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Attentats et agressions commis par des étrangers en situation irrégulière : le 5e pouvoir des médias aux abonnés absents

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2 janvier 2021

Temps de lecture : 11 minutes
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Attentats et agressions commis par des étrangers en situation irrégulière : le 5e pouvoir des médias aux abonnés absents

Temps de lecture : 11 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 28/09/2020

Vendredi 25 septembre, un Pakistanais de « 18 ans » a agressé au couteau deux personnes à proximité du bâtiment où travaillait l’équipe de Charlie hebdo, en plein centre de Paris. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’auteur de l’attentat était en situation irrégulière en France. La revue de presse de la couverture médiatique de cette agression et du phénomène plus général du terrorisme et de la délinquance des étrangers en situation irrégulière aboutit au constat que le 5e pouvoir des médias est trop souvent aux abonnés absents à ce sujet.

Cinquième pouvoir ?

Les médias ont un rôle éminem­ment impor­tant dans la société. On prête au jour­nal­iste Igna­cio Ramon­et la créa­tion du terme « cinquième pou­voir ». Le col­lab­o­ra­teur du Monde diplo­ma­tique désig­nait avec celui-ci le pou­voir qu’ont les médias, grâce à leur rôle d’aiguillon dans l’opinion publique et la classe poli­tique. Un pou­voir qui leur per­met de lancer des débats voire de pouss­er les pou­voirs publics à pren­dre des mesures de bon sens. La cou­ver­ture médi­a­tique de récents atten­tats et agres­sions com­mis par des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière nous mon­tre que, dans les médias de grand chemin, l’heure est sou­vent à la résig­na­tion et non à sus­citer la recherche de solu­tions pour pro­téger effi­cace­ment les citoyens.

En plein procès Charlie

L’agression du 25 sep­tem­bre, qui a grave­ment blessé les deux vic­times, inter­vient en plein procès des auteurs et com­plices de l’attentat con­tre le jour­nal satirique sur­venu en 2015 et après une nou­velle pub­li­ca­tion des­dites « car­i­ca­tures de Mahomet ».

Selon des sources médi­a­tiques con­cor­dantes, l’auteur de l’attentat serait un jeune homme arrivé illé­gale­ment en France il y a trois ans. Pour se main­tenir sur le ter­ri­toire, il a revendiqué être mineur, pour béné­fici­er d’une prise en charge au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance. Bien que débouté de sa recon­nais­sance de minorité, il est resté en France. En sit­u­a­tion irrégulière à sa majorité, le jeune Pak­istanais a fait récem­ment l’objet d’un « rap­pel à la loi » pour déten­tion d’arme blanche. Ce ven­dre­di 25 sep­tem­bre, il a sauvage­ment agressé deux per­son­nes, près du lieu haute­ment emblé­ma­tique que con­stituent les anciens locaux du jour­nal Char­lie heb­do.

Ces cir­con­stances auraient pu amen­er les médias de grand chemin à soulever la ques­tion de l’expulsion des délin­quants étrangers. La revue de presse que nous faisons aujourd’hui nous mon­tre qu’il n’en est rien.

Une longue liste de faits tragiques et sanglants

Les faits trag­iques et sanglants impli­quant des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière sont nom­breux. On ne peut donc pas dire que « l’on se savait pas » et que l’on décou­vre le prob­lème. Nous n’en citerons que quelques-uns, par­mi les plus emblématiques.

En août 2015, un dénom­mé Ayoub El-Khaz­zani a ten­té de com­met­tre un atten­tat à l’arme automa­tique dans un wag­on du Thalys reliant Ams­ter­dam à Paris. Selon l’Association française des vic­times du ter­ror­isme, cet indi­vidu aurait été licen­cié par son employeur alors qu’il tra­vail­lait en France. Il se serait main­tenu en France ensuite, puis dans d’autres pays européens. La rai­son pour laque­lle il n’est pas ren­tré dans son pays, le Maroc, après avoir per­du son emploi et être devenu en sit­u­a­tion irrégulière, n’a à l’époque pas été évo­quée par les médias.

Attentat de Marseille : « un prétexte pour expulser toujours plus »

En octo­bre 2017, deux jeunes femmes ont été égorgées à la gare Saint Charles à Mar­seille. L’agresseur ? « un tunisien sans visa en règle », nous apprend RTL. Il était par ailleurs con­nu pour des « faits de droit commun ».

Cette fois, plusieurs médias se sont inter­rogés sur la présence sur le sol français d’individus qui se font con­naitre plus que néga­tive­ment par la police, pour repren­dre les ter­mes consacrés.
Par­mi ceux-ci, le quo­ti­di­en La Croix énumère les nom­breux freins aux éloigne­ments des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière.

Poussés par l’émoi que cette affaire sus­cite dans l’opinion publique, grâce notam­ment à son traite­ment et son expo­si­tion par les médias, le gou­verne­ment et le chef de l’État réagis­sent rapidement.
RTL nous informe que cette agres­sion par un étranger délin­quant amène les autorités à organ­is­er, à la demande du min­istre de l’intérieur, une enquête admin­is­tra­tive pour faire « toute la lumière ».
Selon La Provence, « le Prési­dent veut ren­voy­er » les délin­quants clan­des­tins. Le quo­ti­di­en région­al nous explique que c’est « un vœu poli­tique pas si sim­ple juridiquement ».

Le Point donne une infor­ma­tion qu’il est utile de rap­pel­er : « Emmanuel Macron a promis l’ex­pul­sion pour les étrangers en sit­u­a­tion irrégulière com­met­tant “un acte délictueux quel qu’il soit” ».
C’était il y a trois ans, une éter­nité à l’aune de l’actualité médiatique…

Sans plus tarder, la gauche morale et le ban et l’arrière ban des asso­ci­a­tions immi­gra­tionnistes réagis­sent. France soir reprend en titre la posi­tion de la CIMADE :

« Un pré­texte pour expulser tou­jours plus (…). Par­ler dans un même mou­ve­ment de dif­férentes caté­gories d’é­trangers inquiète les asso­ci­a­tions, qui y voient un “rac­cour­ci” ».

Plus récem­ment, Actu 17 nous informe le 22 jan­vi­er 2020 que les familles des vic­times qui ont attaqué l’État pour avoir libéré l’auteur du dou­ble meurtre, alors qu’il était en sit­u­a­tion irrégulière et qu’il venait de com­met­tre un vol à l’étalage, ont été déboutées. « L’Etat n’a pas com­mis de faute » en le remet­tant en lib­erté mal­gré sa sit­u­a­tion irrégulière. Cir­culez, il n’y a rien à voir.

Les agressions à foison continuent

En dépit des engage­ments du prési­dent de la République en octo­bre 2017, en dépit de la loi sur l’asile et l’immigration adop­tée en 2018 cen­sée amélior­er la sit­u­a­tion, les agres­sions et atten­tats com­mis par des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière continuent.

Le Parisien nous informe le 27 mai 2019 qu’un « ter­ror­iste à vélo » a aban­don­né une bombe arti­sanale dis­simulée dans un sac en papi­er kraft, (…) devant une boulan­gerie du cen­tre de Lyon (Rhône) ».
Le sus­pect : « Arrivé en France à l’été 2017 (…), Hichem M. a obtenu un visa pro­vi­soire qui a expiré en sep­tem­bre de la même année. (…). Les enquê­teurs n’ex­clu­ent pas l’hy­pothèse d’un acte com­mis par ressen­ti­ment con­tre la France ».

À Lyon, tou­jours, Jean-Marc Moran­di­ni nous informe le 20 sep­tem­bre 2020 qu’« un jeune homme (a été) poignardé à mort par deux indi­vidus en sit­u­a­tion irrégulière dans le métro ».

Le 31 août 2020, selon Le Figaro, une jeune femme a été vio­lée à Angers par un mul­ti­ré­cidi­viste con­damné à deux inter­dic­tions du ter­ri­toire, non exé­cutées. On peut saluer le quo­ti­di­en, qui tente de répon­dre à la ques­tion : « Les étrangers con­damnés par la jus­tice peu­vent-ils être expul­sés ? ». Si la réponse est dans l’absolu pos­i­tive, on con­state que les freins à ces expul­sions, endogènes, liés au droit français, et exogènes, liés aux pays d’origine des clan­des­tins, sont nom­breux. Tout comme sont nom­breuses les agres­sions com­mis­es par des étrangers en sit­u­a­tion irrégulière, comme le rela­tent notam­ment le compte Twit­ter la France Orange mécanique, celui du col­lec­tif Némé­sis, le compte Face­book de Lau­rent Ober­tone, le site Actu17, etc.

Plus glob­ale­ment con­cer­nant le ter­ror­isme, le jour­nal­iste Guil­laume Big­ot rap­pelle au micro de CNews que « sur les 60 atten­tats déjoués depuis 2013, il y a 32 sans-papiers qui sont impliqués, 9 étaient des bi nationaux ».

L’attentat terroriste près des locaux de Charlie hebdo

Peu après l’attentat ter­ror­iste com­mis le 25 sep­tem­bre près des anciens locaux du jour­nal Char­lie heb­do, plusieurs médias ten­tent de cern­er le pro­fil de son auteur présumé.

La Dépêche est un des jour­naux qui fait le point le plus com­plet sur « ce que l’on sait sur Ali H., 18 ans ».

« L’as­sail­lant pré­sumé est né Islam­abad, au Pak­istan, le 10 août 2002 (…). Il est arrivé sur le sol français en août 2018. L’Aide Sociale à l’En­fance (ASE) du Val-d’Oise le prend alors sous son aile. Cette mise sous tutelle va pour­tant faire débat : en 2018, le con­seil départe­men­tal du Val d’Oise con­teste sa minorité auprès de la jus­tice. Ali H. paraî­trait beau­coup plus vieux que ce ne le pré­tend son acte de nais­sance. Le 19 juil­let 2019 pour­tant, le tri­bunal des mineurs de Cer­gy-Pon­toise tranche et indique que le Pak­istanais est à même de pou­voir faire l’ob­jet d’une prise en charge de l’ASE. La jus­tice a alors refusé de met­tre en place une exper­tise médi­cale pour déter­min­er l’âge réel du jeune homme ».

Le quo­ti­di­en nous apprend égale­ment que « le jeune homme a été inter­pel­lé dans les rues de la cap­i­tale en juin dernier pour “port d’arme pro­hibé”. Dans ses poches, la brigade des Réseaux Fer­rés de Paris a trou­vé un tournevis. Ali H. avait alors fait l’ob­jet d’un rap­pel à la loi par le tri­bunal des mineurs de Paris ». L’article se con­clut sur une infor­ma­tion qui revient mal­heureuse­ment trop sou­vent : « Ali H. devait se ren­dre prochaine­ment en pré­fec­ture pour régu­laris­er ses papiers ».

Si de nom­breux médias, à l’instar d’Europe 1, FL24, LCI, etc. don­nent des pré­ci­sions sur l’identité de l’auteur de l’attentat islamiste, revendiqué comme tel par son auteur, aucun média de grand chemin ne cherche à relancer le débat sur la présence sur le sol français d’individus de nation­al­ité étrangère, dan­gereux pour la société. Quand cer­tains titres et émis­sions abor­dent le con­texte de cet atten­tat, c’est essen­tielle­ment pour soulign­er que l’islamisme ne cesse de pro­gress­er en France.

Constat de répétition

La réac­tion du jour­nal­iste de CNews aux argu­ments de Guil­laume Big­ot lors de la « mati­nale Week end » sur la sur représen­ta­tion des étrangers par­mi les ter­ror­istes et du détourne­ment des dis­posi­tifs migra­toires est à ce titre représen­ta­tive : « j’ai l’impression qu’on répète inlass­able­ment les mêmes con­stats depuis des années », comme s’il deve­nait vain de répéter encore et encore ce à quoi on ne doit pas s’habituer.

Une nou­velle fois, le pire arrive sur la radio publique affil­iée à l’État français France Info lors de l’interview de F. X . Bel­lamy. Les deux jour­nal­istes inter­viewant le leader des Répub­li­cains rivalisent d’arguments pour minor­er la grav­ité de la sit­u­a­tion : un jeune déjà inter­pel­lé avec une arme par des­ti­na­tion, en sit­u­a­tion irrégulière sur le ter­ri­toire, qui en vient à « poinçon­ner » deux personnes.

Questions sans réponses

Il y aurait pour­tant beau­coup à dire sur cette affaire et sur ce qu’elle nous apprend sur la société française :

- Les ser­vices soci­aux français qui « pren­nent sous leur aile », selon les ter­mes de la Dépêche, un jeune migrant économique venu du Pak­istan. Ne s’agit-il pas plutôt d’une pseu­do aide human­i­taire inter­na­tionale dévoyée ?
— Le coût pour les finances publiques de ce dévoiement de l’Aide Sociale à l’Enfance qui prend, selon un arti­cle du Figaro du 22 sep­tem­bre, une ampleur considérable :
« Les nou­veaux entrants seront, pour la seule année 2020, env­i­ron 40 000 (…). À rai­son de 50 000 euros de prise en charge annuelle par enfant en moyenne, (…), le seuil des 2,5 à 3 mil­liards d’euros par an de charge finan­cière se pro­file, pour ces seuls mineurs ». Cela n’a pas été rap­pelé à l’occasion de l’attentat du 25 septembre.
— Le refus du juge « d’obliger Ali H à pass­er un exa­m­en osseux pour véri­fi­er sa pré­ten­due minorité », souligné par Résis­tance Répub­li­caine, a prob­a­ble­ment con­tribué à ce que cet islamiste reste en France.
— Le sen­ti­ment d’impunité et l’impossibilité juridique d’expulser les­dits « mineurs » délin­quants, mis en avant dans un arti­cle du site Polémia. Un phénomène qui prend une ampleur considérable.
— Les expul­sions de délin­quants étrangers con­nais­sent de nom­breuses entrav­es, comme le souligne le 16 sep­tem­bre 2020 le site d’information bre­ton Breizh info.
À côté de cela, aucun média de grand chemin ne souligne que la volon­té poli­tique de pren­dre à bras le corps ce prob­lème sem­ble bien faible de la part d’un gou­verne­ment qui fait de l’immigration sa priorité.

C’est dans ce qui est appelé la réin­fos­phère que l’on peut trou­ver des élé­ments pour sus­citer le débat et chercher la racine des prob­lèmes, l’immigration mas­sive et incon­trôlée, des lois lax­istes, etc. Au lende­main de l’attentat, les impré­ca­tions du pre­mier min­istre relayées notam­ment par France Info, sem­blent assez dérisoires :

« Les enne­mis de la République ne gag­neront pas ».

Au-delà de la lutte con­tre l’islamisme, maintes fois annon­cée, mais vis­i­ble­ment peu effi­cace, on attend tou­jours une cam­pagne d’opinion orchestrée par les médias pour expulser les délin­quants étrangers, réguliers ou clandestins…Il fau­dra sans nul doute s’armer…de patience !

En con­clu­sion, dés­abusé, Pierre Sautarel, du site Fdes­ouche, envis­age sur son compte Twit­ter la suite prob­a­ble de cette affaire :

« Puis nous appren­drons qu’il y a des doutes sur son âge, que cette attaque pose la ques­tion de la prise en charge des migrants ex-mineurs isolés une fois les 18 ans atteints… Tout se con­clu­ra par un plan à XXX mil­lions d’eu­ros en faveur de leur inser­tion #Char­lieHeb­do ».