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Accueil | Portraits | Jean Quatremer

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30 avril 2022

Temps de lecture : 35 minutes

30 avril 2022

Accueil | Portraits | Jean Quatremer

Jean Quatremer

Temps de lecture : 35 minutes

Européiste… contre l’identité européenne

« Je dirais que l’Europe n’est pas une iden­tité com­mune, ça je n’y crois pas. C’est un mod­èle, qui peut être exporté, qui peut devenir le mod­èle du monde, ça peut devenir une ONU qui a réus­si et qui s’étend au reste du monde. »

Jean Quatremer est « le » spécialiste de l’Union Européenne dans les médias. Porte-voix d’un fédéralisme européen basé sur la disparition des nations, définissant l’identité européenne comme « dangereuse », il est également le premier à avoir évoqué les frasques sexuelles de Dominique Strauss-Kahn. Né en novembre 1957 à Nancy, il travaille depuis plus de trois décennies au quotidien Libération. Au fil des années son discours se radicalise contre toute position conservatrice assimilée au fascisme et en faveur de l’establishment libéral libertaire.

Formation

Il a étudié le droit (spé­cial­i­sa­tion en droit inter­na­tion­al privé, droit du com­merce inter­na­tion­al et droit européen) et a été chargé de travaux dirigés à la fac­ulté de droit à Paris X‑Nanterre et de Paris II-Assas. Il a égale­ment tra­vail­lé dans un cab­i­net d’avocats au Con­seil d’É­tat et à la Cour de cassation.

Parcours professionnel

Depuis 1984 : jour­nal­iste au quo­ti­di­en Libéra­tion. Il est nom­mé en 1987 à la rubrique immi­gra­tion et suit notam­ment SOS-RACISME. Entre sep­tem­bre 1990 et 1992, il est respon­s­able du défunt cahi­er « Europe » — un sup­plé­ment heb­do­madaire de huit pages con­sacré à la con­struc­tion com­mu­nau­taire — avant de devenir cor­re­spon­dant auprès de l’Union Européenne.

Il est si con­nu qu’à Athènes, un indi­vidu se fait pass­er pour lui auprès des jour­nal­istes français, en expli­quant que son vrai nom est Jean-Paul Luri­er ; cet aigre­fin est cepen­dant à l’origine, ironie du sort, d’une véri­ta­ble voca­tion jour­nal­is­tique, celle de Sylvie Lasserre.

Il a réal­isé de nom­breux reportages pour la télévi­sion (France 2, France 5, Arte, Canal+ Bel­gique) sur des sujets européen ou de société. Par­mi ses films: « Faiseurs d’eu­ros » (2009), « L’U­nion et la force » (2009), « Euro, quand les marchés attaque­nt » (2010), les trois coréal­isés avec Jean-Michel Meurice.

Radio : Inter­venant réguli­er sur RMC-Info notam­ment dans l’émission les « Grandes Gueules »

Lauréat de plusieurs prix :

Son blog « Couliss­es de Brux­elles », créé en décem­bre 2005, a obtenu en 2006 le prix « Louise Weiss » du jour­nal­isme européen.

13 févri­er 2009 : Prix d’Éthique jour­nal­is­tique et de l’Orientation européenne « Kon­stan­ti­nos Kalli­gas » décerné par la presse grecque.

27 mars 2010 : Prix « Riche­lieu » décerné par l’Union de Défense de la langue française.

30 juin 2010 : Prix « Ini­tia­tive européenne », décerné par la Mai­son de l’Europe et le Club de la presse européenne.

Il est fait cheva­lier des de l’or­dre des Arts et des Let­tres au début de l’an­née 2013, mais refuse cette déco­ra­tion, au motif qu’un jour­nal­iste ne saurait être redev­able à l’é­gard d’un État.

En mai 2014, il tient, sur RMC, une chronique sur les élec­tions européennes de 2014 dans l’émis­sion Bour­din Direct.

Parcours militant

En mars 2013 il fait une reduc­tio ad Hitlerum con­tre Mélen­chon, l’accusant d’antisémitisme : « Le sec­ond à se sig­naler par sa vig­i­lance anti fas­ciste fut Jean Qua­tremer, qui recon­nut sans hési­ta­tion dans la prose de Mélen­chon des « relents d’antisémitisme », avant de se livr­er à cette « analyse » d’une grande finesse poli­tique : « Comme tou­jours les crises sont révéla­tri­ces. Celle de l’euro mon­tre qu’entre le PG et le FN, il n’y a plus grand-chose », explique Acrimed.

Le 15 mars 2017 il annonce avoir fait un don au mou­ve­ment En Marche : « Pour la pre­mière fois de ma vie, je viens de faire un don à un par­ti poli­tique, en l’occurrence En Marche. ». Sur son Face­book, il explique « La prési­dence de Hol­lande aura mar­qué ma rup­ture défini­tive avec le PS pour lequel j’ai tou­jours voté depuis 1977, à trois excep­tions près (Modem et Vert aux européennes, absten­tion aux régionales) ». 

Cepen­dant son attache­ment à la per­son­ne de Macron est plus ancien – en jan­vi­er 2015 il l’explique par sa volon­té de sauver l’UE en lui redonnant du sens : « Déjà, il faut que les respon­s­ables poli­tiques s’attaquent à la recon­struc­tion d’un réc­it européen comme tente de le faire Emmanuel Macron afin du redonner du sens à ce que l’on fait. L’Europe est devenu ce truc tech­nique, hors sol, sans direc­tion, le doux mon­stre de Brux­elles ».

Ce qu’il gagne

Les grilles de salaire des jour­nal­istes des quo­ti­di­ens parisiens sont cadrées. Un grand reporter ou reporter haute­ment qual­i­fié gagne 3 060,94 € bruts men­su­els, plus 612.19 € de prime d’ancienneté pour 20 ans et plus, plus un 13e mois en décem­bre. Sans compter les primes de déplace­ment, ménages et autres droits d’auteur…

Publications

  • Ces hommes qui ont fait l’euro, querelles et ambi­tions européennes, Plon, 1999, en col­lab­o­ra­tion avec Thomas Klau, jour­nal­iste au Finan­cial Times Deutschland.
  • Les Maîtres de l’Europe, Gras­set, 2005, en col­lab­o­ra­tion avec Yves Clarisse, jour­nal­iste à l’agence de presse Reuters.
  • Infor­ma­tion sur l’Eu­rope en France : crise de l’of­fre, crise de la demande ? avec Sylvie Goulard et Pierre Lequi­ller, Hori­zons stratégiques 2007/4 (n°6).
  • Notre Europe, sous la direc­tion de Michel Rocard, Nicole Gne­sot­to ; avec Nico­las Baverez, Joachim Bit­ter­lich, Jean-Louis Bruguière, Paris, R. Laf­font, 2008
  • Du Larzac à Brux­elles, entre­tiens avec José Bové, Paris, Le Cherche midi, 2011.
  • Sexe, men­songes et médias, col­lec­tion “Tri­bune Libre”, Plon, 2012.
  • Debout l’Eu­rope ! Man­i­feste pour une révo­lu­tion post-nationale en Europe, man­i­feste de Daniel Cohn-Ben­dit et Guy Ver­hof­s­tadt suivi d’un entre­tien des auteurs avec Jean Qua­tremer, Acte Sud et André Ver­saille édi­teur, 2012 (livre paru simul­tané­ment en Alle­magne, Grande-Bre­tagne, Espagne, Ital­ie, Benelux et prochaine­ment, Pologne et Grèce).
  • 80 propo­si­tions qui ne coû­tent pas 80 mil­liards, sous la direc­tion de Patrick Weill, Paris, Gras­set, 2012
  • Debout l’Eu­rope ! Man­i­feste pour une révo­lu­tion post­na­tionale en Europe, man­i­feste de Daniel Cohn-Ben­dit et Guy Ver­hof­s­tadt suivi d’un entre­tien des auteurs avec Jean Qua­tremer, Acte Sud et André Ver­saille édi­teur, octo­bre 2012 (livre paru simul­tané­ment en Alle­magne, Grande-Bre­tagne, Espagne, Ital­ie, Benelux et prochaine­ment, Pologne et Grèce).
  • Debout l’Eu­rope ! Man­i­feste pour une révo­lu­tion post­na­tionale en Europe, man­i­feste de Daniel Cohn-Ben­dit et Guy Ver­hof­s­tadt suivi d’un entre­tien des auteurs avec Jean Qua­tremer, Acte Sud et André Ver­saille édi­teur, octo­bre 2012 (livre paru simul­tané­ment en Alle­magne, Grande-Bre­tagne, Espagne, Ital­ie, Benelux et prochaine­ment, Pologne et Grèce).
  • Grèce, année zéro, avec Pierre Bour­geois, 2014
  • Les salauds de l’Eu­rope, guide à l’usage des euroscep­tiques, Cal­mann-Levy, mars 2017
  • ll faut achev­er l’eu­ro : tout ce que vous avez voulu savoir sur l’eu­ro (sans oser le deman­der), Cal­mann-Levy, jan­vi­er 2019

Collaborations

Févri­er 2013 : Invité lors des 5èmes entre­tiens européens d’Enghien à un débat sur le thème « La stag­na­tion économique : jusqu’à quand ? »

Févri­er 2013 : Invité lors du débat organ­isé par le Club Con­vic­tions sur le thème « Quelle Europe poli­tique voulons-nous ? »

Octo­bre 2012 : Par­ticipe à la clô­ture de l’Université des Maisons de l’Europe à Lyon avec Daniel COHN-BENDIT.

Mars 2012 : Inter­venant lors du col­loque « Union Européenne le Fédéral­isme ou rien » sur le thème « L’Union européenne est-elle entrain d’exploser ? » organ­isé par le « Groupe Spinel­li », un club fondé en 2010 au Par­lement européen qui milite active­ment pour une Europe fédérale.

Mars 2012 : Inter­venant lors des « Ren­con­tres de Rennes » organ­isées par Libéra­tion sur le thème « Les poli­tiques ont-ils per­du le sens moral ? » avec Ruwen Ogien, philosophe, et Myr­i­am Revault d’Allonnes, philosophe, pro­fesseur à l’EHESS et « Europe, men­songes et citoyens » avec Christophe Deloire, jour­nal­iste, directeur du Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (CFJ), et Christophe Dubois, journaliste.

Novem­bre 2009 : Invité au dîn­er-débat « Faut-il par­ler anglais pour être européen ?» organ­isé par la Diver­sité lin­guis­tique et langue française (DLF-Brux­elles Europe).

Févri­er 2009 : Invité lors du dîn­er-débat « La Prési­dence tchèque est-elle pas­sive ? » organ­isé par le Groupe des Belles Feuilles.

Novem­bre 2008 : Mod­éra­teur lors de l’Université d’automne du Mou­ve­ment Européen au débat « Quelle relève pour servir la cause européenne ? »

Févri­er 2008 : Invité lors de la con­férence « Com­ment se con­stru­it l’Europe au Quo­ti­di­en ? Immer­sion dans les couliss­es de Brux­elles », organ­isée par l’Institut Français de Sofia.

Novem­bre 2007 : Mod­éra­teur lors du débat « La libéra­tion de la crois­sance : le rôle de la con­cur­rence », organ­isé par le Mou­ve­ment Européen lors de la con­férence publique « La France et l’U­nion européenne face à la poli­tique de concurrence ».

Févri­er 2007 : Ani­ma­teur de la con­férence « La France et l’Europe à la veille de l’élec­tion prési­den­tielle : réc­on­cil­i­a­tion ou divorce irrémé­di­a­ble ? », organ­isée par la Con­fronta­tions Europe, la Fon­da­tion pour l’in­no­va­tion poli­tique (Fon­dapol) et le Euro­pean Pol­i­cy Cen­tre (EPC).

Octo­bre 2006 : Invité sur les dix­ièmes ren­con­tres européennes de Lux­em­bourg sur le thème « Europe Unité et/ou Diver­sité Réu­nir ce qui est épars ».

Octo­bre 2006 : Invité à la con­férence « L’Eu­rope, une puis­sance douce » organ­isé par l’Université pop­u­laire européenne de Grenoble.

Sep­tem­bre 2005 : Invité à la con­férence « L’Eu­rope men­acée — l’Eu­rope puis­sance mon­di­ale », organ­isé par le Comité économique et social européen.

Mem­bre du jury du « prix du livre européen » créé en 2007, du jury du « prix Louise Weiss du jour­nal­isme européen » et élu prési­dent de la sec­tion française de l’As­so­ci­a­tion des jour­nal­istes européens depuis sep­tem­bre 2008.

Mem­bre du Comité de par­rainage « Les Européens du Grand Lille ».

Mem­bres du Comité d’Orientation de la revue Études Européennes.

Il l’a dit

« Moi je me rap­pelle d’un arti­cle, un truc absol­u­ment extra­or­di­naire sur une affaire de tour­nante en ban­lieue parisi­enne. Tous les noms avaient été changés ce que l’on fait régulière­ment parce qu’on ne sait pas encore les iden­tités. C’é­taient tous des Alain, des Frédéric, des Mar­cel, des Mau­rice, sauf qu’en réal­ité c’é­tait des Mohamed, des Ahmed, etc. La presse bien-pen­sante, les bobos parisiens, se dis­ent : quand même, si on les car­ac­térise. (…) On cache, mais nous-mêmes [la presse française] en per­ma­nence, c’est un élé­ment [l’o­rig­ine eth­nique] qu’on ne donne pas…», Le club 28′, Arte, 15 jan­vi­er 2016

« Jean-Luc Mélen­chon est un eurodéputé, très bien payé, et pour moi c’est un emploi fic­tif puisqu’il n’y va jamais (…) Sur 751 eurodéputés il est 731ème (…) Je l’ai cri­tiqué et lui, sur son blog, il me traite de feignasse », « Jean-Luc Mélen­chon a un emploi fic­tif », Jean Qua­tremer », rmc.fr, 15/03/2012

« Je l’ai aus­si tweeté, ce qui m’a immé­di­ate­ment apporté un tombereau d’insultes et même des men­aces physiques de la part de la secte mélen­chon­iste qui croit m’impressionner », « Cœurs brisés : Jean-Luc n’aime ni Christophe, ni Jean », Couliss­es de Brux­elles, 10/03/2012

« Jeu­di dernier, je devais aller dans « Salut les ter­riens » de Thier­ry Ardis­son. Et à midi, coup de télé­phone de Ardis­son, dis­ant : “Bah non, Mélen­chon s’oppose à ta venue.” Il me lit le SMS (de Mélen­chon) : “Tu as invité Qua­tremer et Christophe Bar­bi­er, ce sont mes deux pires enne­mis. Ils sont pour­ris jusqu’à la moelle. S’ils sont là, je ne viens pas” », « Les Grandes Gueules », RMC, 15/03/2012

« Vingt-trois hommes, vingt-trois hommes blancs, vingt-trois hommes blancs en cos­tume-cra­vate som­bre posant pour la pho­to. Cet aréopage de mâles sat­is­faits est le con­seil des gou­verneurs de la Banque cen­trale européenne (BCE), l’organe qui décide de la poli­tique moné­taire de la zone euro », « La BCE, si blanche, si mâle… », libération.fr, 15/10/2012

« En réal­ité, tous les écon­o­mistes sérieux s’ac­cor­dent sur un point : l’é­clate­ment de l’eu­ro serait une véri­ta­ble apoc­a­lypse dont les pays européens auraient le plus grand mal à se remet­tre », « “C’est “hôtel Cal­i­for­nia”: une fois entré dans l’eu­ro, on ne peut plus en repar­tir” », Couliss­es de Brux­elles, 03/10/2011

« Le référen­dum n’a effec­tive­ment guère de sens, les Grecs ayant le choix entre la peste et le choléra. S’ils refusent le plan européen, cela ne peut sig­ni­fi­er que la fail­lite. En out­re, la zone euro cessera de venir en aide finan­cière au pays qui devra, mal­gré tout, rétablir l’équili­bre de ses finances publiques. Sans l’aide européenne, et sans accès au marché, l’ef­fort sera infin­i­ment plus bru­tal que celui que four­nit la Grèce actuelle­ment », « Un référen­dum sur une ques­tion aus­si com­plexe n’a guère de sens », libération.fr, 02/11/2011

« Ce mono­lin­guisme anglo­phone m’a mis en rage, car il s’agit d’une vio­la­tion de tous les accords. L’Union compte 23 langues offi­cielles, la Com­mis­sion, 3 langues de tra­vail (anglais, français, alle­mand) et la salle de presse, 2 langues d’usage (anglais et français). Surtout, je con­sid­ère qu’il s’agit d’une ques­tion de légitim­ité démoc­ra­tique », « I want you to speak eng­lish or get out », Couliss­es de Brux­elles, 31/05/2012

« Je peux donc vous con­firmer que, selon des sources con­cor­dantes, Gold­man Sachs et le fonds spécu­latif dirigé par John Paul­son seraient les deux prin­ci­paux acteurs des attaques con­tre la Grèce et l’euro. Je vous ai déjà détail­lé dans mon post du 6 févri­er le mécan­isme de la spécu­la­tion et je n’y reviendrais donc pas. Le plus choquant, dans cette affaire, est sans aucun doute le rôle joué par Gold­man Sachs qui, à la fois, con­seille le gou­verne­ment grec, et prend, en secret, des posi­tions con­tre la Grèce et l’euro », « Gold­man Sachs con­tre, tout con­tre, la Grèce », Couliss­es de Brux­elles, 17/02/2010

« Lorsque j’entends des poli­tiques, notam­ment des social­istes qui expliquent : “oui, c’est un séduc­teur”, moi, ça me scan­dalise. Quelqu’un qui se serait com­porté comme cela en Suède, en Fin­lande ou aux Etats-Unis, n’aurait même pas com­mencé une car­rière poli­tique, mais en France, sur ces affaires-là, il y a une véri­ta­ble omer­ta au nom de la vie privée. Or là, on n’est plus dans la vie privée, c’est pas les rap­ports entre M. et Mme Strauss-Kahn qui ne regar­dent qu’eux. Là, on est à l’extérieur de la vie privée, un com­porte­ment qui relève à mon avis de l’intérêt pub­lic parce qu’il n’est pas indif­férent que l’on vote pour quelqu’un qui a des prob­lèmes de com­pul­sions sex­uelles ou pas. Moi, ça me paraît faire par­tie de la sphère publique. Alors évidem­ment quand je dis ça, l’ensemble de mes con­frères et une bonne par­tie de la classe poli­tique dis­ent “ah ça y est, c’est la rigueur protes­tante qui débar­que en France”. Non, ça s’appelle l’égalité homme-femme et le respect qu’on doit avoir envers les femmes. Je sais, c’est douloureux, il faut chang­er de logi­ciel, on n’est plus dans les années 50, il faut s’y habituer. On a depuis le début de cette affaire, qui doit encore être prou­vée (…), il y a peut-être Dominique Strauss-Kahn qui est accusé injuste­ment mais il y aus­si peut-être une vraie vic­time, une jeune femme de 32 ans, qui vit dans le Bronx, qui gagne un salaire de mis­ère… », « Jean Qua­tremer bal­ance sur DSK », ndf.fr, 18/05/2011

« Évidem­ment, en tant que fédéral­iste européen con­va­in­cu que je suis, quoique cri­tique, les mots “iden­tité européenne” me plaisent, car qui dit fédéra­tion européenne, dit iden­tité européenne, car quand vous avez une iden­tité européenne, vous avez un sen­ti­ment d’appartenance à un ensem­ble qui serait plus grand. Ceci était le point de départ de ma réflex­ion. Et le point d’arrivée, est que les mots « iden­tité européenne », me fai­saient pro­fondé­ment hor­reur : j’avais un malaise vis-à-vis de ce con­cept même d’identité européenne. Par­ler d’identité européenne, c’est vouloir bâtir quelque chose qui, soit se super­poserait aux iden­tités nationales telles qu’elles exis­tent aujourd’hui, soit qui s’y sub­stituerait. Or, l’identité nationale, en Europe et dans le monde d’aujourd’hui, c’est la nation, et donc l’état nation puisque dans nos états européens, la nation s’incarne dans l’état. Ce qui lais­serait donc sup­pos­er qu’on aurait la volon­té de bâtir un état européen qui serait le récep­ta­cle naturel d’une nation européenne, que l’on pour­rait iden­ti­fi­er par un cer­tain nom­bre de car­ac­tères com­muns, dont ce fameux sen­ti­ment d’appartenance. Et c’est là que cela ne va pas, car en réal­ité, les pères fon­da­teurs de l’Europe n’avaient qu’un but : se débar­rass­er de l’état nation. Pour repren­dre les mots de Toni Negri, un philosophe ital­ien avec lequel je ne suis pour­tant pas très proche, « le but finale­ment de l’Europe était de tuer cette “merde” d’état nation », je le cite textuelle­ment. Je suis pro­fondé­ment per­suadé que la volon­té des pères fon­da­teurs de l’Europe n’était pas de refaire en plus grand l’état nation qui avait échoué en plus petit », Actes des dix­ièmes Ren­con­tres européennes de Lux­em­bourg sur le thème « Europe Unité et/ou Diver­sité Réu­nir ce qui est épars ».

« Ce con­cept même d’identité européen me parait extrême­ment dan­gereux, parce qu’on risque de renouer avec toutes les dérives de l’état nation qu’on a con­nu dans le passé », ibid.

« Je dirais que l’Europe n’est pas une iden­tité com­mune, ça je n’y crois pas. C’est un mod­èle, qui peut être exporté, qui peut devenir le mod­èle du monde, ça peut devenir une ONU qui a réus­si et qui s’étend au reste du monde. L’Europe pour moi est davan­tage une volon­té, une volon­té poli­tique, qui ne peut donc pas être ramenée à une ques­tion d’identité, et c’est pour cela que je trou­ve que l’aventure européenne est une chose extra­or­di­naire, qui fait rêver, car elle n’a pas de précé­dent his­torique. Ne cher­chons pas à ramen­er l’histoire de l’Europe à ce que nous avons fait dans le passé. L’identité européenne, si elle existe un jour, ne sera pas l’équivalent de nos iden­tités nationales », ibid.

« Non. Je n’en con­nais aucun [jour­nal­iste euroscep­tique]. Ou s’ils le sont, ils repar­tent très vite. Ce poste exige un investisse­ment total et ne sup­porte pas le cynisme. Si vous méprisez l’Union, tout devient un non-sujet ou vous mentez pour trav­e­s­tir la réal­ité », « Jean Qua­tremer : “Je suis encore comme un gamin devant un jou­et” », Médias, Print­emps 2010.

« Etre europhile ne veut pas dire que l’on se voile la face, bien au con­traire. (…) L’euroscepticisme con­stitue, selon moi, un biais idéologique qui empêche de faire son tra­vail. L’eurosceptique ne va pas tra­vailler dans la machine, ne s’implique pas », ibid.

« J’avais suivi Dominique Strauss-Kahn lorsqu’il était min­istre des Finances, entre 1997 et 2001. Un per­son­nage extrême­ment bril­lant, mais dont je con­nais­sais très bien, comme l’ensemble des jour­nal­istes, le com­porte­ment lim­ite à l’égard des femmes. J’avais plusieurs témoignages de jeunes femmes qui n’avaient guère appré­cié, et je reste gen­til, son com­porte­ment à leur égard. Mais on ne par­le pas de cela en France. Lorsqu’il a été pressen­ti pour le poste de directeur du FMI, en juil­let 2007, je l’ai écrit dans un por­trait sur mon blog. Je sig­nalais que son seul prob­lème était de se mon­tr­er trop pres­sant à l’égard des femmes (…) Si la presse inter­na­tionale a large­ment repris mon post, en France, hors du Net, le silence a été qua­si général… », ibid.

« La presse française a der­rière elle une longue his­toire de soumis­sion à l’é­gard du pou­voir », « Sexe, men­songes et médias”. L’af­faire DSK à charge con­tre la presse française », lesquotidiennnes.com, 27/03/2012

« Je suis très éton­né des ques­tions qu’on me pose depuis ce référen­dum. “Est-il bien nor­mal qu’on envoie à Brux­elles un jour­nal­iste aus­si europhile que vous ?” C’est comme si on posait la ques­tion : est-il nor­mal que l’on envoie un jour­nal­iste pas anti-améri­cain à Wash­ing­ton ? Pourquoi pas aus­si deman­der que l’on envoie un jour­nal­iste anti­sémite à Jérusalem ? C’est du grand n’im­porte quoi ! » France Cul­ture, 7 mai 2014.

« Cette for­ma­tion : elle est à la fois com­plo­tiste, xéno­phobe, défenseur de l’église ortho­doxe, anti­sémite, homo­phobe, euro­phobe, pro-russe, anti-turc et on en oublie sûre­ment dans la liste », au sujet des Grecs Indépen­dants (ANEL), Libéra­tion, 27/01/2015.

« Le jour­nal­iste européen, c’est l’un des derniers rubri­cards de la presse française. Du temps de sa splen­deur, la presse comp­tait, out­re des général­istes, toute une série des spé­cial­istes qui suiv­aient des domaines très divers (jus­tice, police, diplo­matie, défense, etc.). Avec l’appauvrissement de la presse, nous les avons per­dus : il ne reste qua­si­ment que des général­istes et des reporters. Le cor­re­spon­dant à Brux­elles a réus­si à sur­vivre grâce à la com­plex­ité des affaires européennes et à la néces­sité d’avoir une per­son­ne au plus près des insti­tu­tions com­mu­nau­taires pour avoir les con­tacts néces­saires », Le Grand Con­ti­nent, 28/01/2015.

« L’important est de dire d’où l’on par­le : je ne crois pas à l’objectivité ou à la neu­tral­ité jour­nal­is­tique, mais à l’honnêteté, ce qui n’est pas la même chose… Je me méfie des gens qui se pré­ten­dent objec­tifs comme Emmanuel Todd […] alors qu’il exprime surtout un pro­fond euroscep­ti­cisme », ibid.

« Le but de la con­struc­tion européenne est de rap­procher les États, et à tra­vers les États, les peu­ples. Or on ne rap­prochera pas les peu­ples dans une langue autre que la leur. Si les peu­ples sen­tent que leur langue, et donc leur iden­tité, est niée par l’organisation supra­na­tionale qui pré­tend les représen­ter, jamais ils ne s’identifieront à cette organ­i­sa­tion », ibid.

« Je crois pro­fondé­ment que le rôle du jour­nal­iste est de dire l’indicible ou ce qu’on juge indi­ci­ble même s’il doit déplaire », ibid.

« Il y a une vraie bulle européenne à Brux­elles qui dévore rapi­de­ment la plu­part des nou­veaux arrivants. On vit ici dans un monde à part, entre Européens. Cette bulle a ses codes, sa cul­ture, son arro­gance, sa langue (le glo­bish), ses jour­naux (le Finan­cial Times et Politi­co). […] On a atteint un tel niveau de tech­nic­ité que même les poli­tiques qui arrivent ici se lais­sent engloutir par l’administration. […]Très rapi­de­ment, les ambi­tions poli­tiques de départ sont anesthésiées par les sachants de l’eurocratie », ibid.

« Je défends l’idée européenne et pour­tant ici, on me con­sid­ère comme un antieu­ropéen parce que je cri­tique cer­taines des poli­tiques qui sont décidées. L’Europe s’est trans­for­mée en reli­gion », ibid .

« C’est la fin de l’Etat nation en tant que niveau poli­tique­ment per­ti­nent. Cepen­dant, ça reste le niveau indé­pass­able de l’organisation démoc­ra­tique pour l’instant […] Le sen­ti­ment pre­mier d’appartenance est éta­tique. Je me sens Français avant d’être européen », ibid.

« Le FN est un par­ti fas­ciste qui n’est pas répub­li­cain […]à Libéra­tion, nous n’allons jamais inter­view­er de respon­s­ables du Front Nation­al parce qu’on con­sid­ère que ce sont des menteurs », Arte, 28 min­utes mars 2015

« Cette volon­té d’éradiquer, au sens pro­pres (sic), des jour­nal­istes qui seraient l’incarnation du libéral­isme hon­nie, on la retrou­ve aus­si sur des sites spé­cial­isés dans la “cri­tique” des médias comme Acrimed ou Arrêt sur Images qui se sont fait une spé­cial­ité de clouer au pilori ceux qui ont le mal­heur de ne pas être « antilibéraux » ou anti-européens », Libéra­tion, 22/7/2015

« J’agace, car je dis ce qui est et non ce qui devrait être. J’agace quand j’ose rap­pel­er que la dette grecque n’est pas tombée du ciel, que tous les Grecs en ont prof­ité et que ce n’est pas l’euro qui a mis le pays à genoux, mais sa classe poli­tique très démoc­ra­tique­ment élue. Alors on se rabat sur mes tweets : en annonçant la fail­lite de la Grèce pour le 30 juin, je man­i­festerais une « joie mau­vaise » (Lor­don) », ibid.

« Grâce au net, ceux qui esti­ment avoir quelque chose à dire peu­vent écrire des arti­cles, faits à l’appui, trou­ver leurs lecteurs et ain­si ouvrir un débat qui pour­rait être intéres­sant. Mais, out­re qu’il est plus sim­ple de cracher des insultes et de profér­er des men­aces, le débat n’est pas le but recher­ché. Au con­traire, il s’agit de l’interdire, de décourager l’expression d’opinions diver­gentes, de met­tre en place, par la vio­lence des mots, une police de la pen­sée. Quelques dizaines de tweets anonymes et c’est le peu­ple qui s’exprime… », ibid.

« Pen­dant très longtemps, il y avait une sorte de pacte de non-agres­sion entre les extrémistes et la police belge. Mais depuis les atten­tats de Paris, le pacte a volé en éclats. La police belge fait enfin son tra­vail. Aujourd’hui, ces inté­gristes ont décidé de frap­per la Bel­gique, qui était une mai­son sûre pour eux. Pen­dant très très longtemps, la Bel­gique a lais­sé faire des imams rad­i­caux. Un groupe qui s’appelait “Sharia for Bel­gium” par exem­ple, prô­nait l’instauration de la sharia dans le pays et recru­tait des com­bat­tants pour la Syrie. Ils ont lais­sé faire ce groupe pen­dant de longues années avant de réalis­er le dan­ger qu’ils représen­tent », Europe 1, 22 mars 2016.

« La Bel­gique s’effondre sous les yeux incré­d­ules de sa pop­u­la­tion. Les atten­tats du 22 mars ont fait éclater la bulle de déni dans laque­lle le pays se com­plai­sait depuis longtemps. La déliques­cence de l’Etat, miné par les luttes inces­santes entre la majorité néer­lan­do­phone et la minorité fran­coph­o­ne, est apparue au grand jour lorsque les Belges et le monde entier ont décou­vert, à la suite des tueries du 13 Novem­bre à Paris, qu’il avait lais­sé se dévelop­per, au cœur de sa cap­i­tale, mais aus­si à Anvers ou à Vil­vo­orde, en Flan­dre, des nids de rad­i­cal­isme islamiste, soit pour acheter une illu­soire paix com­mu­nau­taire, soit par clien­télisme et cal­cul poli­tiques », Libéra­tion, 28 avril 2016.

« Le cou­vre-feu imposé à Brux­elles durant presque une semaine, fin novem­bre, par des autorités publiques totale­ment paniquées, a mis en évi­dence la dérai­son d’Etat belge, aucune expli­ca­tion rationnelle n’ayant été fournie à ce jour à ce lock­down sans précé­dent qui a coûté 0,1 % de son PIB au roy­aume », ibid.

« Aucune reprise en main, aucun sur­saut d’unité nationale à l’image de la «marche blanche» qui avait suivi l’arrestation de Dutroux en 1996. La sidéra­tion sem­ble avoir emporté ce qui restait de l’État, celui-ci mul­ti­pli­ant les déci­sions sans queue ni tête au point de met­tre en péril l’économie de la cap­i­tale et du pays. Ain­si, un mois plus tard, sans que l’on sache exacte­ment pourquoi, l’aéroport de Brux­elles, poumon du pays, n’est que par­tielle­ment opéra­tionnel. Brux­elles-Nation­al n’est à nou­veau desservi par train que depuis lun­di, bien que la gare n’ait pas été touchée, sans que per­son­ne n’en four­nisse la rai­son. De même, le métro est resté très per­tur­bé par «mesure de sécu­rité», ce qui a poussé les gens à s’agglutiner pour entr­er ou à s’entasser dans les tramways et les bus, qui sont pour­tant autant de cibles poten­tielles. », ibid.

« L’état de délabre­ment avancé d’une cap­i­tale [Brux­elles] détestée tant par la Flan­dre, qui lui reproche de ne pas par­ler le fla­mand, que par la Wal­lonie, cen­trée sur ses provinces, est alors apparu comme un sym­bole des maux belges. Une cap­i­tale qui est aus­si celle de l’Union, à son grand dés­espoir », ibid.

« Le Brex­it mon­tre à quel point le référen­dum est à la démoc­ra­tie ce que les œufs de lump sont au caviar », Libéra­tion, 06/7/2016.

« La Bel­gique, en tant qu’entité cul­turelle et poli­tique, ne fonc­tionne plus. La Wal­lonie et la Flan­dre sont deux démoc­ra­ties qui s’ignorent com­plète­ment, avec pour seul point de ren­con­tre un gou­verne­ment fédéral qui a ten­dance à s’amenuiser. Nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère de la post-Bel­gique », Le Soir/Le Vif, 1/9/2016.

« Quand tu vas à Molen­beek, tu as un choc cul­turel et physique. On me rétorque qu’en France, nous avons les ban­lieues. C’est vrai, mais ici, c’est au cen­tre de la cap­i­tale. A deux cents mètres de la Grand-Place, tu es en Ara­bie saou­dite. Il y a un truc qui ne va pas », ibid. 

« Au-delà de la per­son­nal­ité même de Don­ald Trump, dont l’idéologie n’est pas très éloignée de celle de l’extrême droite européenne, c’est la pre­mière fois de son his­toire qu’elle va être con­fron­tée à un chef de l’État améri­cain farouche­ment iso­la­tion­niste, tant sur le plan com­mer­cial que mil­i­taire, et hos­tile à la con­struc­tion com­mu­nau­taire », Libéra­tion, 11/11/2016.

« Incroy­able ! Un mou­ve­ment de beaufs d’extrême-droite comme je le dis depuis le début […] Je pré­cise: un mou­ve­ment de beaufs, pou­jadiste, fac­tieux et rouge brun. La totale quoi » Cap­tures d’écran de son compte Twit­ter repro­duites dans Libéra­tion, 11/01/2019. Sur les gilets jaunes.

« La crise de gilets jaunes est perçue comme une crise d’en­fants gâtés, car mal­gré ce qu’af­fir­ment cer­tains, la France n’a con­nu ni l’austérité, ni la rigueur. La France est un pays de cocagne, où les soins et l’é­cole sont gra­tu­its. Après redis­tri­b­u­tion, nous avons le plus petit l’é­cart de revenu dans l’OCDE (de 1 à 4), ce qui nous place der­rière le Dane­mark. Tout le monde sait à Brux­elles que la France est le pays le plus égal­i­taire de la planète […] Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de prob­lème en France, mais vu de Brux­elles, le vrai prob­lème français, c’est le chô­mage mas­sif et struc­turel. Or, sur le rond-point, il n’y a pas une reven­di­ca­tion qui con­cerne les chômeurs ! On a une dette qui est 100 % du PIB, nous sommes les seuls à ne pas respecter la lim­ite défici­taire des 3 %, nous sommes le pays où le taux de chô­mage est le plus impor­tant, et mal­gré tout on râle… », La Dépêche du Midi, 30/03/2019.

« C’est dingue quand on y songe: plonger le monde dans la plus grave réces­sion depuis la sec­onde guerre mon­di­ale pour une pandémie qui a tué pour l’instant moins de 100.000 per­son­nes (sans par­ler de leur âge avancé) dans un monde de 7 mil­liards d’habitants », Twit­ter, 09/04/2020.

« Cela fait vingt ans que les insti­tu­tions mul­ti­plient les obsta­cles afin que les jour­nal­istes ne puis­sent en aucun cas crois­er un respon­s­able poli­tique en dehors des salles de presse. La pandémie a per­mis de pouss­er à son parox­ysme cette dérive : les bâti­ments européens leur sont désor­mais inter­dits (seul le Par­lement fait excep­tion), les con­férences de presse virtuelles per­me­t­tent un con­trôle de la parole médi­a­tique et les jour­nal­istes per­dent petit à petit le con­tact avec des sources non agréées faute de pou­voir les iden­ti­fi­er et les ren­con­tr­er dis­crète­ment. Le pou­voir peut dès lors se con­tenter de com­mu­ni­quer, un exer­ci­ce qui est à la lib­erté de la presse ce qu’un patch de nico­tine est au havane. Don­ner des leçons de démoc­ra­tie et d’Etat de droit à l’Europe de l’Est va devenir de plus en plus dif­fi­cile », Libéra­tion, 16/12/2020.

« En effet, dans les démoc­ra­ties illibérales, «la démoc­ra­tie se réduit à l’expression du fait majori­taire : le peu­ple c’est la majorité. A l’inverse des démoc­ra­ties libérales, elles exclu­ent la pro­tec­tion des minorités qu’il faut réduire, car elles nuisent à l’homogénéité du peu­ple sou­verain, et sup­pri­ment les con­tre­pou­voirs qui pour­raient s’opposer à la volon­té du peu­ple sou­verain c’est-à-dire à la majorité», explique Syl­vain Kahn, his­to­rien et géo­graphe, prof à Sci­ences-Po. «A la dif­férence du fas­cisme des années 30, le proces­sus élec­toral est main­tenu, il y a des élec­tions, il y a une oppo­si­tion, il n’y a pas de cen­sure, mais on assèche petit à petit l’écosystème du plu­ral­isme», pour­suit-il. Cet «autori­tarisme majori­taire», un terme que préfère Thier­ry Chopin, con­seiller spé­cial à l’Institut Jacques-Delors, détourne les instru­ments de l’Etat de droit à des fins illibérales ». Libéra­tion, 14 avril 2022

Sa nébuleuse

En 2007 Georges Soros ini­tie un nou­veau cer­cle de réflex­ion, l’Eu­ro­pean Coun­cil on For­eign Rela­tions (ECFR) dont l’ob­jet est de militer pour une poli­tique étrangère européenne plus inté­grée et plus affir­mée vis-à-vis des États-Unis. Par­mi les mem­bres fon­da­teurs, on trou­ve Dominique Strauss-Kahn, Alain Minc, Chris­tine Ock­rent, Josch­ka Fis­ch­er, Giu­liano Ama­to etc. Le bureau de Paris sera dirigé par le jour­nal­iste alle­mand Thomas Klau, édi­to­ri­al­iste du Finan­cial Times Deutsch­land, et proche du cor­re­spon­dant de Libéra­tion à Brux­elles Jean Qua­tremer (La let­tre A n°1338, 5/10/2007). Jean Qua­tremer ren­dit compte du lance­ment de ce cer­cle de réflex­ion, et décriv­it ain­si son organ­i­sa­tion : « dirigé de Lon­dres par Mark Leonard, un ancien du Cen­tre for Euro­pean Reform (CER), un think tank qui a servi de boîte à idées à Tony Blair et au par­ti tra­vail­liste, aura, dans un pre­mier temps, des bureaux à Paris (dirigé par le jour­nal­iste alle­mand Thomas Klau, un ami avec lequel j’ai écrit mon pre­mier livre : « ces hommes qui ont fait l’euro » paru chez Plon en 1999), Berlin (dirigé par la remar­quable Ulrike Guérot, anci­enne du Ger­man Mar­shall Fund), Madrid, Sofia et Varso­vie ». Il décrivait aus­si le finance­ment de cette insti­tu­tion : « Soros est à l’initiative, mais il ne four­nit qu’un petit tiers du bud­get de l’ECFR. Cela étant, ce think tank pour­ra s’appuyer sur l’Open Insti­tute, l’une des fon­da­tions créée par Soros afin de pro­mou­voir la démoc­ra­tie notam­ment en Europe de l’est ».

Il fait aus­si par­tie des con­tribu­teurs extérieurs de l’institut Jacques Delors, ain­si que de l’IRIS (Insti­tut des recherch­es inter­na­tionales et stratégiques).

Ils ont dit

« Après son départ, la rédac­tion ne désign­era pas d’autre jour­nal­iste chargé de cette rubrique avant la nom­i­na­tion de Jean Qua­tremer en sep­tem­bre 1987 : les arti­cles seront écrits par de mul­ti­ples jour­nal­istes désignés par le chef du ser­vice société et générale­ment moins hos­tiles à SOS que ne l’é­tait Eric Favereau », SOS-Racisme, his­toire d’une mobil­i­sa­tion “apoli­tique” Con­tri­bu­tion à une analyse des trans­for­ma­tions des représen­ta­tions poli­tiques après 1981, thèse de sci­ence poli­tique soutenue à l’université de Nan­terre en décem­bre 1998 sous la direc­tion du pro­fesseur Bernard Lacroix», Philippe Juhem.

« Quelques semaines plus tard, lors du con­grès de SOS précé­dant de peu les élec­tions, Jean Qua­tremer man­i­festera égale­ment une prise de dis­tance cri­tique avec l’en­gage­ment de SOS en faveur de François Mit­ter­rand, même s’il se mon­tr­era net­te­ment moins dés­ap­pro­ba­teur que Pierre Mangetout ou Alain Léau­thi­er », ibid.

« Mais plus grave que quelques arti­cles ponctuelle­ment défa­vor­ables, Jean Qua­tremer, jour­nal­iste chargé du secteur immi­gra­tion depuis la fin de 1987 et jusqu’alors plutôt favor­able à l’as­so­ci­a­tion, com­mence à se mon­tr­er plus réservé à par­tir de 1989 », Ibid.

« L’ar­ti­cle de Jean Qua­tremer qui suit le con­grès est accom­pa­g­né d’une brève inti­t­ulée « la ten­ta­tion de la cen­sure » sig­nalant que « Libéra­tion a été déclaré lun­di non gra­ta au con­grès de SOS-Racisme par un ser­vice d’or­dre zélé. (…) Le jour­nal­iste de Libéra­tion [il s’ag­it de Jean Qua­tremer] qui est allé s’en­quérir auprès du ser­vice d’or­dre des con­di­tions de l’in­ci­dent, s’est même fait traiter de “provo­ca­teur ” et de “ fou­teur de merde ” par les mem­bres du ser­vice d’or­dre. (…) Finale­ment en milieu d’après midi, Malek Boutih, vice-prési­dent de SOS, présen­tait ses “excus­es” pour l’in­ci­dent en expli­quant que “les jour­nal­istes étaient libres d’écrire” », Ibid

« Alors que Jean Qua­tremer subit la mau­vaise humeur des ani­ma­teurs de SOS pour avoir par­lé d’un aban­don de la reven­di­ca­tion du droit de vote des immi­grés aux élec­tions locales et d’un aligne­ment de l’as­so­ci­a­tion sur les posi­tions de Michel Rocard », Ibid.

« SOS-Racisme a bien fait les choses. Rien ne manque pour que cette grande messe se déroule dans le respect des meilleures tra­di­tions : ni les man­dats, ni les délégués ent­hou­si­astes, ni les bans […] scan­dés de longues min­utes, ni, enfin, les votes unanimes à main lev­ée. Sans oubli­er les inévita­bles mes­sages de sou­tien, dont celui, désor­mais rit­uel, et accueil­li par une salve exaltée, de François Mit­ter­rand, qui s’adres­sant aux con­gres­sistes, a salué leur “générosité et leur soif de jus­tice” et leur a ren­du hom­mage par ces mots : “vous avez su don­ner un nou­veau vis­age à la fra­ter­nité ”», « Le dimanche en cam­pagne de SOS-Racisme », Libéra­tion, 4/04/1988.

Quant à la ques­tion cen­trale de l’identité, Rob­bi Goebbels, l’eurodéputé lux­em­bour­geois, et Jean Qua­tremer, le cor­re­spon­dant du jour­nal français Libéra­tion à Brux­elles sont d’accords : il n’y a pas une iden­tité européenne mais des valeurs morales, poli­tiques, économiques ou sociales qui sont partagées par les européens et leurs man­dants. L’Europe a été le creuset de l’état nation. Il ne faut pas chercher à trans­pos­er ce mod­èle à l’échelle de l’Union. (…) Jean Qua­tremer retient trois groupes de références com­munes : la quête de la Paix, l’attachement aux choix col­lec­tifs (en par­ti­c­uli­er pour le rôle de l’état) et des références com­munes en matière d’institutions (démoc­ra­tie) », Actes des dix­ièmes Ren­con­tres européennes de Lux­em­bourg sur le thème « Europe Unité et/ou Diver­sité Réu­nir ce qui est épars ».

Dans Le Monde Diplo­ma­tique de juin 2011, Hubert Vedrine, ancien Min­istre des Affaires étrangères, qual­i­fie Jean Qua­tremer d’« Aya­tol­lah du fédéralisme ».

« Ce que M. Qua­tremer ne sup­porte pas, c’est de voir son monde rêvé d’une Union européenne autori­taire, sans iden­tité, con­stru­ite con­tre les peu­ples, niant la richesse et la diver­sité des pays européens, s’écrouler devant lui », Debout la France (Damien Lem­pereur) 28/1/2015

« En qual­i­fi­ant les Grecs indépen­dants de “par­ti d’opportunistes, sans idéolo­gie pré­cise, un par­ti de réac­tion de la classe moyenne supérieure”, Jean Qua­tremer incar­ne par­faite­ment cette oli­garchie méprisante qui n’a pas encore com­pris que le réveil des peu­ples européens est en marche. Et que s’il s’ag­it d’une très mau­vaise nou­velle pour l’U­nion Européenne, c’est au con­traire un for­mi­da­ble espoir pour la véri­ta­ble Europe, celle des nations libres et des coopéra­tions utiles », ibid.

« Un fos­sé sem­ble par­fois sépar­er les arti­cles du cor­re­spon­dant de Libéra­tion à Brux­elles, qui se pla­cent net­te­ment du point de vue des créanciers de la Grèce, et d’autres arti­cles plus cri­tiques à l’égard des insti­tu­tions européennes, comme ceux de Maria Mala­gardis, qui écrit régulière­ment dans le quo­ti­di­en en tant qu’envoyée spé­ciale à Athènes. », Acrimed, 21/5/2015

« Les arti­cles de Jean Qua­tremer se pla­cent d’emblée du point de vue de Brux­elles, et citent presque exclu­sive­ment les respon­s­ables européens comme s’ils étaient des obser­va­teurs neu­tres de la sit­u­a­tion », ibid.

« Voici donc le point de vue du cor­re­spon­dant à Brux­elles de Libéra­tion : la légitim­ité démoc­ra­tique du gou­verne­ment grec se heurte à la légitim­ité des insti­tu­tions européennes. Or celle-ci est supérieure à celle des gou­verne­ments nationaux, les États l’ont accep­té en sig­nant les traités européens », ibid.

«Pourquoi con­fi­er à Jean Qua­tremer la réal­i­sa­tion d’un doc­u­men­taire sur la crise grecque ? On gage que les pro­duc­teurs d’Arte ont été séduits par l’acuité de son exper­tise sur la Grèce, qui laisse appa­raître cer­taines de ses qual­ités : son européisme con­va­in­cu, sa répul­sion pour les extrêmes-qui-se-touchent, ou encore sa grande con­nais­sance du pays, où il passe régulière­ment ses vacances », Acrimed 28/1/2015

« Chaque tweet de Jean Qua­tremer témoigne de son excel­lence jour­nal­is­tique. On relèvera plus sérieuse­ment que, selon Frère Jean des Som­mités, si on le prend au mot, chaque jour­nal­iste fait preuve d’excellence jour­nal­is­tique, et donc que tous les jour­nal­istes sont au-dessus de toute cri­tique. Le com­mun des citoyens peut pos­er des ques­tions et partager des réflex­ions : c’est tout ! Car son savoir n’égalera jamais, selon l’un des meilleurs d’entre eux, celui des jour­nal­istes, tous excel­lents et à tous égards », ibid.

« Ne lui en déplaise, Frère Jean est avant tout un symp­tôme. Ce n’est pas sa per­son­ne qui est en cause, mais ce qu’il écrit et ce qu’il per­son­ni­fie : un jour­nal­isme dont il n’est que l’une des incar­na­tions et la fonc­tion que ce jour­nal­isme rem­plit. Dom­i­nants dom­inés par leur pro­pre dom­i­na­tion, les nou­veaux chiens de garde – car c’est d’eux qu’il s’agit – sont aveu­gles à la vio­lence sourde qu’ils exer­cent quand, à plusieurs voix mais à sens unique, ils mènent dans les prin­ci­paux médias des croisades qui ren­voient à l’enfer du « pop­ulisme », du « com­plo­tisme », de « l’antisémitisme », du « total­i­tarisme » (tout à la fois ou séparé­ment), mais aus­si des pas­sions bass­es et des haines recuites, les citoyens réfrac­taires à ces chefs d’œuvre de péd­a­gogie. Jean Qua­tremer n’est que l’un d’entre eux. Cette vio­lence sourde n’est que l’auxiliaire de dom­i­na­tions économiques, sociales et poli­tiques. », ibid.

« @quatremer veut un cor­don san­i­taire con­tre le FN et pleur­niche quand on lui demande de ne pas le franchir », Marine Le Pen, 12/03/2015, après son alter­ca­tion avec le jour­nal­iste au Par­lement européen.

« Lors d’une inter­view au Petit Jour­nal de Canal+, Jean Qua­tremer a affir­mé sans retenue que Brux­elles n’est pas une ville comme les Français la conçoivent : Brux­elles, ce sont des petites maisons, cha­cun vit dans son coin et per­son­ne ne se mélange. […] Et là où Jean Qua­tremer est com­plète­ment à côté de la réal­ité, c’est quand il affirme que c’est un prob­lème pro­pre­ment brux­el­lois… Les ban­lieues parisi­ennes ou mar­seil­lais­es sont man­i­feste­ment un exem­ple de réus­site d’intégration de pop­u­la­tion d’origine étrangère » Con­tre­points, 05/04/2016

« Jean Qua­tremer est certes un cas à part, à class­er par­mi la frange des jour­nal­istes par­ti­c­ulière­ment mal dis­posés à l’égard des gilets jaunes, et qui ne man­quent pas une occa­sion de vocif­ér­er leur mépris (avec par exem­ple, Brice Cou­turi­er). Mais les exem­ples de « fauss­es nou­velles » citées par Jean Qua­tremer sont néan­moins sig­ni­fi­cat­ifs d’un tra­vers fréquent dans l’élite jour­nal­is­tique. Ceux-là même qui sont prompts à dénon­cer les abus qu’ils asso­cient à l’usage des réseaux soci­aux par la masse des pro­fanes (non-jour­nal­istes) en arrivent à oubli­er qu’ils sont eux-mêmes les vic­times de biais de con­fir­ma­tion ; priv­ilé­giant les infor­ma­tions qui con­fir­ment leurs idées pré­conçues (voire leur mépris de classe), qu’importe leur vérac­ité et au mépris de toute déon­tolo­gie », Acrimed, 17/01/2019.

« Jean Qua­tremer ne porte pas de masque, et il en est très fier. Il arrive en retard à notre ren­dez-vous brux­el­lois — par­don, il dis­cu­tait avec un fonc­tion­naire européen croisé à l’en­trée du parc — et hausse les épaules : de toute façon, les cafés sont fer­més, on restera dehors, et puis il est “assez grand pour décider” lui-même des risques qu’il prend. “Je suis un vrai lib­er­taire,” sourit-il en se plan­tant dans la lumière de l’heure dorée belge, ses longues mèch­es grison­nantes au vent (la faute aux coif­feurs fer­més en temps de pandémie, râle-t-il) », Arrêt sur Images, 09/12/2020.

« La pro­pa­gande de guerre rend fou, la fer­veur idéologique aus­si… y com­pris les jour­nal­istes chevron­nés comme Jean Qua­tremer. Ce dernier est un ferme défenseur des insti­tu­tions européennes hos­tiles à la Hon­grie, à tout prix, y com­pris à celui de la vérité. », ojim.fr, 30 avril 2022

Crédit pho­to : page Face­book offi­cielle de Jean Qua­tremer (DR)

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