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Floirac : Sud-Ouest à la rescousse des élus qui votent une subvention à SOS Méditerranée

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17 avril 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Floirac : Sud-Ouest à la rescousse des élus qui votent une subvention à SOS Méditerranée

Temps de lecture : 5 minutes

Le 6 avril, les élus du conseil municipal de la commune de Floirac (Gironde) devaient se prononcer sur le vote d’une subvention à l’ONG SOS Méditerranée. La présentation par le quotidien régional Sud-Ouest des débats qui ont eu lieu à cette occasion est un modèle de parti pris en faveur des élus qui ont voté la subvention.

La plateforme des collectivités solidaires

Le 21 jan­vi­er 2021, 21 col­lec­tiv­ités lançaient une « plate­forme » de sou­tien à l’ONG SOS Méditer­ranée dont le bateau croise en mer Méditer­ranée. Elles s’engageaient à apporter un sou­tien financier à l’organisation et appelaient les autres col­lec­tiv­ités à les rejoindre.

Plusieurs élus de gauche de la com­mune de Floirac en Gironde ont répon­du à cette invi­ta­tion en met­tant à l’ordre du jour de la réu­nion du 6 avril du con­seil munic­i­pal le vote sur la con­clu­sion d’un parte­nar­i­at et le verse­ment d’une sub­ven­tion pérenne à l’ONG SOS Méditerranée.

Un article de Sud-Ouest très engagé

Le quo­ti­di­en région­al Sud-Ouest a con­sacré un arti­cle à cette séance du con­seil munic­i­pal. On com­prend rapi­de­ment à sa lec­ture que tout se serait bien passé s’il n’y avait pas eu une voix dis­cor­dante dans le con­cert de louanges à l’égard de l’ONG.

Le choix des mots, la présen­ta­tion des faits et l’argumentation qui sont con­tenus dans l’article illus­trent le par­ti-pris du jour­nal­iste. Et cela dès le titre dans lequel l’accusation de la majorité de gauche à l’encontre d’un élu du Rassem­ble­ment Nation­al est reprise : « À Floirac, la majorité de gauche dénonce « l’idéologie de haine » du RN ».

Avec une telle accroche, on com­prend que ce ne sont plus des argu­ments rationnels que les élus de gauche prê­tent à l’opposant mais une atti­tude irra­tionnelle : à quoi bon dis­cuter avec quelqu’un qui est motivé par la haine ? La reprise de cette accu­sa­tion par le jour­nal est vrai choix édi­to­r­i­al qui con­tribue à édi­fi­er l’opinion du lecteur.

La descrip­tion de l’ONG dans l’article est plus qu’élogieuse : « l’association civile et européenne de recherche et de sauve­tage en haute mer (a été) créée en 2015 pour sec­ourir les pop­u­la­tions qui tra­versent la Méditer­ranée au péril de leur vie ».

Que SOS Méditer­ranée recueille des migrants en mer est indé­ni­able. Mais l’on pour­rait aus­si présen­ter cette ONG comme favorisant l’immigration illé­gale qui part d’Afrique du nord et impose l’arrivée de nom­breux clan­des­tins en Europe, puisque les migrants ne sont qua­si­ment jamais rac­com­pa­g­nés sur les côtes africaines. On pour­rait aus­si soulign­er le fait que les passeurs et les ONG exac­er­bent l’appel d’air à l’immigration clan­des­tine. C’est d’ailleurs ce que dit en sub­stance l’élu du RN.

Mais selon le jour­nal­iste de Sud-Ouest, quand l’élu du RN exprime ses con­vic­tions, il « peste ». Et il réag­it au vote de la sub­ven­tion à SOS Méditer­ranée en « rageant ». Le jour­nal­iste choisit donc le même reg­istre lex­i­cal que les élus de gauche, tiré des émo­tions néga­tives et incon­trôlées que l’on prête à l’élu du RN.

Dans le dernier para­graphe de l’article, le jour­nal­iste laisse en con­clu­sion la parole à une élue Généra­tions, le mou­ve­ment de Benoit Hamon, qui se répand en élé­ments de lan­gage lénifi­ants sur le vivre ensem­ble et Floirac « terre d’accueil ».

Infos Bordeaux mène l’enquête

Infos Bor­deaux fait par­tie de ces sites d’information locale qui appor­tent une bouf­fée d’oxygène dans un paysage médi­a­tique sou­vent trop corseté. Le site donne une présen­ta­tion bien dif­férente que Sud-Ouest de la séance du con­seil munic­i­pal de Floirac.

L’élu du RN n’est pas présen­té comme tra­ver­sé par les émo­tions les plus incon­trôlées. On apprend qu’il est diplômé de Sci­ences Po Bor­deaux et l’on décou­vre qu’il a des argu­ments rationnels et recev­ables, pour qui se donne la peine de les enten­dre. Notam­ment con­cer­nant les soupçons de col­lu­sion entre les passeurs et cer­taines ONG, un dossier qui s’épaissit lour­de­ment, comme nous le rela­tions dans un arti­cle récent. Le com­mu­niqué de presse que l’élu a pub­lié témoigne d’ailleurs qu’il a des argu­ments qui ne peu­vent être dis­qual­i­fiés avec les procédés les plus éculés.

Info Bor­deaux sig­nale enfin que l’auteur de l’article du jour­nal Sud-Ouest « assume sa volon­té de dis­crim­in­er les élus du Rassem­ble­ment nation­al. Il le déclarait lui-même sur son pro­fil Face­book (nous avions évo­qué l’affaire) : « Oui, per­son­nelle­ment je stig­ma­tis­erai tou­jours les élus FN et j’en n’ai pas honte » ! ».

Vous pen­siez avoir des infor­ma­tions locales et vous avez des infor­ma­tions militantes…

Cela ne n’empêche pas notre idéal­iste de relay­er sur Twit­ter des appels pour « une presse vivante pour une démoc­ra­tie forte ». Une démoc­ra­tie où les élus par le suf­frage pop­u­laire du RN seraient néan­moins stig­ma­tisés sans honte. La démoc­ra­tie, mais point trop n’en faut.

Nuits paisibles à Floirac

Alors que la com­mune de Floirac s’apprête donc à vers­er une sub­ven­tion annuelle à SOS Méditer­ranée qui per­me­t­tra à des migrants d’arriver en toute illé­gal­ité dans un con­ti­nent européen en pleine dépres­sion économique, la lec­ture d’autres arti­cles de la presse quo­ti­di­enne régionale nous apprend que le désœu­vre­ment de cer­tains jeunes habi­tants de Floirac les amène à faire des « bêtis­es ».

En sep­tem­bre 2020, trois pom­piers blessés lors d’une attaque au morti­er au cours d’une inter­ven­tion, une bande fil­mait la scène.

Tirs de mortiers et jets de pro­jec­tile con­tre des policiers depuis deux mois selon un syn­di­cal­iste polici­er dans Sud-Ouest en jan­vi­er 2021.

« Four­gon incendié et tags injurieux »  le 11 avril selon Sud-Ouest.

Par con­tre, nulle trace dans les arti­cles d’«idéolo­gie de haine » dont est taxé l’élu RN de Floirac…Il est vrai que la réac­tion de la majorité de gauche n’a pas été sol­lic­itée. Un réc­it factuel, presque clin­ique. Aucun pathos cette fois-ci.

Nous lais­serons la con­clu­sion à Gré­goire de Four­nas sur Twitter :