étonnante en France, notamment par des femmes portant un voile islamique. Plusieurs médias nous apprennent que cela a parfois entrainé de fortes réactions. La revue de presse qui suit en témoigne.

La journée des droits des femmes

La journée inter­na­tionale des droits des femmes a une longue his­toire. Son orig­ine remonte à 1909 : cette année-là, la pre­mière journée nationale des femmes était célébrée dans les États-Unis d’Amérique. En 1977, l’ONU a « offi­cial­isé » cet événe­ment qui est une occa­sion de faire un bilan sur la sit­u­a­tion des femmes et de pro­mou­voir l’égalité entre les sex­es. Mais la lec­ture de cer­tains arti­cles de médias nous l’apprend, l’émancipation des femmes prend des détours surprenants.

Le hijab day

On con­nais­sait le « hijab Day », cette man­i­fes­ta­tion annuelle organ­isée pour pro­test­er con­tre les dis­crim­i­na­tions des femmes por­tant un voile islamique dans les pays occidentaux.

Selon le quo­ti­di­en améri­cain le New York Times, cette man­i­fes­ta­tion a inspiré le pre­mier min­istre pak­istanais : il a décidé cette année de faire de la journée des droits des femmes la « journée inter­na­tionale du hijab », afin de « célébr­er » le voile islamique.

Dans le même temps, selon le site For­eign pol­i­cy, le min­istre des affaires religieuses a demandé que les man­i­fes­ta­tions des fémin­istes dans ce pays soient inter­dites, car elles pour­raient être perçues comme « non islamiques ». Si en France, l’heure n’est pas encore à célébr­er le voile islamique, l’heure de sa banal­i­sa­tion sem­ble venue, comme en témoignent les arti­cles de médias français que nous citons ci-après.

La généralisation progressive du voile

Depuis quelques années, tout obser­va­teur un peu atten­tif peut con­stater dans les rues des villes français­es le port de plus en plus fréquent du voile islamique par des femmes d’origine arabo-musulmane.

Ce phénomène mas­sif, dont les médias ne par­lent pas ou peu, ne con­siste pas sim­ple­ment en une tenue dif­férente de celle des européennes de souche. Le voile qui pré­tend cacher les attraits de la femme, en dit long sur une cer­taine con­cep­tion de la féminité et de la place de la femme dans la société.

Pour cer­tains, il s’agit d’un attrib­ut ves­ti­men­taire presque banal. Pour d’autres, comme une anci­enne jour­nal­iste de l’Obs qui y a con­sacré un livre paru récem­ment inti­t­ulé « Un voile sur le monde », le voile est un véri­ta­ble out­il pub­lic­i­taire de l’islamisme.

Hormis les femmes qui le por­tent par con­formisme, le voile per­met d’afficher son affil­i­a­tion à la com­mu­nauté des croy­ants en l’islam, la Oum­ma. Des musul­mans ayant subi l’islamisme dans leur pays appor­tent leurs témoignages à ce sujet :

Mohamed Sifaoui, un ancien Frère musul­man estime que « le voile n’est pas islamique mais islamiste ». Zineb El Rha­zoui., la jour­nal­iste rescapée de l’attentat con­tre l’équipe de Char­lie Heb­do en 2015, est encore plus caté­gorique : « le voile est un éten­dard mil­i­tant, c’est le cheval de Troie de l’idéologie islamiste. Cette année, il y a une offen­sive sur les sujets sco­laires. Il faut une ini­tia­tive ferme pour tarir ce vivi­er mil­i­tant ».

Dans la société française, il y a ceux, élus ou sim­ples citoyens, qui accom­pa­g­nent ce mou­ve­ment de voile­ment. Il y en a d’autres qui s’efforcent de ne pas en faire la pro­mo­tion. Quelques exem­ples glanés dans des arti­cles récents de médias de grand chemin sont à ce sujet très révéla­teurs des ten­ta­tives de banalis­er le voile islamique qui tra­versent la société française.

Des accommodements bien raisonnables ?

Le 17 févri­er 2022, les habi­tants de Nantes ont décou­vert avec stupé­fac­tion sur un pan­neau munic­i­pal la pho­to d’une femme voilée cen­sée illus­tr­er l’exposition sur « les vis­ages des Nan­tais­es ». Le jour­nal Le Figaro a con­sacré un arti­cle à cette bien curieuse illus­tra­tion de la man­i­fes­ta­tion organ­isée par la mairie de Nantes à l’occasion du « mois de la femme ». Le quo­ti­di­en nous apprend que cette affiche a été rapi­de­ment retirée suite à de nom­breuses protes­ta­tions, la mairie plaidant une « erreur interne ».

À Poitiers, la munic­i­pal­ité EELV a affiché à l’occasion de la journée inter­na­tionale des droits des femmes le 8 mars une ban­de­role, nous apprend la Nou­velle République. Celle-ci représente notam­ment une femme por­tant un voile islamique. « Aux urnes citoyennes », peut-on lire sur celle-ci…Un mes­sage implicite de la mairie ?

À Nice, la ville dont le maire est Chris­t­ian Estrosi, Nice-presse nous informe qu’une « mobil­i­sa­tion cul­turelle pour le droit des femmes » était égale­ment organ­isée le 8 mars. Philippe Var­don, con­seiller munic­i­pal de l’opposition (RN), n’a pas man­qué de faire part de son éton­nement sur Twit­ter con­cer­nant un visuel sur lequel appa­rait, par­mi plusieurs per­son­nes, une femme por­tant un voile islamique.

On monte d’un cran à Greno­ble. Selon la radio France bleu, une fresque représen­tant une femme voilée avec une étoile jaune sur laque­lle est écrit « mus­lim » (musul­man) a été peinte sur l’un des murs de la ville. On apprend à la lec­ture de l’article sur le site de la radio régionale que bien que cette « œuvre » soit présente dans la ville depuis 8 mois, la Région Auvergne Rhône Alpes a vive­ment réa­gi le 28 jan­vi­er 2022 : « Au-delà du men­songe his­torique véhiculé, cette provo­ca­tion artis­tique aus­si inac­cept­able que dan­gereuse ne sert que les extrêmes et con­stitue une inci­ta­tion à la haine et aux vio­lences ».

Difficile résistance

Il reste en France quelques Gaulois irré­ductibles. Réfrac­taires comme dirait le prési­dent de la République. Gilles Pla­tret est de ceux-là. A Chalon-sur-Saône, le Plan­ning famil­ial avait prévu de tenir un stand le 12 mars pour « pro­mou­voir les droits des femmes ». L’association a annon­cé cet évène­ment le 17 févri­er par le biais d’une affiche sur laque­lle appa­rait une femme por­tant un voile islamique. Cela a amené le maire de la ville, Gilles Pla­tret (LR), à retir­er au Plan­ning famil­ial l’autorisation d’organiser sa man­i­fes­ta­tion sur la place de l’Hôtel-de-Ville.

L’association a selon Creusot-Infos immé­di­ate­ment saisi le tri­bunal admin­is­tratif pour faire annuler la déci­sion du maire, ce qu’elle a obtenu. Gilles Pla­tret a porté l’affaire devant le Con­seil d’Etat. Par ordon­nance du 10 mars 2022, la plus haute juri­dic­tion de l’ordre admin­is­tratif français a con­fir­mé la déci­sion du tri­bunal admin­is­tratif de Dijon et a don­né rai­son au Plan­ning famil­ial, nous apprend Le jour­nal de Saône-et-Loire.

Cela ame­nait le maire de Chalon-sur-Saône à com­menter sur Twitter :

Réagis­sant aux cri­tiques de l’opposition munic­i­pale sur ses ini­tia­tives, Gilles Pla­tret citait en séance plénière du con­seil munic­i­pal une mil­i­tante fémin­iste fran­co-algéri­enne, Séré­nade Chafik :

« On oublie que le voile est un enjeu pri­mor­dial pour les islamistes. Ce n’est pas un hasard si la pre­mière mesure de l’Etat islamique a été d’obliger les femmes à se voil­er. Le voile a tou­jours été util­isé comme un instru­ment de l’appropriation de la société du corps des femmes. Il en devient une pro­priété col­lec­tive. Le voile est surtout l’instrument le plus vis­i­ble pour affirmer l’islamisation de la cité. Par le voile, on lim­ite le mou­ve­ment des femmes, l’espace qu’elle peu­vent occu­per et la vision qu’elle peu­vent avoir d’elle-même. On refuse de voir que le voile a une fonc­tion, celle de con­trôler les fil­lettes et les femmes. Il induit dans l’éducation qu’elles ne sont qu’un objet sex­uel, qu’elles sont des ten­ta­tri­ces coupables, que leur corps représente le pêché et que c’est pour cette rai­son qu’il faut le cacher ».

Quelques jours avant la journée des droits des femmes, Le Figaro nous appre­nait que face à l’entrisme islamiste dans le milieu sportif, quelques séna­teurs LR soumet­taient un amende­ment inter­dis­ant le port « de signes religieux osten­si­bles en com­péti­tion », dans le cadre de la propo­si­tion de loi LREM sur le sport. Celui-ci a été preste­ment écarté par la majorité par­lemen­taire prési­den­tielle. C’était le 8 mars 2022, une journée de la femme comme une autre en France…