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Clément Viktorovitch et les anaphores sur France Info

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7 mars 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Clément Viktorovitch et les anaphores sur France Info

Clément Viktorovitch et les anaphores sur France Info

Temps de lecture : 4 minutes

Anaphores, antithèses, périphrases, des procédés rhétoriques et verbaux que dissèque chaque soir sur France Info Clément Viktorovitch afin, dit-il, d’éviter au citoyen de tomber dans les pièges tendus par nos dirigeants et leurs concurrents. Nous avons suivi, durant une semaine (du 21 au 24 février 2022), sa chronique. Intitulée Entre les lignes, diffusée chaque soir vers 19h45. Où on retrouve bien la ligne éditoriale du service public.

Un parrainage « moral »

Vik­torovitch se con­tente le plus sou­vent d’évoquer la forme plutôt que le fond. Certes, il n’a jamais pré­ten­du faire autre chose. Néan­moins, le jeu­di 24 févri­er, il se posait la ques­tion « par­rain­er est-ce soutenir ? ». Cette chronique fai­sait suite à la vidéo de David Lis­nard, prési­dent de l’Association des maires de France, qui juste­ment dis­ait que par­rain­er n’est pas soutenir. Réponse de Vik­torovitch : Lis­nard a rai­son sur le plan juridique, mais pas moral. En effet le Petit Robert définit le par­rainage comme une cau­tion morale. Con­clu­sion : changeons le mot, mais pas le sys­tème. Si cer­tains élé­ments de con­texte sont évo­qués, jamais il ne pointe du doigt la réforme de 2016, faite par François Hol­lande, qui met fin à l’anonymat des parrainages.

Il y a « guerre » et « guerre »

Le jeu­di 24 févri­er, l’Histoire toque à nos portes. Vladimir Pou­tine envahit l’Ukraine, notre rhé­teur se penche alors sur le mot guerre, util­isé selon lui à tort et à tra­vers. Il se dit donc « très con­tent » que le prési­dent l’emploie dans ce con­texte et rap­pelle les usages, selon lui mal­adroits, de ce mot aupar­a­vant. Il cite l’exemple de Georges.W.Bush qui dis­ait, après le 11 sep­tem­bre, être en guerre con­tre la bar­barie. Il cite ensuite Manuel Valls au soir du 13 novem­bre 2015, déclarant la guerre à l’islamisme. Il ter­mine enfin par repren­dre Emmanuel Macron le 17 mars 2020, déclarant la guerre au COVID 19. Bien évidem­ment, pour Clé­ment Vik­torovitch, la guerre con­tre l’islamisme n’est pas une vraie guerre. Bien qu’elle ait des morts et ses mar­tyrs, le mot est trop fort. Idem pour le COVID. Ici, notre ana­lyste pour­rait se deman­der pourquoi le chef de l’État avait employé un tel mot. Peut-être pour jus­ti­fi­er, par avance, un état d’exception bafouant une grande par­tie des lib­ertés indi­vidu­elles ? Finale­ment, Clé­ment con­clut à un retour du sens orig­inel du mot guerre. Tout ça pour ça diront certains.

Saint Michel belliciste

Un cas fait excep­tion : lorsqu’il s’agit de thèmes d’ « extrême droite ». Par exem­ple, le lun­di 21 févri­er, lorsque la chronique porte sur le dis­cours d’Éric Zem­mour au Mont-Saint-Michel. Dans ce cas, le chroniqueur n’hésite pas à dire qu’Éric Zem­mour, au-delà de prévoir un con­flit religieux, l’appelle de ses vœux. Pourquoi ? Car il cite Saint-Michel et amène donc le religieux en poli­tique et donc la pos­si­bil­ité d’une guerre de reli­gion. Un raison­nement qu’il étoffe en expli­quant que la France est laïque et que Zem­mour rompt avec la tra­di­tion répub­li­caine. Com­ment ? En pro­posant un retour au roi ? En pro­mou­vant Mau­r­ras ? Non, juste en dis­ant « Vive la République et SURTOUT vive la France ! ». La République en trem­ble. Dans ce cas, le chroniqueur ne se prive pas de sor­tir allè­gre­ment du con­texte qui d’habitude lui est cher.Idem en jan­vi­er 2022, lorsqu’il se penche sur la presta­tion de Zem­mour devant les syn­di­cats de police. Il revient sur la phrase où le can­di­dat explique qu’il n’existe pas de vio­lence poli­cière. Et con­clut, après une longue expli­ca­tion que Zem­mour légitime (sic) par avance les vio­lences à l’égard d’une par­tie de la pop­u­la­tion et con­clut : « Nous ne pour­rons pas dire que nous ne savions pas. ».

Une con­clu­sion digne des belles heures de l’antifascisme de pacotille, ou encore du ser­vice pub­lic français de l’audiovisuel, et qui mon­tre les lim­ites de la neu­tral­ité du jeune pro­fesseur de Sci­ences Po Paris, on échappe dif­fi­cile­ment à son milieu.

Voir aus­si : Clé­ment Vik­torovitch, portrait