Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Quand l’AFP annonce le retour d’un Taliban afghan au pays, en France

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

25 août 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Quand l’AFP annonce le retour d’un Taliban afghan au pays, en France

Quand l’AFP annonce le retour d’un Taliban afghan au pays, en France

Temps de lecture : 3 minutes

Tous les mots ont en un sens. Leur choix par les journalistes détermine l’orientation des informations qui sont données dans les médias et contribue à façonner l’opinion publique. L’AFP vient à propos de l’arrivée en France d’Afghans présumés proches d’islamistes de se distinguer une nouvelle fois dans un exercice réussi de langue de bois.

Le scoop de Valeurs actuelles

Dans l’après-midi du 24 août, dans l’emballement sus­cité par le lob­by pro-immi­gra­tion qui voudrait con­va­in­cre les Français de la néces­sité d’accueillir le plus grand nom­bre d’Afghans, le site du jour­nal Valeurs actuelles a don­né une infor­ma­tion exclusive :

« Cinq Afghans tout juste accueil­lis… et déjà sous sur­veil­lance pour risque ter­ror­iste. À peine débar­qués sur le sol français, cinq Afghans se sont vu noti­fi­er leur place­ment sous sur­veil­lance accrue, dans le cadre de la préven­tion du ter­ror­isme islamiste ».

On apprend à la lec­ture de l’article que les 5 Afghans fraiche­ment débar­qués en France ont été placés dimanche 22 août sous une « mesure indi­vidu­elle de con­trôle admin­is­tratif et de sur­veil­lance, qui désigne donc les assig­na­tions à rési­dence pronon­cées afin de prévenir la poten­tielle com­mis­sion d’actes de ter­ror­isme ».

Les mis­es en garde con­tre une infil­tra­tion en Europe de ter­ror­istes et de mer­ce­naires par­mi le flux de migrants Afghans n’ont pour­tant pas man­qué, comme celle d’un ancien mem­bre des Frères musul­mans sur son compte Twit­ter. Au-delà, comme le souligne un arti­cle du site d’information Breizh info, à par­tir d’un sondage fait en 2013 par le Pew Research cen­ter, les con­vic­tions religieuses d’une immense majorité d’Afghans musul­mans ne sont pas mar­quées par la tem­pérance, entre adhé­sion mas­sive à la charia et appro­ba­tion majori­taire de la peine de mort pour les apostats…

L’information moulinée de l’AFP

L’agence de presse AFP, qui dis­tribue sou­vent les élé­ments de lan­gage aux jour­nal­istes con­formistes en manque de moyens, a mouliné l’information exclu­sive divul­guée par le jour­nal Valeurs actuelles.

À l’arrivée, dans une « Une » mise en ligne sur Twit­ter, ce ne sont plus 5 Afghans qui ont été placés sous sur­veil­lance ter­ror­iste mais « un Afghan pré­sumé proche des Tal­ibans ». Pudique­ment, peut-être pour éviter un choc au lecteur, l’AFP nous apprend ensuite que 4 autres Afghans ont été placés sous surveillance.

Un afghan « rapatrié » en France (sic)

« Un Afghan rap­a­trié en France, pré­sumé proche des tal­ibans par les autorités français­es, a été placé sous sur­veil­lance ain­si que qua­tre autres rap­a­triés proches de lui, a appris l’AFP auprès du min­istre de l’In­térieur Gérald Dar­manin ».

Comme pour euphémiser encore davan­tage cette infor­ma­tion, l’AFP indique pour les qual­i­fi­er que les 5 acolytes ont été « rap­a­triés ». Pour qui se donne la peine d’ouvrir un dic­tio­n­naire, « rap­a­tri­er » veut dire : « Assur­er le retour d’une per­son­ne sur le ter­ri­toire du pays auquel elle appar­tient par sa nation­al­ité ».

On peut com­pren­dre que le petit télé­graphiste de l’AFP souhaite que la nation­al­ité française soit don­née  séance ten­ante à ces 5 Afghans, bien qu’ils ne sem­blent pour­tant pas si recom­mand­ables, mais ne con­fon­dons pas vitesse avec pré­cip­i­ta­tion. Tout vien­dra en son temps, et peut-être quelques mau­vais­es sur­pris­es. Même si la pré­cip­i­ta­tion sem­ble la car­ac­téris­tique de la ges­tion du « rap­a­triement » mas­sif d’Afghans en France…