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États-Unis, woke, Ubu et le New York Times

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28 avril 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | États-Unis, woke, Ubu et le New York Times

États-Unis, woke, Ubu et le New York Times

Temps de lecture : 3 minutes

Le policier qui aurait provoqué la mort du repris de justice George Floyd a été déclaré coupable, c’était écrit. Un peu avant le NYT avait licencié un de ses principaux rédacteurs dans une affaire qui aurait enchanté Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi.

Saint George Floyd

Nous ne refer­ons pas le pané­gyrique, par les médias de grand chemin, de Saint George Floyd, mar­tyr et bien­tôt canon­isé. Comme l’a dit Joe Robi­nette Biden, entre deux siestes, il avait prié pour que le jury « prenne la déci­sion qu’il faut ». Une représen­tante du Con­grès avait déjà prévenu : si le ver­dict n’allait pas dans le sens de la cul­pa­bil­ité, il faudrait descen­dre dans la rue. In God we trust (nous met­tons notre con­fi­ance en dieu) est-il écrit sur les bil­lets verts des dol­lars améri­cains. La prov­i­dence a bien fait les choses : le désigné coupable sera con­damné. D’ailleurs, une des rédac­tri­ces en chef (citée par l’ancien ambas­sadeur d’Israël en France, Ran Halévi dans le Figaro) du Wash­ing­ton Post a bien tiré la leçon de l’affaire en soulig­nant : à Min­neapo­lis, siège du procès, c’est l’Amérique des blancs qui était accusée. En rai­son d’un « crime orig­inel » dont on peut devin­er qu’il devien­dra une anti­enne, une espèce de Shoah bis.

Le NYT et la chasse au mot fantôme

C’est une his­toire presque incroy­able, qui arrive main­tenant out­re-Atlan­tique mais qui pour­rait arriv­er demain en Europe. Un héros mal­heureux, Mr McNeil, un voy­age au Pérou avec des lycéens, une ques­tion déli­cate, un mot hon­ni pronon­cé, et une démis­sion contrainte

Le héros mal­heureux tout d’abord, Don­ald McNeil ; avec un nom pareil il doit être d’origine irlandaise ou écos­saise, autant dire blanc. Ne dis­ons rien sur le prénom qui rap­pelle un récent prési­dent améri­cain. Il a 67 ans, on peut le con­sid­ér­er comme « blanc de plus de 50 ans », il tient une chronique pres­tigieuse, sci­ence et médecine.

Un voy­age en Amérique latine, le Pérou. C’est joli le Pérou, Lima, Cuz­co, les incas, le quechua, les lamas, Zori­no dans le Tem­ple du soleil d’Hergé, on s’y croirait.

Un voy­age péd­a­gogique avec des lycéens, bon­jour les enfants, ça va bien ? Une petite péru­vi­enne à l’âme de future déla­trice (un mal uni­versel), sourire angélique, pose une ques­tion inno­cente : une fille de son école – 12 ans – a posté une vidéo où elle a employé le mot Nig­ger (nègre) ; doit-on la ren­voy­er Mon­sieur le journaliste ?

Don­ald se veut péd­a­gogue, il demande si la fil­lette n’a fait que citer le mot ou si elle l’a util­isé comme insulte ? Et, vous allez frémir d’horreur, il prononce le mot qui com­mence par un N. Enfers et tremblements.

Un aimable par­tic­i­pant, un con­frère peut-être, relate l’épisode à la direc­tion du NYT qui illi­co envoie ses inspecteurs pour avoir le fin mot de cette grave affaire. L’enquête prou­ve qu’il a pronon­cé le N (je n’ose écrire le mot en entier), mais que son inten­tion était pure. Il reçoit un blâme, venez Don­ald que je vous tire l’oreille et ne recom­mencez plus mon gail­lard, la police de la pen­sée et des mots veille.

Affaire classée ? Vous n’y pensez pas mon bon, une péti­tion est signée plus tard par 150 col­lab­o­ra­teurs du jour­nal deman­dant l’exclusion du blanc de plus de 50 ans pour avoir employé un lan­gage (le ter­ri­ble mot N) qui ne peut être admis dans une salle de rédac­tion. McNeil est con­traint à la démis­sion. Cer­tains diront que l’Amérique est en train de se sui­cider ? Ce ne serait pas for­cé­ment une mau­vaise chose…