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Pflimlin censure « Les Nouveaux chiens de garde »

11 décembre 2014

Temps de lecture : 4 minutes
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Pflimlin censure « Les Nouveaux chiens de garde »

Temps de lecture : 4 minutes

L’excellent film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, Les Nouveaux chiens de garde, sorti début 2012 a‑t-il été interdit d’antenne par le PDG de France Télévisions ?

C’est ce qu’affirme Acrimed dans un arti­cle signé par Hen­ri Maler et Julien Salingue et pub­lié le 9 décem­bre dont nous repro­duisons ci-dessous quelques extraits :

« Audi­tion­né le 20 novem­bre 2013 par la Com­mis­sion des affaires cul­turelles et la com­mis­sion des finances, “M. Rémy Pflim­lin, prési­dent de France Télévi­sions” était inter­rogé par la députée Isabelle Attard sur le refus de dif­fuser le film Les Nou­veaux chiens de garde […] Le temps man­qua au prési­dent pour répon­dre lors de l’audition. Il promit donc de répon­dre par écrit. Promesse non tenue ou réponse dila­toire ? Les deux si l’on en croit la députée (co-prési­dente de « Nou­velle Donne ») qui, un an plus tard, le mar­di 25 novem­bre 2014, lors de l’audition du même prési­dent, repose la même ques­tion avec une insis­tance et sur un ton acide plutôt réjouis­sants. Et le prési­dent de répon­dre sans répon­dre sur un ton patelin plutôt affligeant […] “Madame Attard, sur le choix de dif­fuser ou ne pas dif­fuser un film, ce sont des choix qui appar­ti­en­nent aux antennes, en toute indépen­dance. Et ces antennes choi­sis­sent, ou ne choi­sis­sent pas, je suis le garant de cette indépen­dance, et je suis devant vous le garant de cette indépen­dance. Et je dirais que, si aujourd’hui il y a une valeur essen­tielle du ser­vice pub­lic, c’est bien de préserv­er cette indépen­dance, gage de la con­fi­ance de nos conci­toyens. Il se trou­ve que cette con­fi­ance, elle existe aujourd’hui, nous faisons un cer­tain nom­bre de choix et en l’occurrence nous avons décidé, je vous le dis, de ne pas choisir ce film, comme nous n’avons pas choisi des dizaines, des cen­taines d’autres films. »

Rémy Pflim­lin a tous les dons qui font un bon prési­dent. Il parvient ain­si à « répon­dre » à une ques­tion por­tant pré­cisé­ment sur un film… sans même citer le titre du film au sujet duquel il est inter­rogé. Mieux : au moment où, sous son autorité, l’indépendance des rédac­tions de France 2 et France 3 est garantie par… leur fusion pro­gres­sive, il se pose en garant de l’indépendance des antennes. Une indépen­dance, ose-t-il dire, qui vaut à France Télévi­sions la “con­fi­ance” des téléspec­ta­teurs. À croire que pour être prési­dent, il est indis­pens­able de con­fon­dre l’audience et la con­fi­ance. C’est donc en toute indépen­dance – surtout à l’égard des téléspec­ta­teurs… – que France Télévi­sions a refusé de dif­fuser Les Nou­veaux chiens de garde. Et pour preuve de cette totale indépen­dance, Rémy Pflim­lin ne juge pas néces­saire d’indiquer sur quels critères cette dif­fu­sion a été refusée. Comme si France Télévi­sions était la pro­priété de son prési­dent et de ses respon­s­ables d’antennes.

On appren­dra tout au plus que le film – dont le titre écorcherait la bouche du prési­dent – a été refusé « comme des cen­taines d’autres ». Les cen­taines de doc­u­men­taires dif­fusés en salle devant 250.000 spec­ta­teurs et nom­més aux César de 2013 (caté­gorie meilleur film doc­u­men­taire), sans doute.

Et on se demande com­ment la dif­fu­sion des Nou­veaux Chiens de garde aurait pu être inter­prétée comme le signe d’un manque d’indépendance de France Télévi­sions, à moins de con­sid­ér­er qu’une telle dif­fu­sion puisse être perçue par les téléspec­ta­teurs comme une impar­donnable capit­u­la­tion face aux pres­sions et au chan­tage du puis­sant lob­by de la cri­tique des médias. Ce dont on peut se per­me­t­tre de douter.

Il con­vient donc de pos­er la ques­tion par écrit, et sans atten­dre une prochaine audition :

« M. le prési­dent pour­rait-il avoir l’amabilité de deman­der aux antennes, en respec­tant scrupuleuse­ment leur indépen­dance, sur quels critères le film Les Nou­veaux chiens de garde a été inter­dit de dif­fu­sion ? Il serait en effet fâcheux que le prési­dent ne soit pas infor­mé de ce qui se passe dans la mai­son dont il a la garde. Et que l’arbitraire le plus total se pare des atours de l’indépendance ».

L’O­jim s’as­so­cie à la protes­ta­tion d’Acrimed, les téléspec­ta­teurs paient une rede­vance ; ils ont par con­séquent le droit de voir Les Nou­veaux chiens de garde, le meilleur doc­u­men­taire sur les médias des dix dernières années.