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Soumission au pouvoir, l’exemple Ringier : « Nous voulons soutenir le gouvernement »

13 janvier 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Soumission au pouvoir, l’exemple Ringier : « Nous voulons soutenir le gouvernement »

Temps de lecture : 4 minutes

Que certains médias soient engagés fermement dans la défense du monde libéral libertaire, de ses intérêts matériels et moraux, n’est pas une franche nouvelle. Que le responsable d’un grand groupe suisse de médias comme le groupe Ringier l’affirme publiquement est plus étonnant. Nous reproduisons un article venu d’Allemagne sur le sujet.

Marc Walder, DG de Ringier soutient le gouvernement

ZURICH. Le directeur général du groupe de médias suisse Ringi­er, Marc Walder, a annon­cé qu’il avait don­né cer­taines con­signes à toutes les rédac­tions du groupe pour traiter du coro­na. « Nous voulons soutenir le gou­verne­ment, au moyen de nos reportages, afin que nous puis­sions tous tra­vers­er la crise en toute sécu­rité », avait-il déclaré en févri­er 2021 lors d’une con­férence en ligne à huis clos de la Swiss Man­age­ment Soci­ety.

Le mag­a­zine Nebelspal­ter a pub­lié il y a quelques jours un enreg­istrement de ses déc­la­ra­tions. Le tabloïd Ringi­er Blick, con­traire­ment à son homo­logue alle­mand Bild-Zeitung, n’a exprimé aucune cri­tique « vache­ment dure » des mesures du gou­verne­ment. Cela ne servi­rait à per­son­ne pour le moment.

Pen­dant la pandémie, les médias auraient « une dimen­sion sup­plé­men­taire de respon­s­abil­ité » et ne devraient pas creuser de fos­sé entre l’É­tat et la société, a rap­pelé Walder. Inter­rogée par le mag­a­zine sur la ques­tion de savoir si la lib­erté de la rédac­tion était men­acée, une porte-parole du groupe de presse a répon­du par la néga­tive. Il y aurait depuis plusieurs années un dia­logue indi­vidu­el et con­struc­tif entre les rédac­teurs en chef et Walder.

Critiques sévères de la part d’autres médias

Selon le rédac­teur en chef de Welt­woche et mem­bre du SVP (n.d.t. : Schweiz­er Volkspartei : par­ti de droite, con­ser­va­teur), Roger Köp­pel : « Bien sûr, en tant que chef d’une entre­prise de médias, Walder a le droit de don­ner un cer­tain cap à ses jour­nal­istes. Per­son­ne n’est obligé de tra­vailler pour Ringi­er. « Le prob­lème, c’est l’at­ti­tude, le cre­do jour­nal­is­tique de l’en­tre­prise Ringi­er elle-même, son étroite prox­im­ité avec les puis­sants, sa soumis­sion dévote au pou­voir, que Walder essaie de faire pass­er pour un acte de respon­s­abil­ité civique. »

Un autre média, le Tage­sanzeiger, note : « Les jour­nal­istes doivent pou­voir faire des recherch­es ouverte­ment et écrire en toute lib­erté sur les résul­tats de ces recherch­es. Tout le reste est du domaine des rela­tions publiques. » On pour­rait douter que cette exi­gence soit tou­jours par­faite­ment respec­tée, les jour­nal­istes ayant après tout des opin­ions poli­tiques per­son­nelles et les édi­teurs étant, en fin de compte, des entre­pre­neurs qui éval­u­ent le tra­vail de leurs employés et influ­en­cent la poli­tique du per­son­nel. « Cepen­dant, il n’est pas accept­able que le directeur général d’une mai­son d’édi­tion tente d’ori­en­ter dans une direc­tion bien pré­cise toute la cou­ver­ture médi­a­tique d’un sujet déterminé. »

Ringier avait demandé la confidentialité

Le Neue Zürcher Zeitung, quant à lui, a déclaré: « Ce que le DG de l’une des plus grandes entre­pris­es de médias de Suisse exprime ain­si, c’est une déc­la­ra­tion de fail­lite jour­nal­is­tique. Sans cir­con­stances atténu­antes, car Walder sem­ble savoir ce qu’il fait. Sa demande de con­fi­den­tial­ité — « Je serais con­tent si cela restait entre nous » — indique qu’il est bien con­scient qu’il trahit les valeurs de sa pro­pre affaire. »

Vote en Suisse sur les subventions : Ringier, grand bénéficiaire.

Les com­men­ta­teurs des jour­naux con­cur­rents ont égale­ment souligné que les déc­la­ra­tions de Walder seraient explo­sives égale­ment en rai­son du référen­dum sur un « paquet de mesures en faveur des médias » se ten­ant en Suisse dans quelques semaines et qui con­cerne une sub­ven­tion d’en­v­i­ron 150 mil­lions d’eu­ros par an pour les maisons d’édi­tion. Ringi­er serait l’un des prin­ci­paux béné­fi­ci­aires de cette nou­velle loi sur les médias.

Ringi­er, l’une des plus grandes entre­pris­es de médias de Suisse, édite égale­ment des médias en Hon­grie, Pologne, Ser­bie et Slo­vaquie via une col­lab­o­ra­tion avec son homo­logue alle­mand, le Axel Springer Ver­lag.

Source : Junge Frei­heit, 04/01/2022. Tra­duc­tion : AC

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