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Démocratie à deux vitesses : Sputnik bloqué en Lituanie

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21 août 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Démocratie à deux vitesses : Sputnik bloqué en Lituanie

Temps de lecture : 3 minutes

Certains pays font formellement partie de l’Union européenne, mais les droits de l’Homme n’y sont pas garantis pour tous. Surtout aux Russes. Ainsi, la Lettonie a des « non-citoyens », les nepilsoni, qui sont encore 224.670 début 2019 (contre 730.000 mi-1990), principalement des Russes, Ukrainiens et Biélorusses – soit 10% de la population. Et un tribunal lituanien vient de valider la décision du régulateur – l’équivalent local du CSA – de bloquer la radio russe Sputnik.

Depuis le 10 juil­let la com­mis­sion litu­ani­enne de la radio et de la télévi­sion a décidé d’imposer aux four­nisseurs d’accès de blo­quer Sput­nik, « afin d’éviter la dif­fu­sion de con­tenus pro­tégés par les droits d’auteur ». La plainte émane de LRT, la radio-télévi­sion publique de Litu­anie – dont Sput­nik est un con­cur­rent direct – et qui affirme que la radio russe pub­li­ait ses con­tenus sur son por­tail internet.

Le régu­la­teur a trou­vé une jus­ti­fi­ca­tion poli­tique à la demande, émise mi-juin par deux députés démoc­rates-chré­tiens, Lau­ri­nas Kaschju­nas et Audro­nius Ajubalis, d’interdire Sput­nik dans le pays pour défendre la mémoire des par­ti­sans lors de la sec­onde guerre mon­di­ale. Selon Sput­nik – qui ne cache pas être un site russe – ces « frères de la forêt » sont en effet respon­s­ables de plus de 25.000 tués dont 1000 mineurs – prin­ci­pale­ment des litu­aniens tués pour col­lab­o­ra­tion avec l’URSS – et d’exactions de 1944 à 1969, tan­dis que selon l’Histoire offi­cielle de la Litu­anie depuis l’effondrement de l’URSS, les par­ti­sans  se bat­taient con­tre l’occupation sovié­tique – leurs exac­tions sont passées sous silence ou minorées.

Le vice-prési­dent du comité des Affaires Etrangères à la Douma (assem­blée nationale russe), Dmitri Novikov, a affir­mé que « mal­gré les incan­ta­tions rit­uelles sur la néces­sité de respecter les droits de l’Homme, de la lib­erté d’expression et autres bien­faits qui réson­nent sou­vent en Occi­dent, il y a des stan­dards à deux vitesses qui sont mis en place dans la poli­tique occi­den­tale – ain­si que dans leurs médias qui ne sont pas indépen­dants. Nous en voyons un exem­ple écla­tant. La poli­tique des pays baltes ne se dif­féren­cie guère de l’UE, même si ces pays essaient d’aller encore plus loin – tout cela, c’est le résul­tat de l’option pro-améri­caine et atlantiste de l’UE ».

Les médias russ­es – Sput­nik et RT – ont la vie dure en Litu­anie et Let­tonie alors qu’une part non-nég­lige­able de leur pop­u­la­tion (un quart en Let­tonie et 6% en Litu­anie) est russe eth­nique – et ce mal­gré le déclin démo­graphique et le sol­de migra­toire négatif con­ti­nus depuis 1991. Ces deux états con­duisent depuis des années une poli­tique rus­so­phobe mal­gré le poids de la Russie dans leur PIB – prin­ci­pale­ment dans l’activité des ports de Bal­tique et dans la four­ni­ture d’énergie – ce qui pousse les entre­pris­es russ­es à se retourn­er vers les infra­struc­tures russ­es et les dévelop­per (ports de Oust-Louga, Pri­morsk, Vyborg, Vysot­sk…).

Fin mai dernier, le rédac­teur de Sput­nik Litu­anie, Marat Kasem, a été arrêté à l’aéroport de Vil­nius. Il a été expul­sé du pays pour cinq ans, après avoir été accusé de « risque à la sécu­rité nationale ».