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Quand Jean Quatremer chute par quatre fois

30 avril 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Quand Jean Quatremer chute par quatre fois

Temps de lecture : 5 minutes

La propagande de guerre rend fou, la ferveur idéologique aussi… y compris les journalistes chevronnés comme Jean Quatremer. Ce dernier est un ferme défenseur des institutions européennes hostiles à la Hongrie, à tout prix, y compris à celui de la vérité. Décorticage après une visite sur le terrain.

Saint-Pierre par trois fois, Jean par quatre fois

Nous nous référons à l’article de Jean Qua­tremer dans Libéra­tion le 14 avril 2002 « Prési­den­tielle : Vik­tor Orbán, le grand inspi­ra­teur de Marine Le Pen ». Nous ne nous attarderons pas sur la prox­im­ité entre les deux per­son­nages mais à l’analyse de l’article con­cer­nant la Hon­grie. Si Saint-Pierre a renié le Christ par trois fois, Jean Qua­tremer fait mieux en men­tant par qua­tre fois. Nous ne son­dons ni les reins ni les cœurs, nous ne nous pronon­cerons pas si c’est par manque d’information ou par malveil­lance, les deux n’étant pas incompatibles.

Première station, les médias muselés

Ver­bati, « En quelques années, les gou­verne­ments hon­grois et polon­ais ont pris le con­trôle des médias audio­vi­suels, directe­ment pour le ser­vice pub­lic, ou indi­recte­ment via des cap­i­taux amis, poussé à la fail­lite ou mis sous pres­sion les médias d’opposition ».

Avant 2010 date du retour d’Orbán au pou­voir, 95% des médias étaient favor­ables à une coali­tion alliant anciens com­mu­nistes, social­istes, verts et libéraux. Il est exact que le Fidesz a aidé à créer un écosys­tème con­ser­va­teur dans les médias via une hold­ing privée.

Voir aus­si : Jean Qua­tremer, portrait

Il est aus­si exact que la télévi­sion d’État favorise le gou­verne­ment en place. Mais la pre­mière télévi­sion privée RTL est ouverte­ment libérale lib­er­taire comme le sont la majorité des sites inter­net d’information générale. La lib­erté de la presse est com­plète, l’opposition s’exprime sans entrav­es. La bal­ance entre médias favor­ables au gou­verne­ment et hos­tiles se situe quelque part entre 40/60 et 60/40, proche de l’équilibre.

Au total bien plus de plu­ral­isme qu’en France où 90% des médias ont été favor­ables au prési­dent sor­tant lors du match retour Macron/Marine Le Pen.

Deuxième station, les juges au placard

Ver­ba­tim, le pou­voir hon­grois a « placé des amis dans les tri­bunaux (Orbán a révo­qué 80% des juges con­sti­tu­tion­nels en 2017) ».

Ces juges étaient directe­ment issus du pou­voir com­mu­niste en 1990 après les lég­is­la­tures favor­ables à l’opposition, ils n’ont pas été révo­qués mais sont par­tis plus tôt à la retraite. Et de nom­breux juges rouges sont restés en place. La récente affaire Györ­gy Budaházy (affaire Hun­nia) est là pour en témoign­er. Gyôr­gy Budaházy est un mil­i­tant nation­al­iste ayant été con­damné pour “ter­ror­isme” (en réal­ité trois pétards mouil­lés) et il vient à nou­veau d’être jugé et con­damné à 17 ans de prison ferme. Cette peine invraisem­blable a soulevé l’indig­na­tion, Budaházy ayant été con­damné non pour son activisme mais pour avoir été trop curieux en regar­dant d’un peu trop près « l’affaire Suko­ro », un gros et dou­teux pro­jet immo­bili­er et fonci­er our­di par les social­istes au bord du lac Velence (entre Budapest et le lac Balaton).

Le Con­seil con­sti­tu­tion­nel fait volon­tiers du zèle juridique et a reto­qué plusieurs propo­si­tions du gou­verne­ment, en par­ti­c­uli­er lors du dernier référen­dum sur la pro­tec­tion de l’enfance.

Troisième station, les minorités persécutées

Ver­ba­tim, « ces régimes sont allergiques par nature aux minorités, ils se sont attaqués aux droits des LGBTQ+, aux droits des femmes (même si elles ne sont pas «minori­taires»), aux droits de minorités eth­niques ou des étrangers ».

La minorité tzi­gane jouit de pro­grammes par­ti­c­uliers et vote en très grande majorité Orbán. Les minorités lin­guis­tiques dis­posent d’un siège au Par­lement, à l’heure actuelle occupé par un représen­tant de la minorité ger­manophone. Pour ce qui regarde les LGBTQ+++ il y a nom­bre de bars et de clubs gays à Budapest. Le dernier référen­dum sur la pro­tec­tion de l’enfant – approu­vé à 90% des votants mais non con­sti­tu­tion­nel faute de 50% d’inscrits favor­ables – visait à pro­téger les enfants de la pro­pa­gande LBGTQ+++ pra­tiquée dans les écoles, rien de plus. Notons que 44% des inscrits ont répon­du favor­able­ment, un score qui ferait envie en France.

Quatrième station, un régime électoral sur mesure

Ver­ba­tim, le pou­voir a « réfor­mé le sys­tème élec­toral pour s’assurer une majorité confortable ».

Fichtre ! Le sys­tème hon­grois est mixte ; en sim­pli­fi­ant la moitié des députés sont élus par cir­con­scrip­tion à un tour et la moitié sont élus au scrutin de liste avec un min­i­mum de 5% des voix pour dis­pos­er d’élus. Ain­si l’opposition avec 34% des voix dis­pose de 57 sièges sur 199. Dans le sys­tème français, le per­dant de l’élection prési­den­tielle en 2017 avec 34% des voix se retrou­ve avec moins de dix députés (sur 577) et dans l’incapacité de for­mer un groupe par­lemen­taire. Élève Qua­tremer, comme nous sommes bons princes nous con­sid­érons que vous avez été mal infor­mé, comme puni­tion vous fer­ez un voy­age oblig­a­toire d’un mois en Hon­grie et vous révis­erez votre copie en fonc­tion de vos obser­va­tions de terrain.

Voir aus­si : Élec­tions en Hon­grie : une analyse sur place des médias locaux pen­dant la campagne

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