Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Avec quels fonds s’est lancé Médiapart ?

18 octobre 2018

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Avec quels fonds s’est lancé Médiapart ?

Avec quels fonds s’est lancé Médiapart ?

Temps de lecture : 4 minutes

Aude Lancelin, aux commandes d’un Média en perdition, a balancé lors du lancement de la saison 2 de la web-télé de gauche que Médiapart disposait de 3 millions d’euros d’apports extérieurs, avant même d’avoir eu son premier abonné. Qu’en est-il vraiment ?

Actionnaires de départ

D’après Libé, les six fon­da­teurs Gode­froy Beau­val­let, François Bon­net, Gérard Desportes (par­ti en 2010), Lau­rent Mauduit, Edwy Plenel et Marie-Hélène Smié­jan ont mis 1.325.000 € d’apports pro­pres, dont 550.000 pour Marie-Hélène Smié­jan qui avait ven­du pour cela un tableau de Jules Dupré ; Edwy Plenel emprunte 360.000 € sur dix ans, Lau­rent Mauduit apporte 100.000 €, François Bon­net 80.000. Deux autres action­naires, Jean-Louis Bouchard (Eco­fi­nance) et Thier­ry Wil­helm (Doxa) ont ajouté 1,1 mil­lion d’euros.

Fon­da­teur de la société de ser­vices numériques aux entre­pris­es Econo­com (ex-ECS), Jean-Louis Bouchard est aus­si l’ex-employeur de Marie-Hélène Smié­jan. Même s’il claque la porte du con­seil d’administration après l’affaire Woerth, il ne reven­dra pas ses parts alors que les révéla­tions s’enchaînent et que l’audience du site grimpe.

Le ban­quier Chris­t­ian Cigan­er, frère de Cécil­ia ex-Sarkozy, con­seille les fon­da­teurs. Benoît Thieullin, qui venait de par­ticiper à la cam­pagne numérique de Ségolène Roy­al, et qui avait fondé son pro­pre site fondé sur la démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive, avec Mau­rice Lévy, Stéphane Hes­sel, Agnès B ou encore Luc Dar­d­enne comme action­naires, arrive dans les bagages de Gode­froy Beauvallet.

Pour Jean-Louis Bouchard et Thier­ry Wil­helm – qui sou­tient la presse très large­ment, de Causeur à Ter­ra Eco, et a été action­naire de Poli­tis par le passé, « ce qui les intéresse dans notre aven­ture, c’est à la fois l’en­jeu démoc­ra­tique – la lib­erté et le plu­ral­isme de l’in­for­ma­tion – et le lab­o­ra­toire économique – l’in­ven­tion d’un nou­veau mod­èle sur le Net », expli­quait Médi­a­part en 2008.

De bons amis aussi

La société des Amis de Médi­a­part apporte 504.000 €. Leurs 88 noms n’ont jamais été ren­dus publics, mais on y trou­ve Mau­rice Lévy, PDG de Pub­li­cis, ou encore Xavier Niel (2 fois 100.000 €), ain­si que des ex-parte­naires de Thieullin comme Stéphane Hes­sel, Luc Dar­d­enne ou Sarah Moon. Sans oubli­er Stéphane Fouks (Euro RSCG), plus tard mis en cause par le site, ou encore Nico­las Bor­das, vice-prési­dent Europe de l’agence TBWA, qui donne à Médi­a­part son slo­gan : l’info part de là. Le cap­i­tal total était donc de 2.939.000 euros.

Et un fonds d’investissement

En mars 2008, alors que les 10.000 abon­nés néces­saires au lance­ment ne sont pas au ren­dez-vous, la jour­nal­iste Mar­tine Orange amène le fonds Odyssée Ven­ture, des­tiné aux per­son­nes redev­ables de l’ISF. Ce dernier injecte dis­crète­ment 1 mil­lion d’euros en échange de 22% du cap­i­tal. Il récupère large­ment sa mise en 2014 – 2.5 mil­lions d’euros, que Médi­a­part paie en prenant dans la TVA impayée et grâce à Jean-Louis Bouchard.

Le site s’est en effet auto-appliqué une TVA de 2.1% comme celle de la presse imprimée au lieu de 19.6%, tout en pro­vi­sion­nant une grande par­tie des sommes, et a fini par en béné­fici­er comme le reste de la presse en 2014, tout en subis­sant un impor­tant redresse­ment fiscal.

Capital, cher capital

Médi­a­part, au ton par­fois rebelle et dont cer­tains arti­cles adoptent l’écriture inclu­sive, a été lancé avec l’aide du grand Cap­i­tal et un investisse­ment proche de 4M€. Con­traire­ment au Média, « absol­u­ment seul » d’après Aude Lancelin, plus encore depuis le départ de Sophia Chikirou et le feuil­leton de l’été.

Mais con­traire­ment au Média qui cherche 90.000 € pour ne pas couler, Médi­a­part a de bons résul­tats. Voyons plutôt : au 31 décem­bre 2017, il y avait 140.000 abon­nés, un résul­tat net de 2.2 mil­lions d’euros après impôts (16% du CA), un CA de 13.7 mil­lions d’euros en 2017 (+20% en un an), un béné­fice net depuis 2011 (sauf en 2015), per­for­mances excep­tion­nelles dans le secteur de la presse, quel que soit son sup­port. Et avec 83 col­lab­o­ra­teurs Médi­a­part soigne l’avenir : 690 étab­lisse­ments sec­ondaires y sont abon­nés gratuitement.

L’actionnariat a évolué : trois des fon­da­teurs (François Bon­net, Lau­rent Mauduit, Edwy Plenel) en pos­sè­dent 42.08%, les salariés 1.46%. Les parts d’Ecofinance ont presque toutes été rachetées (reste 6.32%), Dowa est tou­jours présent (31.81%), la société des Amis a encore 16.79% et deux autres investis­seurs, François Vit­rani et Lau­rent Chem­la 1.54% de plus. Les fon­da­teurs rechercheraient une for­mule de pas­sa­tion en douceur du cap­i­tal. A suivre

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés