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Le putsch de Donald Tusk sur les médias publics polonais, nouvelle manifestation de la dérive autoritaire de l’extrême-centre libéral

4 août 2024

Temps de lecture : 15 minutes
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Le putsch de Donald Tusk sur les médias publics polonais, nouvelle manifestation de la dérive autoritaire de l’extrême-centre libéral

Temps de lecture : 15 minutes

Que n’avait-on entendu de critiques dans les médias français et européens, en 2016 quand la nouvelle majorité parlementaire du PiS avait pris le contrôle des médias publics polonais ! Même la Commission européenne s’en était mêlée au nom de la défense du pluralisme des médias, de l’indépendance des médias publics et de l’État de droit.

Pre­mière dif­fu­sion le 3 avril 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juil­let au dimanche 25 août nous repub­lions les arti­cles les plus sig­ni­fi­cat­ifs du pre­mier semestre.

La télévision publique polonaise encerclée par la police

Le con­traste est sai­sis­sant, pour ceux qui s’en sou­vi­en­nent, avec le silence de la Com­mis­sion aujourd’hui, quand c’est le gou­verne­ment de Don­ald Tusk qui reprend le con­trôle de ces médias avec des méth­odes que même France Télévi­sions, sur son site Inter­net, qual­i­fie de “biéloruss­es”. For­cé­ment, la vue d’un siège de la télévi­sion publique, à quelques jours des fêtes de Noël, encer­clé par d’imposantes forces de police, avec à l’intérieur des nou­veaux directeurs nom­més directe­ment par le min­istre de la Cul­ture venant pren­dre pos­ses­sion des bureaux par la force, en se faisant assis­ter de types à l’allure d’hommes de main de la mafia post-com­mu­niste des années 1990. Des hommes de main dépêchés par des agences de sécu­rité privées recrutées pour l’occasion.

« Le nou­veau gou­verne­ment mène une purge dras­tique pour restau­r­er l’indépen­dance des médias publics », pou­vait-on lire en titre sur francetvinfo.fr le 22 décem­bre. L’indépendance ? Sans blague !

Les directeurs des télévisions publiques limogés séance tenante

Le min­istre de la Cul­ture Bartłomiej Sienkiewicz a annon­cé le 21 décem­bre la révo­ca­tion de la direc­tion de la télévi­sion publique TVP et la nom­i­na­tion d’une nou­velle direc­tion. Une semaine après, la ligne édi­to­ri­ale du jour­nal du soir a déjà com­plète­ment changé. Il est fait l’éloge des déci­sions du min­istre con­cer­nant les médias publics et le PiS, désor­mais dans l’opposition, est présen­té comme cher­chant à s’accrocher pour défendre des intérêts poli­tiques mesquins. On met en avant les salaires mirobolants de ceux qui vien­nent de se faire éjecter manu mil­i­tari, et on ne dit mot des salaires de l’époque où les amis de Don­ald Tusk con­trôlaient déjà la télévi­sion publique, non moins mirobolants.

Un miroir inversé sur les JT

Quel que soit le sujet, le nar­ratif est du côté du gou­verne­ment, et l’on com­pare déjà les actions et déci­sions du nou­veau gou­verne­ment de Tusk à celle du gou­verne­ment précé­dent, qui sont sys­té­ma­tique­ment présen­tées sous un angle négatif. L’annonce du Pre­mier min­istre con­cer­nant un pro­jet de loi visant à intro­duire en Pologne des unions civiles pour les homo­sex­uels est van­tée, TVP faisant même désor­mais cam­pagne en faveur du mariage homo­sex­uel et de l’adop­tion pour les cou­ples de même sexe, comme les chaînes privées con­cur­rentes. Fécon­da­tion in vit­ro, rap­ports avec l’Église, éner­gies renou­ve­lables, défense, prix de l’immobilier… Sur tous les sujets, après seule­ment quelques jours d’écoute de ces nou­velles nou­velles, l’on apprend tout le mal que fai­sait le gou­verne­ment de Moraw­iec­ki et tout le bien que fait déjà celui de Don­ald Tusk. La ligne édi­to­ri­ale est à 100 % celle de la nou­velle coali­tion des libéraux et de la gauche. Le prin­ci­pal jour­nal télévisé de la journée, rebap­tisé « 19.30 » (il est émis à 19h30) est en somme le reflet en miroir de l’ancien, « Wiado­moś­ci » (Nou­velles), tant cri­tiqué jusqu’à récem­ment, non sans rai­son, par ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir.

Il faut le recon­naître, le change­ment de ligne édi­to­ri­ale est aus­si bru­tal qu’en jan­vi­er 2016, quand c’est le min­istre du Tré­sor pub­lic du PiS qui avait rem­placé les directeurs des médias publics.

Oui, mais…

Brigandage en absence de loi

En jan­vi­er 2016, cela s’était fait sur la base d’une loi votée en bonne et due forme par le Par­lement, la « petite loi sur les médias » (voir notre arti­cle pub­lié le 15 févri­er 2016 sous le titre : « Télévi­sion publique polon­aise, ce qui a changé avec l’arrivée du PiS au pou­voir »). Certes, cette loi avait été portée devant le Tri­bunal con­sti­tu­tion­nel par le médi­a­teur des citoyens, et ce tri­bunal l’avait en par­tie invalidée en décem­bre 2016. Entretemps, toute­fois, le par­lement polon­ais avait voté une nou­velle loi insti­tu­ant un Con­seil des médias nationaux (RMN) dont les mem­bres sont nom­més pour 6 ans et sont irrévo­ca­bles pen­dant cette durée (voir notre arti­cle pub­lié le 1er novem­bre 2016 sous le titre : « Le nou­veau mode de nom­i­na­tion des dirigeants des médias publics en Pologne devrait faire taire les cri­tiques européennes »). Cette loi n’a pas été portée devant le Tri­bunal con­sti­tu­tion­nel et est tou­jours en vigueur aujourd’hui. En ver­tu de la loi en vigueur, c’est donc nor­male­ment ce Con­seil des médias nationaux et lui seul qui est chargé de nom­mer les dirigeants des médias publics polonais.

Même manœuvre de Donald Tusk en 2010

Si ce Con­seil des médias nationaux a été créé avec des mem­bres irrévo­ca­bles pen­dant six ans, c’était peut-être pour empêch­er Don­ald Tusk de répéter sa manœu­vre de 2010 pour pren­dre le con­trôle des médias publics. À l’époque, il avait changé avant terme tous les mem­bres du Con­seil nation­al de la radio­phonie et de la télévi­sion (KRRiT), un organe prévu par la Con­sti­tu­tion et qui était alors chargé de nom­mer les dirigeants des médias publics. Il lui avait suf­fi pour cela de faire rejeter leur rap­port annuel par sa majorité à la Diète. C’est ain­si que sa coali­tion gou­verne­men­tale avait agi en 2010 pour pren­dre le con­trôle des médias nationaux en toute légal­ité et c’est ce qui avait mar­qué la fin du plu­ral­isme à la télévi­sion publique polon­aise. Après cette prise de con­trôle du KRRiT par le gou­verne­ment de Don­ald Tusk, la qua­si-total­ité des jour­nal­istes et chroniqueurs con­ser­va­teurs avaient dis­paru de la télévi­sion publique, et plus de 400 jour­nal­istes salariés de la télévi­sion publique TVP (plus des deux tiers !) avaient été trans­férés vers des entre­pris­es externes pour être ensuite rémunérés sur la base de con­trats d’entreprise et con­trats de man­dat, avec un tra­vail garan­ti pour seule­ment un an. Quoi de mieux pour s’assurer de leur docilité ?

Arrivé au pou­voir à l’automne 2015, le PiS de Jarosław Kaczyńs­ki, mal­heureuse­ment, n’a pas fait mieux. Le nou­veau Con­seil des médias nationaux étant dom­iné numérique­ment par les per­son­nes que sa majorité par­lemen­taire a nom­mées, les dirigeants des médias publics, et notam­ment de la télévi­sion, ont con­servé la ligne out­rageuse­ment pro-gou­verne­men­tale et anti-oppo­si­tion des ser­vices d’information et des émis­sions à car­ac­tères poli­tiques. La dif­férence pos­i­tive de la péri­ode 2016–2023 étant cepen­dant que les deux grands groupes privés de télévi­sion ayant une ligne européiste et pro­gres­siste, ils sont tout naturelle­ment hos­tiles au PiS et à ses idées, et le plu­ral­isme était donc assuré pen­dant huit ans dans l’audiovisuel polon­ais. Il ne l’était plus de 2010 à 2015 et il ne l’est à nou­veau plus depuis Noël de cette année, depuis que la télévi­sion publique est retombée sous le con­trôle de Don­ald Tusk et de ses amis. Le putsch de décem­bre a aus­si con­cerné la radio publique, pour­tant net­te­ment moins engagée dans la pro­pa­gande gou­verne­men­tale de ces huit dernières années, ain­si que l’agence de presse polon­aise (la PAP).

Écran noir pendant une semaine

Pour la pre­mière fois depuis la loi mar­tiale décrétée par le général com­mu­niste Jaruzel­s­ki le 13 décem­bre 1981, la télévi­sion publique a cessé d’émettre pen­dant plusieurs jours à l’approche de Noël 2023. Don­ald Tusk et ses min­istres ayant pris leurs fonc­tions le 13 décem­bre, les cri­tiques de la coali­tion gou­verne­men­tale par­lent donc désor­mais de Coali­tion du 13 décem­bre, en référence à ce 13 décem­bre 1981, tan­dis que le camp gou­verne­men­tal préfère l’appellation de Coali­tion du 15 octo­bre, date des dernières élections.

Quoi qu’il en soit, ce qui est arrivé juste avant Noël était bien un putsch sur les médias publics, car con­traire­ment au PiS en 2016, le gou­verne­ment de Don­ald Tusk et son min­istère de la Cul­ture Bartłomiej Sienkiewicz, un ancien lieu­tenant-colonel des ser­vices de ren­seigne­ment, se sont passé de faire vot­er une loi par le nou­veau par­lement dom­iné par leur coali­tion gau­cho-libérale. Ont-ils estimé que le prési­dent Andrzej Duda, issu du PiS, allait de toute façon oppos­er son veto à cette loi ? Pour­tant, le prési­dent Duda avait exprimé à plusieurs repris­es ces dernières années des cri­tiques à l’égard de la ligne édi­to­ri­ale trop engagée de la télévi­sion publique et notam­ment de sa chaîne d’information TVP Info. Celle-ci a été le plus dure­ment frap­pée par ce putsch, puisqu’elle n’a repris ses émis­sions que le 29 décem­bre, après une semaine d’écran noir.

Carte blanche à Bruxelles

Tusk a‑t-il donc péché par impa­tience ? En fait, si l’on s’intéresse aux pro­pos que lui et ses amis ont tenu ces deux dernières années, c’est bien plus inquié­tant que cela : les libéraux européistes (Tusk a lui-même été prési­dent du Con­seil européen de 2014 à 2019) et pro­gres­sistes aujourd’hui au pou­voir à Varso­vie sem­blent être con­va­in­cus que Brux­elles leur donne carte blanche pour vio­l­er l’État de droit et revendiquent de pou­voir ignor­er toute loi adop­tée par le précé­dent par­lement qu’ils con­sid­éreront con­traire à la Con­sti­tu­tion polon­aise. La grande loi sur les médias votée à l’automne 2016 est juste­ment une de ces lois. Le min­istre de la Cul­ture Sienkiewicz et le pre­mier min­istre Tusk expliquent qu’il leur faut agir de la sorte pour rétablir l’État de droit. Sauf que, dans l’ordre juridique polon­ais, seul le Tri­bunal con­sti­tu­tion­nel est habil­ité à déclar­er l’inconstitutionnalité d’une loi et cela ne relève pas de l’arbitraire d’un pre­mier min­istre et de son gou­verne­ment, ni même d’une sim­ple réso­lu­tion de la Diète, la cham­bre basse du par­lement polon­ais. Car c’est juste­ment d’une sim­ple réso­lu­tion de la Diète, adop­tée par la nou­velle majorité, que le gou­verne­ment Tusk pré­tend tir­er la légal­ité de son action.

Redonnons la parole à France Télévi­sions, en citant à nou­veau l’article évo­qué plus haut :

« Tout ça ressem­ble plus à des méth­odes de putschistes qu’à celles d’un gou­verne­ment pro-européen. C’est tout le défi de la nou­velle coali­tion dirigée par Don­ald Tusk, qui a pris ses fonc­tions il y a seule­ment 10 jours. Com­ment rétablir l’É­tat de droit dans un pays qui avait lente­ment dérivé vers un régime autori­taire ? Com­ment déman­tel­er l’ap­pareil de pro­pa­gande qui avait gan­grené les médias ? »

Con­clu­sion de fin :

« Dans cette vaste comédie poli­tique, les acteurs du PiS devraient surtout appren­dre à quit­ter la scène. »

Une période de « démocratie transitoire »

Les gau­cho-libéraux, tou­jours prêts à crier à la dérive autori­taire quand les con­ser­va­teurs sont au pou­voir, ont une nou­velle théorie, aujourd’hui en vogue dans leurs cer­cles en Pologne mais aus­si dans la presse alle­mande, quand elle par­le de ce pays : c’est la théorie de la « démoc­ra­tie de la péri­ode tran­si­toire ». En bref, puisque le gou­verne­ment précé­dent n’était pas démoc­ra­tique (bon­jour la con­tra­dic­tion : il a pour­tant per­du le pou­voir après des élec­tions démoc­ra­tiques organ­isées selon les modal­ités et dans les délais prévus par la Con­sti­tu­tion, avec une majorité de médias qui fai­saient cam­pagne con­tre lui), il faut dans un pre­mier temps utilis­er des moyens non démoc­ra­tiques et piétin­er l’État de droit pour rétablir la démoc­ra­tie et l’État de droit. La fin jus­ti­fie les moyens, en somme.

En toile de fond, on perçoit une volon­té soutenue par Brux­elles d’empêcher par tous les moyens le retour des « pop­ulistes » au pou­voir. Un peu comme aux États-Unis où les Démoc­rates font tout pour empêch­er Don­ald Trump de se représen­ter à des élec­tions prési­den­tielles qu’il pour­rait bien rem­porter con­tre Joe Biden, cette fois. Un peu aus­si comme en Alle­magne où le prin­ci­pal par­ti d’opposition, l’AfD, est mis sous sur­veil­lance par le ser­vice de con­tre-ren­seigne­ment dirigé par un politi­cien du par­ti con­cur­rent à droite, la CDU, agis­sant sous les ordres du min­istère de l’Intérieur dirigé par les soci­aux-démoc­rates qui rêvent d’interdire l’AfD.

L’extrême centre liberticide

Le putsch sur les médias publics en Pologne est une nou­velle man­i­fes­ta­tion non seule­ment du deux poids deux mesures de Brux­elles – la vice-prési­dente de la Com­mis­sion européenne pour les Valeurs et la Trans­parence, Věra Jourová, était à Varso­vie le jour où le putsch sur les médias a com­mencé et elle est restée silen­cieuse – mais aus­si de la dérive autori­taire et total­i­taire des libéraux de l’extrême cen­tre partout en Occi­dent. On le voit en France égale­ment avec les men­aces de la min­istre de la Cul­ture con­tre CNews ou son sou­tien à la grève des jour­nal­istes du Jour­nal du Dimanche, con­tre l’arrivée d’un nou­veau rédac­teur en chef jugé trop con­ser­va­teur, et donc « d’extrême droite », ou encore avec les dizaines de dis­so­lu­tions d’associations con­ser­va­tri­ces, pour­tant non vio­lentes et agis­sant dans la légal­ité, par le min­istre de l’Intérieur, avec l’association catholique Acad­e­mia Chris­tiana comme dernière vic­time de cette dérive autori­taire et total­i­taire des libéraux.

Les Polonais, qui ont renversé le communisme, vont-ils laisser faire ?

La société des jour­nal­istes polon­ais (SDP) a rapi­de­ment émis un com­mu­niqué dénonçant l’action du nou­v­el exé­cu­tif de Don­ald Tusk vis-à-vis des médias publics (ici en anglais). Le Con­seil des médias nationaux, chargé selon la loi de nom­mer les directeurs des médias publics, et le Con­seil nation­al de la radio­phonie et de la télévi­sion, autorité de sur­veil­lance con­sti­tu­tion­nelle des médias, ont égale­ment dénon­cé cette action qu’ils jugent illé­gale et con­traire à la con­sti­tu­tion. Même la Fon­da­tion Helsin­ki pour les Droits de l’homme, une ONG mar­quée à gauche et financée entre autres par les fon­da­tions Soros, s’est offi­cielle­ment inquiétée de cette vio­la­tion fla­grante des principes de l’État de droit, de la Con­sti­tu­tion polon­aise et des stan­dards du Con­seil de l’Europe en matière d’absence de con­trôle direct de l’exécutif sur les médias publics.

Tusk met en liquidation les sociétés de médias publics et nomme le liquidateur

Le prési­dent Andrzej Duda a dénon­cé cela lui aus­si et a annon­cé son veto con­tre un amende­ment à la loi budgé­taire qui devait assur­er un finance­ment de 3 mil­liards pour les médias publics en 2024, en jus­ti­fi­ant ce veto par la prise de con­trôle illé­gale de ces médias par le gou­verne­ment de Don­ald Tusk et en assur­ant qu’il était prêt à dis­cuter d’une loi pour réformer les médias. Mais plutôt que de dis­cuter, le gou­verne­ment Tusk a immé­di­ate­ment annon­cé la mise en liq­ui­da­tion de toutes les sociétés des médias publics, en faisant porter la faute au prési­dent. Le gou­verne­ment assure que c’est pour pro­téger ces médias en l’absence de finance­ment, mais sup­primer les médias publics était une des idées avancées par l’actuelle coali­tion gou­verne­men­tale quand elle était dans l’opposition. En tout cas, cette mise en liq­ui­da­tion per­met pour le moment au gou­verne­ment de resser­rer son con­trôle sur ces médias et de lui don­ner un sem­blant de légal­ité, puisque c’est le liq­ui­da­teur nom­mé par le gou­verne­ment qui prend le pas sur les direc­tions con­cur­rentes (les dirigeants nom­més par le min­istre de la Cul­ture et ceux nom­més par le Con­seil des médias nationaux, qui ne con­trôlaient plus rien mais refu­saient de démis­sion­ner et con­tin­u­aient de se con­sid­ér­er comme les dirigeants légitimes des médias publics).

Jan Roki­ta, un ancien dirigeant de la Plate­forme civique (PO) de Don­ald Tusk, estime que la sit­u­a­tion est dan­gereuse. Pour lui le putsch opéré en toute illé­gal­ité sur les médias publics en Pologne, « a trans­for­mé l’état de la poli­tique polonaise » :

« Pour la pre­mière fois depuis que la lib­erté a été retrou­vée (avec la chute du com­mu­nisme en 1989–90), les con­flits poli­tiques ont fait sauter les fusibles sys­témiques, de sorte que la lutte pour le pou­voir se déroule main­tenant de manière chao­tique et sans frein. Jusqu’à présent, cela se pas­sait tou­jours de telle sorte que ceux qui pre­naient le pou­voir met­taient leurs juristes de con­fi­ance au tra­vail pour con­coc­ter les dis­po­si­tions légales qui pou­vaient être util­isées et celles qui devaient être mod­i­fiées pour frap­per leurs prédécesseurs. Cette fois-ci, le nou­veau camp au pou­voir est arrivé à la con­clu­sion que ce “for­mal­isme” est un ennui inutile, ou une perte de temps, quand les choses peu­vent être faites plus rapi­de­ment et plus sim­ple­ment. »

George Soros et la société ouverte

Vers la domination absolue de l’extrême centre dans les médias polonais

En atten­dant, les grandes télévi­sions polon­ais­es par­lent à nou­veau d’une seule voix, et cela va aus­si être le cas à la radio, alors que la radio et la presse écrite sont déjà dom­inées par la présence du groupe ger­mano-suisse Ringi­er Axel Springer et des fon­da­tions de George Soros, avec la même ligne pro­gres­siste et européiste. Ces deux caté­gories de médias, qui appar­ti­en­nent à Ringi­er Axel Springer ou son liées aux fon­da­tions sorosi­ennes, sou­ti­en­nent d’ailleurs mas­sive­ment l’action du nou­veau gou­verne­ment et qual­i­fient la mise des médias publique sous le con­trôle direct de l’exécutif et le ren­verse­ment de la ligne édi­to­ri­ale de « dépoli­ti­sa­tion des médias publics ».

« Au moins il y avait deux voix dif­férentes dans les médias polon­ais », estime le très pop­u­laire présen­ta­teur de télévi­sion Jan Pospieszal­s­ki, qui a été mis à l’index par TVP à la fois sous l’ancien gou­verne­ment de Don­ald Tusk et sous celui de Mateusz Moraw­iec­ki. « Main­tenant, nous n’avons même plus ça. » Quand à l’objectivité réclamée à la télévi­sion publique par ses détracteurs, Pospieszal­s­ki dit que chercher de l’objectivité dans les médias, c’est comme vouloir trou­ver de la vir­ginité dans un bordel…

Pour la semaine de Pâques, l’OJIM prend des vacances et repub­lie entre le 2 et le 7 avril les arti­cles les plus sig­ni­fi­cat­ifs du pre­mier trimestre de 2024. Retour le 8 avril et bonnes Pâques à tous !
Red­if­fu­sion. Pre­mière pub­li­ca­tion le 03/01/2024.

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