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Sputnik débloqué par le régulateur en Lituanie et cloue le bec au Guardian

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25 août 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Sputnik débloqué par le régulateur en Lituanie et cloue le bec au Guardian

Temps de lecture : 4 minutes

Dans la torpeur de l’été, deux victoires coup sur coup pour le média d’État russe Sputnik. Il vient en effet de triompher du régulateur en Lituanie – qui pratique depuis des années une politique antirusse assumée – et a cloué le bec au Guardian, forcé de s’excuser après avoir affirmé que Sputnik ait émis une fake news en traitant de l’incendie de Notre-Dame de Paris.

Blocage et déblocage

En Litu­anie, le régu­la­teur a annon­cé le 31 juil­let 2019 revenir sur le blocage de Sput­nik dans le pays, accusé d’avoir util­isé indu­ment des con­tenus de la radio-télévi­sion d’État dans ses reportages. Timur Shafir, secré­taire de l’Union des jour­nal­istes russ­es – le prin­ci­pal syn­di­cat de la pro­fes­sion – espère que « dans l’avenir les autorités baltes ne fer­ont plus si régulière­ment des obsta­cles au bon fonc­tion­nement des médias russ­es », et a expliqué qu’il y a déjà eu des blocages de médias rus­so­phones ou des inter­dic­tions d’entrée faites à cer­tains jour­nal­istes russ­es sans autres raisons que politiques.

En juil­let 2019, le gou­verne­ment de la Let­tonie a annon­cé à son tour blo­quer un site d’information qui dépend de l’audiovisuel pub­lic russe, Baltnews.lv pour infrac­tion à la régle­men­ta­tion de l’UE du 17 mars 2014 sur les sanc­tions liées à une men­ace pour l’indépendance, la sou­veraineté et l’intégralité ter­ri­to­ri­ale de l’Ukraine. C’est le nom de domaine même qui con­stituerait l’infraction – dont on con­state aus­si qu’elle n’a de motifs que poli­tiques. Le min­istre des affaires étrangères let­ton Edgar Rinke­vichs, inter­rogé par un cor­re­spon­dant de Sput­nik Biélorussie, l’a con­fir­mé : « nous ne pen­sons pas que Balt­news est un média. C’est un instru­ment de pro­pa­gande absolu ».

Balt­news tient une ligne pro-russe, en faveur de la minorité russe régulière­ment mise à l’écart en Let­tonie depuis le début des années 1990, et opposée à la poli­tique his­torique des gou­verne­ments let­tons suc­ces­sifs. Curieuse­ment, cette poli­tique rus­so­phobe assumée – qui a con­duit (en plus des dif­fi­cultés économiques) depuis 1992 au départ d’une grande par­tie des minorités eth­niques (russ­es, juifs, polon­ais…) et à la réduc­tion de la pop­u­la­tion de la Let­tonie d’un quart (700.000 per­son­nes en moins depuis 1992) – n’empêche pas l’opérateur audio­vi­suel pub­lic de pro­pos­er plusieurs chaînes russ­es d’Etat dans ses chaînes, dont RTR, Per­vy Kanal, NTV etc.

Pan sur le bec du Guardian

Par ailleurs, le 19 avril 2019, le Guardian, une référence bri­tan­nique de la presse main­stream occi­den­tale, qui dis­pose comme Libéra­tion en France d’un Check­News, a pub­lié sur sa col­lec­tion Fake or Real sur Insta­gram une note comme quoi l’une des pho­tos faite par Sput­nik France aux abor­ds de la cathé­drale Notre-Dame ait été retouchée, sur l’avis d’experts améri­cains de Poli­ti­fact, une éma­na­tion de Face­book spé­cial­isée dans le fact-check­ing. On y voy­ait deux per­son­nes en train de rire devant la cathé­drale en flammes. La pho­to avait fait un énorme bad buzz sur les réseaux soci­aux, relayée par des mil­liers de français exaspérés.

Trois mois plus tard, le 6 août dernier, le Guardian a du s’excuser plate­ment : « dans l’édi­tion de Fake or for real du 19 avril, nous avons sug­géré que la pho­to prise lors de l’in­cendie de Notre-Dame qui a été large­ment dif­fusée avait été retouchée. Le déten­teur du droit d’au­teur de la pho­to nous a con­tac­tés, et nous avons recon­nu que la pho­to n’avait pas été mod­i­fiée. Nous nous excu­sons pour avoir dit le con­traire». Les experts de Poli­ti­fact se sont aus­si excusés, du bout des lèvres.

Pen­dant la polémique, Sput­nik avait été accusée par plusieurs pub­li­ca­tions main­stream d’instrumentaliser la haine con­tre les musul­mans. La rédac­tion répond : « À aucun moment, Sput­nik n’a insin­ué que ces deux indi­vidus étaient musul­mans ni qu’ils riaient en rai­son de l’in­cendie. Le fait que des groupes opposés à l’Is­lam s’en soient servis ne jus­ti­fie en rien les accu­sa­tions de propager «la haine» visant Sput­nik ou encore les accu­sa­tions de mon­tage afin de faire accuser une com­mu­nauté ».