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Accueil | Veille médias | L’ambiance de travail cauchemardesque du groupe Mondadori

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27 octobre 2017

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | L’ambiance de travail cauchemardesque du groupe Mondadori

L’ambiance de travail cauchemardesque du groupe Mondadori

Temps de lecture : 4 minutes

L’ambiance de travail cauchemardesque du groupe Mondadori (Grazia, Closer, Biba, Téléstar, Top Santé, Modes & Travaux, etc…) : quand le CHSCT (Comité d’hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) commande une étude sur « l’environnement psychosocial », bref, l’ambiance au travail suite à des restructurations difficiles et que la direction tente de bloquer l’étude à coups de procédures judiciaires, c’est mauvais signe. Et ça n’a pas raté : le rendu de l’étude demandée il y a un an – retardée de neuf mois après diverses procédures dont une saisine de la cour de Cassation – et réalisée par le cabinet Actysens Conseil cet été montre carrément qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Berlusconi.

Les réor­gan­i­sa­tions qui ont mis le feu aux poudres sont celles de l’an­née 2016. A l’au­tomne encore, la direc­tion a imposé « le regroupe­ment géo­graphique par métiers des jour­nal­istes des rédac­tions de Top San­té, Vital, Vital Food, Modes & Travaux, L’Ami des jardins et Pleine Vie, ain­si que la créa­tion d’une “con­tent fac­to­ry”, c’est-à-dire une usine à con­tenus chargée de fournir à ces rédac­tions des sujets pour leurs rubriques mineures », résumait alors le SNJ. Les salariés ont fait grève en décem­bre, obtenu la sus­pen­sion de la réor­gan­i­sa­tion – et un plan de départ volon­taire de 30 postes début 2017. Mon­dadori France, qui comp­tait 1000 salariés en 2013 et n’est plus qu’à un peu plus de 700 aujour­d’hui, réalise 330 mil­lions d’€ de chiffres d’af­faires par an.

Pour l’é­tude, 440 per­son­nes ont accep­té de répon­dre au ques­tion­naire et 58 à un entre­tien indi­vidu­el. Elles tra­vail­lent au sein du groupe, qui édite les mag­a­zines Grazia, Clos­er, Biba, Télés­tar, Nous deux, Auto­plus, Le Chas­seur Français, etc… Le mal-être des salariés sem­ble cara­biné d’après Le Canard Enchaîné qui en cite les bonnes feuilles : « idées sui­cidaires, références à des vio­lences ver­bales (insultes, cris aux postes de tra­vail) et à des pul­sions agres­sives dirigées envers d’autres salariés et qui s’ex­pri­ment par­fois en mal­trai­tant le matériel ».

Un quart des salariés qui ont accep­té l’en­tre­tien indi­vidu­el ont pleuré pen­dant celui-ci. D’autres ont par­lé « burn-out », décrit leur tra­vail ain­si : « on nous demande de fab­ri­quer des arti­cles comme des yaourts », et pointé le manque de recon­nais­sance de leurs chefs : « si tu n’es pas con­tent, tu peux te cass­er », « vous êtes déjà allés au Pôle emploi des jour­nal­istes », etc.

Le SNJ-CGT fait son pro­pre résumé. L’é­tude démon­tre « l’appréhension très lim­itée par la direc­tion des RPS aux­quels sont exposés les salariés de Mon­dadori France », autrement dit que la direc­tion ne se rend pas compte que l’am­biance au tra­vail est pour­rie, « les con­séquences lour­des des réor­gan­i­sa­tions suc­ces­sives, l’absence d’intérêt de la hiérar­chie pour le tra­vail réel des salariés, la fréquence des vio­lences psy­chologiques dans l’entreprise, des risques impor­tants de “burn-out”, les canaux d’alerte sont défi­cients ou nég­ligés ».

La réac­tion de la direc­tion au ren­du de l’é­tude, le 6 octo­bre, en présence d’un inspecteur du Tra­vail, n’a pas dénoté : un respon­s­able a com­men­té une opéra­tion de dérati­sa­tion prévue dans les locaux dans un mail des­tiné à une col­lègue cadre et envoyé par erreur à tout le per­son­nel : « je suis out­rée que Mon­dadori s’at­taque si lâche­ment à ces petites bêtes si char­mantes. Je vous envoie dès ce soir la ligue de défense des rongeurs et sai­sis le CHSR (comité hygiène et sécu­rité des rongeurs) ».

La bonne blague a causé dès le 9 octo­bre une let­tre de protes­ta­tion inter­syn­di­cale (CGC, CGT, SNJ, FO, CFDT) et le vote de deux motions le 12 octo­bre par 400 salariés sur 700. Une pour pro­test­er con­tre « cette atti­tude [qui] con­stitue un déni des risques psy­choso­ci­aux avérés dans l’en­tre­prise », une autre pour pro­test­er con­tre la réduc­tion des indem­nités de licen­ciement « par deux ou par trois » suite aux propo­si­tions du syn­di­cat des édi­teurs de la presse magazine.

Cepen­dant le ven­dre­di 13 octo­bre Carmine Per­na, directeur général de Mon­dadori France, a recadré les choses et dévoilé son plan pour amélior­er l’am­biance au tra­vail. Cara­biné lui aus­si : « groupes de parole dans le cadre de réor­gan­i­sa­tions, médi­a­tion en cas de con­flits rela­tion­nels, coach­ing man­agér­i­al, dis­posi­tif d’alerte à la Médecine du tra­vail, hot­line psy­chologique, infir­mière à la dis­po­si­tion des salariés, cam­pagne bien-être, assis­tante sociale… ». Mam­ma mia !