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Colombes : quand une attaque terroriste devient un “accident de la circulation”

10 août 2020

Temps de lecture : 4 minutes
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Colombes : quand une attaque terroriste devient un “accident de la circulation”

Temps de lecture : 4 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale 2020. Pre­mière dif­fu­sion le 29 avril 2020

Lundi 27 avril, un automobiliste a délibérément percuté deux policiers à Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Il a grièvement blessé l’un d’entre eux, plus légèrement l’autre. Il a revendiqué cet acte au nom de l’État islamique. Certains médias ont manié l’art de la circonvolution avec un grand talent — comme souvent — au point de passer à côté de l’essentiel.

Dans le flot d’informations dans lequel nous baignons, les gros titres des arti­cles nous aident à choisir l’article que nous allons lire com­pléte­ment. Un acci­dent de la route, mal­heureuse­ment très banal, retient a pri­ori moins notre atten­tion qu’un atten­tat à moti­va­tion islamiste con­tre des policiers. Dans la présen­ta­tion d’une attaque con­tre deux policiers le 27 avril à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, les titres de cer­tains arti­cles sont de façon assez édi­fi­ante dans le reg­istre « acci­dent de la route » et non dans celui du terrorisme.

« Percutés par un automobiliste »

Peu de temps après l’agression, 20 Min­utes et BFMTV ont tous deux choisi de présen­ter les événe­ments par le titre suiv­ant : « Deux policiers blessés après avoir été per­cutés par un auto­mo­biliste ».

L’utilisation de la voix pas­sive pour présen­ter les faits con­duit à pass­er sous silence le cours bru­tal des événe­ments : l’automobiliste a pour­tant bel et bien fon­cé délibéré­ment sur deux policiers. Tant le car­ac­tère volon­taire de cet acte que les moti­va­tions de l’agresseur sont passés sous silence dans le titre de l’article. On en déduit qu’il s’agit d’un nou­veau et mal­heureux fait divers.

Actu Orange (6medias) ne par­le même plus d’un auto­mo­biliste mis en cause dans le titre de l’article con­sacré à l’événement. Le site d’actualité du four­nisseur d’accès titre sur « deux policiers blessés par une voiture, un blessé très grave ». On peut se deman­der s’il y avait un con­duc­teur à son bord, et si ce n’est tout sim­ple­ment pas une voiture dont le frein à main n’était pas ser­ré qui a roulé vers les deux policiers.

Yahoo News est sur le même reg­istre : « deux policiers blessés, dont un en urgence absolue, après avoir été per­cutés par un auto­mo­biliste ». À peine plus téméraire, RTL nous apprend qu’« un polici­er a été grave­ment blessé lors d’un con­trôle routier ».

Un conducteur qui « voulait mourir en martyr »

Il faut lire des médias moins tim­o­rés ou plus respectueux de leurs lecteurs non seule­ment pour trou­ver des titres d’articles moins pudiques, mais égale­ment pour avoir des infor­ma­tions passées sous silence, car prob­a­ble­ment pas poli­tique­ment correctes.

Valeurs actuelles titre sans détour sur « un auto­mo­biliste fonce sur deux policiers pour l’État islamique ». La forme active employée par le jour­nal­iste met en scène un sujet – l’automobiliste – un verbe désig­nant la car­ac­tère volon­taire de l’agression – il « fonce », et un com­plé­ment, les deux policiers faisant le con­trôle routi­er. La moti­va­tion affichée de l’auteur de l’agression est men­tion­née sans détour : il a fait ce geste au nom de l’État islamique. Dans le corps de l’article, l’hebdomadaire nous apprend que l’auteur de l’attentat est Youssef T., ce qui est un indice de sa reli­gion. Fait sup­plé­men­taire, nous apprenons ensuite que l’auteur de l’agression revendique son acte au nom de l’État islamique et qu’il venait de voir une vidéo sur la Pales­tine. La moti­va­tion islamiste est donc claire­ment revendiquée par l’individu.

Dans le même reg­istre explicite, Sput­niknews nous apprend que l’agresseur, Youssef T., « avait voulu mourir en mar­tyr » et qu’il a lais­sé un mes­sage et un couteau dans sa voiture.

En dépit de ces faits acca­blants, nous apprenons que selon les autorités, « l’hypothèse ter­ror­iste n’est pour l’heure pas écartée ».

Boule­vard Voltaire nous le rap­pelle, avec ce nou­v­el atten­tat : le coro­n­avirus n’est pas le seul dan­ger en France. Comme nous le soulignions égale­ment récem­ment, les émeutes en ban­lieues ont fait l’objet d’une très faible cou­ver­ture médi­a­tique. Il en est de même pour celle des récents atten­tats islamistes à Romans sur Isère le 7 avril et le 27 avril à Colombes. Pour un arti­cle décrivant de façon édul­corée l’agression con­tre deux policiers dans les Hauts de Seine, com­bi­en de men­songes par occul­ta­tion, avec des bul­letins d’information qui le lende­main de l’attentat l’ont com­pléte­ment passé sous silence, comme s’il n’avait pas d’importance dans ce qu’il dit de la société française, d’une cer­taine haine anti-flic, anti-français de souche, anti-européen ?

La guerre con­tre le coro­n­avirus ne sem­ble vis­i­ble­ment pour de nom­breux médias pas souf­frir de détours, tous mobil­isés con­tre un seul enne­mi, un virus invisible…

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