Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Accueil | Veille médias | Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

L’article que vous allez lire est gratuit. Le mois de décembre est le plus important pour nous, celui où nos lecteurs peuvent nous aider par un don avec un reçu fiscal pour 2023 de 66% de leur don. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

20 mai 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

Des pirates sèment la panique dans les médias suisses

Temps de lecture : 3 minutes

Pas de neutralité qui tienne pour les pirates informatiques qui s’en sont pris à divers médias suisses, créant un vent d’inquiétude, pour ne pas dire de panique, qui a notamment entraîné l’intervention de la justice.

« Play » avec les médias

L’affaire a débuté le 24 mars dernier lorsque des pirates d’un groupe appelé « Play » ont pénétré les sys­tèmes infor­ma­tiques de NZZ (Neue Zürcher Zeitung, le jour­nal de langue alle­mande con­sid­éré comme « de référence ») et de CH Media (qui édite notam­ment l’Aar­gauer Zeitung, la Luzern­er Zeitung et le St. Galler Tag­blatt).  Selon un scé­nario désor­mais tris­te­ment clas­sique, les « hack­ers »  ont volé des stocks de don­nées con­fi­den­tielles avant de men­ac­er les entre­pris­es visées de les dif­fuser sur le net si ces dernières ne s’acquittaient pas d’une rançon (au mon­tant non révélé). NZZ et CH Media n’ayant pas obtem­péré à la demande des pirates, ce sont près de 500 gigaoctest de don­nées qui ont donc été dif­fusées sur le Dark­Net, en deux temps, les 3 et 11 mai derniers. Des don­nées con­sid­érées comme « sen­si­bles » con­cer­nant notam­ment les divers clients des deux groupes de presse mais aus­si des collaborateurs.

La cyber­at­taque a égale­ment eu des réper­cus­sions directes sur les médias de CH Media et du NZZ qui ont dû renon­cer tem­po­raire­ment à leurs pages régionales et paraître sous forme réduite plusieurs jours.

Des confrères évoquent l’affaire, la justice s’en mêle…

Cette attaque de grande enver­gure sur des médias emblé­ma­tiques a évidem­ment fait beau­coup de bruit dans la con­fédéra­tion et de nom­breux médias, non-visé par les pirates, s’en sont faits l’écho. Une pub­lic­ité qui n’a pas été du goût des deux vic­times con­sid­érant que ces pub­li­ca­tions pou­vaient favoris­er une plus grande dif­fu­sion des don­nées volées et donc aggraver le préju­dice subi.

Ain­si, plusieurs médias, dont le jour­nal pro­gres­siste fran­coph­o­ne «Le Temps» ont été som­més par les avo­cats de CH Media et la NZZ, de ne pub­li­er aucune infor­ma­tion con­fi­den­tielle liée à la cyber­at­taque subie voire de mod­i­fi­er ou de retir­er des arti­cles déjà parus en ligne sur ce sujet. Selon les rédac­teurs du « Temps » cette démarche représente une pre­mière en Suisse et pose de nom­breuses ques­tions en ter­mes de lib­erté de la presse et de droit à l’information. De leur côté, les avo­cats des groupes piratés  arguent que «les atteintes à la per­son­nal­ité ne peu­vent être évitées qu’en s’opposant au traite­ment et à la dif­fu­sion d’informations con­fi­den­tielles et par­fois sen­si­bles » et que leur démarche vise à « éviter la prop­a­ga­tion d’informations stricte­ment con­fi­den­tielles résul­tant de ce vol de don­nées et de pro­téger leurs parte­naires con­tractuels et leurs collaborateurs»

Le tribunal saisi

Pour le moment, la jus­tice sem­ble suiv­re l’argumentaire des avo­cats, le Tri­bunal du can­ton d’Argovie affir­mant notam­ment que «la disponi­bil­ité d’informations sur le dark­net ne jus­ti­fie pas la dif­fu­sion de ces infor­ma­tions par ailleurs con­fi­den­tielles, d’autant plus que seul un petit cer­cle de per­son­nes tech­nique­ment expéri­men­tées peut accéder au dark­net et peut y télécharg­er des infor­ma­tions. Une divul­ga­tion de ces infor­ma­tions par des médias plus tra­di­tion­nels équiv­audrait donc à aug­menter con­sid­érable­ment le cer­cle de per­son­nes qui peu­vent en pren­dre con­nais­sance

Cet appel au silence radio sur l’affaire passe assez mal auprès de cer­tains médias qui voient là une ten­ta­tive de cen­sure. C’est notam­ment le cas de Zentralplus.ch dont trois arti­cles sur ce sujet ont été sup­primés et qui con­tin­ue à « défendre l’idée qu’il était légitime de ren­dre compte du con­tenu de la fuite de don­nées en rai­son de la forte impli­ca­tion en Suisse cen­trale des sociétés touchées et de l’intérêt pub­lic qui en découle.»

Voir aus­si : « Le Temps », ou le jour­nal­isme comme épouvantail