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L’immigration, angle mort du déconfinement pour les médias de grand chemin

2 juin 2020

Temps de lecture : 8 minutes
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L’immigration, angle mort du déconfinement pour les médias de grand chemin

2 juin 2020

Temps de lecture : 8 minutes

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Alors que la ré ouverture de certains commerces fait la une des médias, il est un sujet dont on parle peu en cette période de déconfinement : l’immigration. Pourtant, selon de nombreuses informations, ce sujet revient comme un boomerang, un boomerang que les médias de grand chemin aimeraient ignorer.

Plusieurs arti­cles pub­liés récem­ment dans les médias nous infor­ment ponctuelle­ment de l’ampleur de l’immigration illé­gale qui arrive en France. Bien qu’aucun – ou si peu — ne dresse un tableau d’ensemble, il en ressort que pour les migrants clan­des­tins qui souhait­ent venir en France, l’horizon s’est éclair­ci, notre pays sem­blant selon des indices con­cor­dants plus dému­ni que jamais pour lut­ter con­tre l’immigration clandestine.

Les signaux d’une déferlante migratoire s’accumulent

Dans un silence médi­a­tique par­fois assour­dis­sant, plusieurs insti­tu­tions inter­na­tionales vien­nent de met­tre en garde les européens con­tre le risque d’une très forte reprise de l’immigration illégale.

A par­tir d’informations issues d’un rap­port du Bureau européen d’appui en matière d’asile pub­lié le 5 mai, le Cour­ri­er du Viet­nam nous informe que « L’U­nion Européenne prédit une hausse de deman­des d’asile à cause de l’épidémie ». Le rap­port souligne égale­ment la sus­pen­sion de la lutte des pays de la coali­tion con­tre l’État islamique, qui com­porte le risque d’une résur­gence de cette mou­vance terroriste.

Peu après la pub­li­ca­tion le 14 mai d’un rap­port sur les effets du Covid-19 sur l’immigration illé­gale écrit par l’Office des Nations unies con­tre la drogue et le crime, l’ONU Info met en garde le 16 mai « con­tre les risques accrus pour les vic­times de la traite des êtres humains ».

Le 15 mai, c’est selon Le Figaro « Europol ( l’agence européenne de police crim­inelle NDLR) (qui) prévoit une recrude­s­cence du traf­ic de migrants après le décon­fine­ment ».

En dépit de ces sig­naux inquié­tants, Breakingnews.fr nous apprend le 28 avril que « les min­istres de l’Union Européenne deman­dent à Brux­elles de coor­don­ner la réou­ver­ture des fron­tières ».

On apprend par EuObserver.com la pri­or­ité de la com­mis­saire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson :

« Per­me­t­tre aux migrants d’entrer en Europe par des voies légales sera un élé­ment cen­tral du nou­veau pacte sur les migra­tions ».

La pression migratoire s’intensifie

La pandémie du coro­n­avirus n’a pas atténué la déter­mi­na­tion des cen­taines de mil­liers, voire des mil­lions de migrants qui atten­dent leur heure pour venir en Europe de l’Ouest.

L’Economiste maghrébin nous apprend le 27 avril que selon le min­istre mal­tais des Affaires étrangères, « plus de 650 000 per­son­nes atten­dent sur les côtes libyennes ». Selon le site d’information Voice of Europe, près de 100 000 clan­des­tins atten­dent dans les Balka­ns pour pass­er en Europe de l’ouest.

De nou­veaux flux d’immigration se dévelop­pent, comme nous l’indique le site Obser­vAl­gérie le 24 mai à par­tir d’informations du quo­ti­di­en espag­nol El Pais :

« Les fortes arrivées clan­des­tines de migrants vers l’Espagne en prove­nance d’Algérie inquiè­tent les autorités espag­noles et européennes ».

Les voies d’immigration illégales

Plusieurs arti­cles de presse et de sites d’informations met­tent en avant d’un côté une moin­dre lutte con­tre l’immigration irrégulière et de l’autre la reprise de l’activité des bateaux des ONG, qui amè­nent par mil­liers des clan­des­tins en Europe.

Selon le site d’informations européennes Eurac­tiv, l’opération Sophia, ini­tiale­ment chargée par l’Union européenne de lut­ter con­tre les passeurs con­voy­ant des migrants de Libye en Ital­ie, a été récem­ment réori­en­tée vers le con­trôle de l’embargo sur l’importation d’armes en Libye.

Pour aider les migrants à gag­n­er l’Europe, les bateaux des ONG, un temps freinés dans leur activ­ité, ont repris le pont mar­itime entre la Libye et l’Italie. Le site Infomi­grants nous tient infor­mé des arrivées régulières de leurs bateaux ain­si que de ceux des clan­des­tins en Ital­ie. Le site d’informations Breizh Info con­state exem­ples à l’appui le 29 mai que « l’Italie est de nou­veau prise d’assaut par les migrants ». Récem­ment, c’est le bateau Alan Kur­di qui a trans­féré en quar­an­taine le 13 avril 150 migrants qui étaient à son bord près des côtes italiennes.

En Ital­ie, une infor­ma­tion nous incline à penser que la jus­tice est instru­men­tal­isée au ser­vice du très puis­sant lob­by immi­gra­tionniste. Mais en France, hormis Valeurs actuelles, très peu de médias font état de l’information divul­guée le 24 mai : « Les poli­tiques anti migra­toires menées par Mat­teo Salvi­ni étaient légales, mais la jus­tice ital­i­enne a tout de même choisi de les atta­quer, à en croire une con­ver­sa­tion What­sApp entre mag­is­trats, divul­guée dans la presse ».

Les relocalisations reprennent

Comme nous l’apprend le 12 mai Eurolib­ertés, « les pays européens sont main­tenant mar­qués à la culotte par la Com­mis­sion européenne qui vient de leur rap­pel­er le principe du non-refoule­ment des migrants et la néces­sité de con­tin­uer les opéra­tions de « relo­cal­i­sa­tion ».

Le doigt sur la cou­ture, le gou­verne­ment français s’empresse dès la fin du con­fine­ment d’organiser des « relo­cal­i­sa­tions », traduire : déplac­er des clan­des­tins des pays du sud de l’Europe vers ceux d’Europe de l’ouest, en par­ti­c­uli­er en France. Infomi­grants nous informe le 26 mai que la France va accueil­lir 750 migrants de Grèce. Le Min­istre grec des affaires étrangères annonce que « les procé­dures de relo­cal­i­sa­tion qui s’é­taient arrêtées tem­po­raire­ment en rai­son de la crise san­i­taire vont démar­rer de nou­veau au plus vite ». Mal­ta­to­day nous apprend le 20 mai qu’à Malte, 162 migrants sont actuelle­ment hébergés sur deux bateaux au mouil­lage au large de La Valette : « le seul pays à ce jour à avoir promis son sou­tien à Malte est la France, qui s’est main­tenant engagée à pren­dre 30 des 162 migrants ».

Les clandestins libérés

En France, la lec­ture des médias amène à penser que le principe de nation­al­ité et celui de la régu­lar­ité du séjour sont des valeurs en très forte baisse aux yeux du gou­verne­ment. La presse s’en est fait l’écho ponctuelle­ment : plusieurs Cours d’appel ont ordon­né la libéra­tion pour motif san­i­taire de nom­breux clan­des­tins placés en cen­tres de réten­tion en attente de leur expul­sion, sans que le Min­istère pub­lic fasse appel.

A Bor­deaux, « un juge bor­de­lais a ordon­né la libéra­tion de 12 sans-papiers en cen­tre de réten­tion » nous apprend Sud-Ouest le 19 mars. A Plaisir, dans les Yve­lines, « douze clan­des­tins du cen­tre de réten­tion de Plaisir (ont été) libérés » selon Le Parisien le 19 mars. À Paris selon Libéra­tion, « pas de nou­veaux entrants durant deux semaines au cen­tre de réten­tion de Paris-Vin­cennes ». Plus glob­ale­ment, Le Monde nous informe le 21 mars que « les cen­tres de réten­tion admin­is­tra­tive se vident ».

Ces cen­tres ne risquent pas de se rem­plir de sitôt : Le Figaro nous apprend le 23 avril qu’en Île-de-France, plus aucune mise en réten­tion de clan­des­tins n’est organisée.

Les associations immigrationnistes veillent au grain

Pen­dant une par­tie du con­fine­ment, le traite­ment des deman­des d’asile a été sus­pendu dans un cer­tain nom­bre de pré­fec­tures, pour des raisons san­i­taires. Il n’en fal­lait pas plus pour que des asso­ci­a­tions d’aide aux migrants enga­gent une action en jus­tice en Île-de-France pour con­train­dre les pou­voirs publics à de nou­veau enreg­istr­er les deman­des d’asile. Le tri­bunal admin­is­tratif de Paris leur a don­né rai­son. Réal­iste, le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) con­statait dans les colonnes du Figaro du 23 avril :

«  les per­son­nes qui se tour­nent vers l’asile [le font] pour béné­fici­er d’une allo­ca­tion à défaut d’autres revenus en temps de con­fine­ment ».

Le train-train des asso­ci­a­tions immi­gra­tionnistes reprend son cours : Le Parisien nous informe le 27 mai qu’ « une cinquan­taine de tentes (pour des migrants NDLR) a été instal­lé cette nuit sur le bassin de la Vil­lette. Une action « mil­i­tante » pour don­ner plus de vis­i­bil­ité aux migrants », dans le but de leur trou­ver un loge­ment. Quelques heures plus tard, La Croix nous apprend qu’« à peine instal­lé à Paris, un camp de migrants dis­paraît : 80 exilés mis à l’abri ».

On aura com­pris que pour mieux faire accepter les inces­santes mis­es à l’abri « incon­di­tion­nelles » mais quand même aux frais du con­tribuable, con­for­mé­ment aux vœux du prési­dent de la République, une mise à l’abri dont de nom­breux français n’ont pas l’heur de béné­fici­er, celles-ci sont présen­tées comme réal­isées en faveur d’« exilés » et non de clan­des­tins. Des clan­des­tins qui sont des délin­quants qui enfreignent les règles d’entrée et de séjour en France.

« Pen­dant ce temps », la Cour des comptes nous apprend dans un rap­port pub­lié le 5 mai que par­mi les béné­fi­ci­aires du con­trat d’intégration répub­li­caine, qui s’adresse aux pri­mo-arrivants en France, 20% n’ont pas été sco­lar­isés ou ont un niveau inférieur à la fin du primaire.

Des clan­des­tins qui ne sont plus ni arrêtés ni détenus avant une très improb­a­ble expul­sion de France, des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière qui font une demande d’asile pour régu­laris­er leur séjour en France et touch­er une allo­ca­tion, une pres­sion migra­toire qui redou­ble avec le décon­fine­ment : les médias dom­i­nants assem­blent les pièces épars­es du puz­zle, qui des­sine des per­spec­tives plus qu’inquiétantes.

Pen­dant ce temps, les médias de grand chemin pla­cent très haut la ques­tion des bat­ter­ies élec­triques, la reprise du cham­pi­onnat de foot­ball et tout autre sujet majeur…

Quant aux per­spec­tives qui s’offriront en France aux innom­brables « ingénieurs », « chirurgiens » et tous les sans aucune qual­i­fi­ca­tion qui vien­nent d’Afrique et du Moyen-Ori­ent dans un marché du tra­vail en pleine dépres­sion dans un pays criblé de dettes, c’est une autre affaire…

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