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Quand une lanceuse d’alerte se transforme en censeur, le cas Frances Haugen

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11 novembre 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand une lanceuse d’alerte se transforme en censeur, le cas Frances Haugen

Temps de lecture : 3 minutes

Frances Haugen ? Une ancienne employée de Facebook – devenu “Meta” – qui se retourne contre son employeur ; non pas parce que celui-ci détricote savamment la liberté d’expression, mais parce qu’il ne censure pas assez bien.

Frances Hagen n’est pas Assange

Assange est pour­chas­sé, empris­on­né, men­acé d’extradition aux États-Unis où il risque plus de 100 années de prison ; Hagen est reçue par le Con­grès améri­cain, à Berlin, à Lon­dres, à Brux­elles, au Par­lement français. Si les deux ont fait fuiter des mil­liers de doc­u­ments, d’un côté c’est une vie brisée et de l’autre un statut de diva.

Frances Hagen veut un renforcement de la censure

L’ancienne « chef de pro­duit dans la divi­sion intégrité civique » (sic) de Face­book (de juin 2019 à mai 2021) dénonce – et elle a rai­son – l’usage addic­tif du réseau social con­duisant para­doxale­ment à une déso­cial­i­sa­tion et par­fois à des com­porte­ments aso­ci­aux. Rien de nou­veau sous le soleil. Elle démon­tre que l’entreprise tient un dou­ble lan­gage vis-à-vis des investis­seurs, s’engageant à des réformes sans vouloir les men­er à bien. Là aus­si, qui s’étonnera ?

Plus éton­nant (ou moins éton­nant, qui sait) est son dis­cours récur­rent con­tre les « mes­sages de haine », appelant à plus de « régu­la­tion » (com­prenez cen­sure) des con­trevenants, com­plo­tistes, véreux, extrémistes etc. Cette atti­tude est bien dans la ligne libérale lib­er­taire améri­caine importée en Europe : la lib­erté oui, mais pour ceux qui pensent comme moi, et la mise sous le bois­seau pour les autres. Des cen­sures de Face­book à celles de Google, les exem­ples sont trop nom­breux, et ce n’est pas Hagen qui agi­ra con­tre cette tendance.

Triple censure, des réseaux sociaux, de Bruxelles, de Paris

In fine, Frances Hagen con­forte un dou­ble mou­ve­ment : une cen­sure interne aux réseaux soci­aux plus une cen­sure éta­tique comme celle que veut met­tre en place en France la com­mis­sion Bron­ner ou le nou­veau dis­posi­tif Vig­inum con­tre les « infox venues de l’étanger », lire Russie. Ou encore le DSA de Brux­elles, Dig­i­tal ser­vice act qui veut « met­tre à dis­po­si­tion des usagers­des instru­ments juridiques effi­caces pour lut­ter con­tre les dis­cours de haine et leurs auteurs… ». In fine, Frances Hagen mord la main qui l’a nour­rie pour béné­fici­er d’un statut totale­ment immérité de lanceuse d’alerte, con­traire­ment à Assange ou Snow­den qui ont pris des risques à leurs dépens.

Voir aus­si : Con­trôle de l’information : après la com­mis­sion Bron­ner, Viginum

Source pho­to : wikimedia.org