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Tribune éducative de Philippe Meirieu dans Le Monde : le grand silence permanent

9 août 2020

Temps de lecture : 6 minutes
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Tribune éducative de Philippe Meirieu dans Le Monde : le grand silence permanent

Temps de lecture : 6 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale 2020. Pre­mière dif­fu­sion le 28 avril 2020

Le Monde est un quotidien très engagé, c’est une lapalissade, en faveur d’un monde multiculturel et d’une société ouverte. Il propose des pages de « débats ». Elles défendent à peu de nuances près, des idées identiques aux siennes. En particulier sur le plan scolaire.

Le 21 avril 2020, en péri­ode de con­fine­ment mais aus­si de pré­pa­ra­tion (lente) d’un décon­fine­ment dont l’un des cœurs est l’école, Le Monde pub­li­ait une tri­bune col­lec­tive signée par Cather­ine Chabrun, « mil­i­tante péd­a­gogique et des droits de l’enfant », Philippe Meirieu, pro­fesseur émérite à l’université Lumière-Lyon-II et Cécile Morzadec pro­fesseure d’espagnol.

Deux découvertes d’emblée

  1. Il est pos­si­ble d’être « mil­i­tante péd­a­gogique ». Que la péd­a­gogie en œuvre actuelle­ment dans les écoles soit un pro­jet éminem­ment poli­tique est donc acté.
  2. Philippe Meirieu, très longtemps mil­i­tant du même type, sans le dire à l’époque, très large­ment en cause dans l’état cat­a­strophique de l’école en France aujourd’hui, de par les méth­odes qu’il a pro­mues et dif­fusées auprès du corps enseignant, est tou­jours là.

La tribune expose des faits qui peuvent se défendre

  • Selon le texte, l’affirmation de l’exécutif de rou­vrir les écoles pour des raisons sociales liées aux iné­gal­ités est peu crédi­ble. L’objectif est plus prob­a­ble­ment économique, ce qui n’est pas incom­préhen­si­ble. Il y a cepen­dant « contradiction ».
  • La « con­ti­nu­ité péd­a­gogique » ne pou­vait être qu’un pis allé.
  • La réou­ver­ture est « néces­saire sur le plan péd­a­gogique » mais « dan­gereuse du point de vue san­i­taire ». Il y aura des risques.
  • La tri­bune pointe les nom­breuses inco­hérences des choix gou­verne­men­taux, comme le fait d’avoir rem­placé les exa­m­ens par le con­trôle con­tinu pour des raisons san­i­taires « qui ne sont plus de mise aujourd’hui ».

Iné­gal­ités liées à une con­ti­nu­ité péd­a­gogique aux résul­tats encore incon­nus, risques san­i­taires. Faire ren­tr­er tous les élèves seraient donc une erreur, d’autant que la majorité des enseignants, comme la majorité des Français, sem­blent avoir une con­fi­ance mod­érée en un gou­verne­ment qui sem­ble nav­iguer à vue.

Alors quelles solutions ?

La tribune expose des faits en apparence justes mais soumis au grand silence

C’est le retour de la bonne vieille cause égal­i­tariste rev­enue du fonds des âges, autrement dit des années 70 du XXe siè­cle. Avec un men­songe par omis­sion à l’appui.

« Le risque est grand de ne réserv­er le béné­fice de cet enseigne­ment qu’aux enfants et ado­les­cents déjà mobil­isés sur le tra­vail sco­laire et au com­porte­ment rel­a­tive­ment autonome. Les autres, déjà décrocheurs ou en dif­fi­culté, s’ils ne dis­posent pas d’un sou­tien famil­ial fort, sont con­damnés au mieux à exé­cuter mécanique­ment des exer­ci­ces, au pire à aban­don­ner pro­gres­sive­ment tout con­tact avec l’école. »

La tri­bune pose le vieux principe de l’égalitarisme, qui n’est pas l’équité : la vieille soci­olo­gie de l’éducation, à l’origine des réformes qui ont réfor­mé sans cesse des réformes elles-mêmes réfor­mées sans arrêt depuis 40 ans, sans résul­tats posi­tifs, est de retour. La lutte des class­es serait la cause des iné­gal­ités sociales. C’était peut-être vrai il y a 70 ans mais aujourd’hui ?

C’est con­tre ces 5 lignes ci-dessus, que toutes les réformes, comme la plus récente réforme du sec­ondaire, les idées péd­a­gogiques de Meirieu et de ses amis, ont été mis­es en œuvre. Cela ne fonc­tionne pas ?

Les auteurs de la tri­bune veu­lent que des élèves soient accueil­lis par des pro­fesseurs volon­taires ne présen­tant pas de risques de san­té, en petits groupes. Quels enfants et adolescents ?

« Ne pour­rait-on pas lim­iter l’accueil dans les écoles aux élèves men­acés de décrochage ou en sit­u­a­tion sociale dra­ma­tique ? » (…)  Ce ne serait alors nulle­ment pour eux une sanc­tion ou une stig­ma­ti­sa­tion, mais bien une véri­ta­ble chance qui leur serait don­née. Car, n’en dou­tons pas, la véri­ta­ble stig­ma­ti­sa­tion, ce n’est pas d’accompagner les élèves qui ont besoin d’aide, c’est bien de les laiss­er décrocher en silence… (…) Certes, dans cer­tains étab­lisse­ments, les élèves en grande dif­fi­culté seront très nom­breux et ne pour­ront pas être accueil­lis en même temps : il fau­dra alors n’en con­vo­quer qu’une par­tie pour cer­taines dis­ci­plines et organ­is­er des tours de rôle (…) on pour­rait en appel­er, sur ces ques­tions, à la sol­i­dar­ité nationale van­tée aujourd’hui de tous côtés. L’idée n’est pas neuve : « Don­ner plus et mieux à ceux qui ont moins. » Et si on la met­tait en œuvre, con­crète­ment, lors des dernières semaines de cette année scolaire ? »

Remarques

  • Les enfants et les familles évo­quées sont ceux qui en règle générale décrochent déjà dans les étab­lisse­ments sco­laires : pas un mot.
  • Les enfants et les familles évo­quées sont ceux qui posent en règle générale de graves prob­lèmes de dis­ci­pline et de délin­quance dans les étab­lisse­ments sco­laires : pas un mot.
  • Les enfants et les familles évo­qués sont ceux qui béné­fi­cient déjà sans cesse, depuis plus de 50 ans, de « la sol­i­dar­ité nationale » pro­posée, à coups de mil­liards déver­sés dans les ban­lieues sans aucuns résul­tats tan­gi­bles, bien au con­traire, au point que l’une des mesures du gou­verne­ment actuel a été de divis­er les class­es des quartiers « dif­fi­ciles » (même cette expres­sion n’apparaît pas dans la tri­bune) en deux, pour des raisons sociales offi­cielle­ment. En réal­ité, car qua­si per­son­ne n’y est de cul­ture ni de langue française ni européenne.

La conclusion de la tribune ?

Il faut « tra­vailler avec ceux et celles qui n’ont pas trou­vé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau, qui ne com­pren­nent pas vrai­ment ce que l’école leur demande, qui n’ont jamais vrai­ment accédé au plaisir d’apprendre et à la joie de com­pren­dre… ceux qui ne savent rien des ver­tus de l’exigence et de la sat­is­fac­tion qu’on trou­ve à s’élever par l’effort au-dessus de soi-même. »

Tout y est : le mépris des familles de souche, de l’héritage, la glo­ri­fi­ca­tion des gen­tils élèves défa­vorisés des ban­lieues qui ne com­pren­nent pas (la langue française ?), qui ne pren­nent pas de plaisir appren­dre, les défa­vorisés, les damnés de la Terre…

En un mot, les immi­grés extra-européens.

Ce que pro­pose la tri­bune, sans le dire ouverte­ment car cela reviendrait à dire qu’il y a une par­ti­tion eth­nique sur le ter­ri­toire et un mou­ve­ment de rem­place­ment ? De dévers­er de nou­veau des mil­lions (en deux mois inutiles, mai et juin étant la péri­ode où l’école traîne jusqu’à la con­clu­sion de l’année sco­laire) pour les enfants de migrants, légaux ou non, dans les écoles, à l’occasion de la crise san­i­taire actuelle, et de leur réserv­er les écoles durant plusieurs mois.

Le tout sans jamais pronon­cer l’expression qui rem­place réelle­ment celle de lutte des class­es en France : la lutte des eth­nies con­tre les Européens de souche.