Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

20 mai 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

Temps de lecture : 3 minutes

Pas de neutralité qui tienne pour les pirates informatiques qui s’en sont pris à divers médias suisses, créant un vent d’inquiétude, pour ne pas dire de panique, qui a notamment entraîné l’intervention de la justice.

« Play » avec les médias

L’affaire a débuté le 24 mars dernier lorsque des pirates d’un groupe appelé « Play » ont pénétré les sys­tèmes infor­ma­tiques de NZZ (Neue Zürcher Zeitung, le jour­nal de langue alle­mande con­sid­éré comme « de référence ») et de CH Media (qui édite notam­ment l’Aar­gauer Zeitung, la Luzern­er Zeitung et le St. Galler Tag­blatt).  Selon un scé­nario désor­mais tris­te­ment clas­sique, les « hack­ers »  ont volé des stocks de don­nées con­fi­den­tielles avant de men­ac­er les entre­pris­es visées de les dif­fuser sur le net si ces dernières ne s’acquittaient pas d’une rançon (au mon­tant non révélé). NZZ et CH Media n’ayant pas obtem­péré à la demande des pirates, ce sont près de 500 gigaoctest de don­nées qui ont donc été dif­fusées sur le Dark­Net, en deux temps, les 3 et 11 mai derniers. Des don­nées con­sid­érées comme « sen­si­bles » con­cer­nant notam­ment les divers clients des deux groupes de presse mais aus­si des collaborateurs.

La cyber­at­taque a égale­ment eu des réper­cus­sions directes sur les médias de CH Media et du NZZ qui ont dû renon­cer tem­po­raire­ment à leurs pages régionales et paraître sous forme réduite plusieurs jours.

Des confrères évoquent l’affaire, la justice s’en mêle…

Cette attaque de grande enver­gure sur des médias emblé­ma­tiques a évidem­ment fait beau­coup de bruit dans la con­fédéra­tion et de nom­breux médias, non-visé par les pirates, s’en sont faits l’écho. Une pub­lic­ité qui n’a pas été du goût des deux vic­times con­sid­érant que ces pub­li­ca­tions pou­vaient favoris­er une plus grande dif­fu­sion des don­nées volées et donc aggraver le préju­dice subi.

Ain­si, plusieurs médias, dont le jour­nal pro­gres­siste fran­coph­o­ne «Le Temps» ont été som­més par les avo­cats de CH Media et la NZZ, de ne pub­li­er aucune infor­ma­tion con­fi­den­tielle liée à la cyber­at­taque subie voire de mod­i­fi­er ou de retir­er des arti­cles déjà parus en ligne sur ce sujet. Selon les rédac­teurs du « Temps » cette démarche représente une pre­mière en Suisse et pose de nom­breuses ques­tions en ter­mes de lib­erté de la presse et de droit à l’information. De leur côté, les avo­cats des groupes piratés  arguent que «les atteintes à la per­son­nal­ité ne peu­vent être évitées qu’en s’opposant au traite­ment et à la dif­fu­sion d’informations con­fi­den­tielles et par­fois sen­si­bles » et que leur démarche vise à « éviter la prop­a­ga­tion d’informations stricte­ment con­fi­den­tielles résul­tant de ce vol de don­nées et de pro­téger leurs parte­naires con­tractuels et leurs collaborateurs»

Le tribunal saisi

Pour le moment, la jus­tice sem­ble suiv­re l’argumentaire des avo­cats, le Tri­bunal du can­ton d’Argovie affir­mant notam­ment que «la disponi­bil­ité d’informations sur le dark­net ne jus­ti­fie pas la dif­fu­sion de ces infor­ma­tions par ailleurs con­fi­den­tielles, d’autant plus que seul un petit cer­cle de per­son­nes tech­nique­ment expéri­men­tées peut accéder au dark­net et peut y télécharg­er des infor­ma­tions. Une divul­ga­tion de ces infor­ma­tions par des médias plus tra­di­tion­nels équiv­audrait donc à aug­menter con­sid­érable­ment le cer­cle de per­son­nes qui peu­vent en pren­dre con­nais­sance

Cet appel au silence radio sur l’affaire passe assez mal auprès de cer­tains médias qui voient là une ten­ta­tive de cen­sure. C’est notam­ment le cas de Zentralplus.ch dont trois arti­cles sur ce sujet ont été sup­primés et qui con­tin­ue à « défendre l’idée qu’il était légitime de ren­dre compte du con­tenu de la fuite de don­nées en rai­son de la forte impli­ca­tion en Suisse cen­trale des sociétés touchées et de l’intérêt pub­lic qui en découle.»

Voir aus­si : « Le Temps », ou le jour­nal­isme comme épouvantail