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Accueil | Veille médias | Grève au New York Times

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16 décembre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Grève au New York Times

Temps de lecture : 4 minutes

Le NYT est une institution du clergé médiatique libéral libertaire. Un vrai succès économique, le journal woke par excellence qui met une majuscule à Black, mais pas à white. Le même qui voit dans la décapitation de Samuel Paty une bavure policière. Mais dont certains employés se mettent en grève pour des histoires de gros sous.

Voir aus­si : États-Unis, woke, Ubu et le New York Times

Des sous, des sous !

C’est ce que scan­daient imag­i­nons-nous les 1100 employés (sur 1700 au total) du NYT, faisant grève le 8 décem­bre, alors que l’inflation est repar­tie aux Etats-Unis et à New-York en par­ti­c­uli­er. La pre­mière grève depuis 40 ans sur fond de négo­ci­a­tion de con­ven­tion col­lec­tive. Le jour­nal a su pren­dre le virage du numérique et est large­ment béné­fi­ci­aire alors que le nom­bre de quo­ti­di­ens dimin­ue aux Etats-Unis. La direc­tion pro­po­sait bien une hausse de qua­si 12% des salaires… mais répar­tie sur trois ans. Les employés le voient autrement, souhai­tant que la manne des huit mil­lions d’abonnés soit mieux répar­tie entre direc­tion, action­naires et col­lab­o­ra­teurs. On a beau être lib­er­taire, le fond libéral revient vite quand il s’agit d’argent.

Voir aus­si : Fake news : le polici­er tué au Capi­tole de Wash­ing­ton, une affab­u­la­tion avoue le New York Times

« La société ne traite pas très bien les employés syn­diqués. Nous sommes sans con­ven­tion col­lec­tive depuis 20 mois, nous avons tous tra­vail­lé sans arrêt pen­dant le Covid, 20 heures par jour, y com­pris les week-ends, et sans aucune aug­men­ta­tion», a protesté auprès de l’AFP Albert Sun, info­graphiste de 34 ans qui tra­vaille au NYT depuis 11 ans. Pour sa col­lègue Phoebe Lett, il faut se bat­tre pour «obtenir un salaire min­i­mum de 65.000 dol­lars par an (brut et avant impôts)»«C’est impor­tant parce que l’en­tre­prise veut que l’on tra­vaille dans une ville où la vie quo­ti­di­enne est très chère. J’ai des col­lègues qui ont un deux­ième emploi pour garder celui-là, qui est un job de rêve», a souligné auprès de l’AFP cette pro­duc­trice de pod­casts de 31 ans.

Sur une tri­bune impro­visée devant l’im­meu­ble du New York Times, des représen­tants des salariés ont revendiqué avec force, par­fois en chan­son, le fait de «faire le jour­nal» et donc d’être à l’o­rig­ine des béné­fices de l’en­tre­prise, et ont réclamé d’être «payés à (leur) juste valeur». La New York Times Com­pa­ny a pub­lié en novem­bre un chiffre d’af­faires pour le 3e trimestre 2022 de 547 mil­lions de dol­lars con­tre 509 mil­lions pour la même péri­ode de 2021, en hausse de 7,6% sur un an. Mais le béné­fice net trimestriel est en chute de 33% sur un an (36 mil­lions de dol­lars cette année con­tre 54 mil­lions en 2021).

« Décevant »

Dans un com­mu­niqué, la direc­tion a rap­pelé que les négo­ci­a­tions salar­i­ales n’avaient pas échoué et qu’il était «déce­vant que (les employés) en vien­nent à des actions extrêmes alors que nous ne sommes pas dans une impasse». Elle a affir­mé avoir pro­posé une aug­men­ta­tion générale des salaires de «11,5%» sur trois ans à compter de la sig­na­ture d’une nou­velle con­ven­tion col­lec­tive. Tout en menaçant: «La propo­si­tion de la News­Guild, qui ajouterait plus de 100 mil­lions de dol­lars de coûts, rendrait dif­fi­cile le main­tien de nos investisse­ments dans le jour­nal­isme».

Avec ses 1700 salariés, huit mil­lions d’abon­nés et quelque 150 mil­lions de lecteurs par mois, le NYT, mon­u­ment de la presse écrite plutôt classé à gauche, s’est par­faite­ment redressé et adap­té à l’ère numérique avec son site inter­net, ses vidéos, ses pod­casts… Le mou­ve­ment ne devrait pas empêch­er la paru­tion du quo­ti­di­en ven­dre­di: «Pen­dant le débrayage, les employés non syn­diqués de la salle de rédac­tion seront en grande par­tie respon­s­ables de la pro­duc­tion des infor­ma­tions», selon un arti­cle du journal.

Des man­i­fes­tants n’ont pas exclu de pour­suiv­re le mou­ve­ment au-delà de ven­dre­di et une porte-parole du jour­nal a pré­cisé qu’une nou­velle ses­sion de négo­ci­a­tions était prévue mar­di prochain.

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