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Exploitation des sites d’information : la Suisse demande des comptes à Google

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30 mars 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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Exploitation des sites d’information : la Suisse demande des comptes à Google

Temps de lecture : 3 minutes

L’influence croissante des GAFAM dans le domaine médiatique amène son lot de questions et de controverses. La Suisse nous en fournit un nouvel exemple en demandant à Google une rémunération pour pouvoir diffuser les médias helvétiques sur son moteur de recherche.

154 millions de francs suisses réclamés à Google

L’as­so­ci­a­tion des édi­teurs alé­maniques Schweiz­er Medi­en a man­daté un cab­i­net afin de chiffr­er les béné­fices faits par Google grâce aux médias d’in­for­ma­tion suiss­es. Sec­ondée, entre autres, par l’U­ni­ver­sité de Zurich et le cab­i­net Fehr Archives, l’as­so­ci­a­tion a mon­tré que 86% des Suiss­es se ser­vent du moteur de recherche afin de chercher une infor­ma­tion. L’é­tude, réal­isée à par­tir d’un pan­el de 1573 citoyens alé­maniques et romans, âgés de 18 à 64 ans, con­clut égale­ment que 9% des citoyens sondés utilisent ensuite le moteur de recherche afin de faire une sec­onde recherche. Par con­séquent, Google aug­menterait son chiffre d’af­faires grâce aux médias suiss­es, et en con­trepar­tie une enveloppe d’ « au moins » 154 mil­lions de francs par an est demandée par l’as­so­ci­a­tion des édi­teurs Schweiz­er Medien.

Le Con­seil fédéral suisse devrait met­tre en place une con­sul­ta­tion sur le sujet prochaine­ment. Le prési­dent du par­ti libéral-rad­i­cal, Thier­ry Burkart, a de son côté déclaré être favor­able à l’in­tro­duc­tion d’un droit voisin en Suisse afin que les médias suiss­es soient mieux rétribués. Une propo­si­tion qui per­me­t­trait de ne pas vers­er d’aide directe aux médias, ce à quoi est opposé Thier­ry Burkart.

La question des « droits voisins »

Ce cas est un énième épisode con­cer­nant l’ex­ploita­tion des sites d’in­for­ma­tion par une multi­na­tionale, dans une péri­ode où la presse nationale se porte de plus en plus en mal. Entre la défi­ance des lecteurs et la baisse des chiffres d’af­faires, les groupes cherchent des expé­di­ents afin de rem­plir leurs caiss­es. Cette exploita­tion est cen­trée autour de la ques­tion des droits voisins (droits par lesquels un édi­teur peut deman­der une rétri­bu­tion à un site util­isant son con­tenu). Depuis 2019, l’U­nion européenne a intro­duit, en théorie, le droit voisin dans sa lég­is­la­tion. En pra­tique, Google est très réti­cent à vers­er les sommes qu’il doit et s’il le fait, il s’arrange pour le faire dans un cadre très avan­tageux pour lui. Il y a quelques mois, l’AFP, qui, juste­ment, voulait se servir de ce droit voisin afin d’obtenir une rémunéra­tion de Google, avait dû faire le dos rond.

Le référencement ? Une rémunération selon Google…

La société améri­caine a répon­du aux édi­teurs suiss­es en indi­quant que les con­tenus jour­nal­is­tiques ne sont qu’une faible par­tie de son chiffre d’af­faires. En out­re, Google a déjà ver­sé 59 mil­lions de dol­lars entre 2018 et 2020 à titre de sub­ven­tions pub­lic­i­taires aux cinq plus gros édi­teurs suiss­es. Enfin, il ajoute que le référence­ment des sites et leur présence dans le moteur de recherche con­stituent une pub et donc une forme de rémunéra­tion. Comme dans le cas français, Google joue la carte de la « double-rémunération ».

Une énième chi­cane compt­able qui mon­tre l’in­flu­ence des GAFAM sur nos médias. Rap­pelons d’ailleurs que Google et Face­book sont les spon­sors de cer­tains de nos plus gros titres pour les for­mer au fact-check­ing. Ajou­tons enfin qu’une par­tie de ces accords sont une con­trepar­tie à l’in­tro­duc­tion des droits voisins.