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Crise d’ado tardive ? Matthieu Pigasse veut « mettre le feu »

9 décembre 2015

Temps de lecture : 2 minutes
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Crise d’ado tardive ? Matthieu Pigasse veut « mettre le feu »

Temps de lecture : 2 minutes

Il dirige la banque Lazare et possède des journaux bienpensants mais se rêve en révolutionnaire qui fait « vomir le bourgeois » – son client et son lecteur. Quand l’époque devient vraiment confuse…

Tycoon médi­a­tique, pro­prié­taire des Inrock­upt­ibles, du Monde (avec Bergé et Niel), de L’Obs, de Radio Nova et du Huff­in­g­ton Post, le directeur de la banque Lazard qui ne cache pas ses visées expan­sion­nistes dans les médias se lâche dans le numéro de décem­bre de GQ. Il y con­fie ses rêves sous l’é­ten­dard sang et char­bon de la révolution.

Inter­rogé par le mag­a­zine branché sur ce qu’il lui reste encore à vivre, le mil­liar­daire répond avec vivac­ité : “Hon­nête­ment ? la révo­lu­tion (…) ou l’in­sur­rec­tion, à défaut de la révo­lu­tion” ! Sans imag­in­er une seule sec­onde qu’une véri­ta­ble révo­lu­tion le ver­rait sus­pendu à un lam­padaire, notre ban­quier-révo­lu­tion­naire estime que “dans la vie, il faut met­tre le feu”. Et le voilà qui cite dans la foulée le Comité Invis­i­ble, auteur de L’In­sur­rec­tion qui vient (2007) : “quand le pou­voir est dans le caniveau, il faut le piétin­er”. Il appré­cie : “belle phrase !” Pas sûr, pour­tant que les anar­chistes dudit Comité invis­i­ble appré­cient l’hommage du prédateur…

Pigasse en prof­ite égale­ment pour faire état de tout le bien qu’il pense de ses lecteurs, puisqu’on peut dif­fi­cile­ment estimer que le Huff­in­g­ton Post ou L’Obs s’adressent aux mass­es pop­u­laires et font grand cas des tra­vailleurs. Para­phras­ant Flaubert, il affirme en effet : “j’agis pour faire vom­ir le bour­geois”. Et au pas­sage, il en prof­ite pour ten­ter de salir ce qu’il ne sera pour le coup jamais : “et je vom­is l’aris­to­cratie”.

Le ban­quier richissime drapé dans l’é­ten­dard de la ver­tu révo­lu­tion­naire se pose en mod­èle : “je ne pos­sède rien, car j’in­vestis la total­ité de mes act­ifs pour essay­er de chang­er les choses. Je vis dans l’ascétisme”. À 5 mil­lions d’€ par an c’est un ascétisme qui ne prend pas grand-risque, bref un ascétisme somme toute très bourgeois…

Infographie : Matthieu Pigasse

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