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Tribune libre : Samuel Gontier, bignole pour bobos

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8 novembre 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Tribune libre : Samuel Gontier, bignole pour bobos

Temps de lecture : 4 minutes

Nous reproduisons une tribune, parue chez notre confrère Boulevard Voltaire le 6 novembre 2019, consacrée à un des journalistes de Télérama et sous la signature de Xavier Raufer. Sur ce magazine, voir notre article où l’intéressé s’engageait déjà contre la liberté d’expression. Voir aussi une publication plus récente sur la « chasse à l’homme » dans les équipes du journal.

Ciné­ma, théâtre de boule­vard : du XIXe siè­cle à l’après-guerre, la pipelette fut une star du réper­toire comique ; une dame un peu aigre, voy­ant le mal partout et car­bu­rant au blanc sec du bistrot voisin. Dans un argot aujourd’hui aboli où « big­noller » sig­nifi­ait espi­onner, la pipelette était aus­si la big­nole. De Fan­tô­mas à Nestor Bur­ma ; Mai­gret, bien sûr, l’enquêteur « tam­pon­nait » d’abord l’inévitable big­nole de l’immeuble : tout lecteur de polar sait ça.

Mais après un ultime sur­saut en 1973 – Le Concierge, de Jean Girault, immor­tel réal­isa­teur de Pouic-Pouic et du Mille-pattes fait des cla­que­ttes -, la vidéo­sur­veil­lance et les digi­codes eurent rai­son du genre.

Or, voici qu’à nou­veau, « le verbe se fait chair » : lib­er­taire et antifa (signe des temps), un avatar de la pipelette tient aujourd’hui rubrique à Téléra­ma. À l’étroite fenêtre de sa loge, un car­ton sig­nalait jadis : « La concierge est dans l’escalier. » Insond­able mys­tère de l’incarnation : avec Samuel Gon­tier, voilà la big­nole chez les bobos.

Tous les jours ou presque (dit sa pub), Samuel tient un blog nom­mé Ma vie au poste. Onze ans à com­menter des com­men­taires, péror­er, morigén­er, iro­nis­er sur tout et le reste. À quel titre jauge-t-il, cri­tique et arbi­tre-t-il ? En con­nais­seur sub­til de l’âme humaine ? Philosophe pro­fond ? En quel hon­neur tranche-t-il de tout, à tout pro­pos ? Rien, à vrai dire, ne l’explique : la longévité un peu sta­tique de Samuel Gon­tier rap­pelant plutôt cet apa­tride qui, un jour, échoua au ter­mi­nal 1 de Rois­sy pour y végéter depuis lors.

Dans une récente chronique, Samuel bal­ance donc des experts ès sécu­rité, osant – dit-il – s’en pren­dre aux « exilés » à la télé. Exilés, ah bon ? Où sont donc passées les rigoureuses enquêtes sur la télé réelle­ment exis­tante… les pièces à con­vic­tions van­tées par la pub Gon­tier ? Car c’était, en fait, un mas­sacre : « l’exilé », un migrant afghan, avait poignardé des inno­cents et éven­tré à mort Tim­o­thy, 19 ans, en route pour un con­cert. Vic­time, certes, nég­lige­able que Tim­o­thy, car pour l’antiracisme-monochrome obnu­bi­lant Gon­tier, seules compteraient les vic­times « racisées » ; les « petits Blancs » à la Tim­o­thy pas­sant par pertes et profits.
Dans les invités de l’émission, dépeints par Samuel Gon­tier comme pro­to-fas­cistes, fig­u­rait enfin le chef de la sécu­rité du prési­dent Mit­ter­rand – pas vrai­ment un émule de Pinochet.

Tou­jours dans sa pub, Samuel Gon­tier claironne qu’il défend les valeurs de. On notera l’ironie.

Bas­ta ! Les crises de Samuel Gon­tier affectent peu les crim­i­no­logues. Une bouf­fée de-ci, de-là, ses petits poings rageurs, ses trépigne­ments. Tous fas­cistes ! Bon, on en a vu d’autres, on vit avec. Mais songeons plutôt à l’ambiance à Téléra­ma.

Sans arrêt, Gon­tier sur le râble. On les imag­ine, assur­ant le ser­vice après-vente de ses méfaits. Récem­ment, le triste sire s’en pre­nait à Riss, l’un des sur­vivants de la tuerie de Char­lie Heb­do. Sur Twit­ter, Gon­tier a déclaré « Pour Riss, les musul­mans sont des nazis. Ceux qui les défend­ent des “col­la­bos”. Char­lie Heb­do, nou­velle fil­iale de Valeurs Actuelles. »

Une attaque d’une bassesse insouten­able. D’autant que le rescapé n’a jamais tenu ces pro­pos, il aurait sim­ple­ment pré­cisé que « toute femme por­tant un voile sou­tient une idéolo­gie total­i­taire. Ce que je con­teste, tout en mil­i­tant pour le droit des femmes à s’habiller comme elles veu­lent. Je suis donc pour lui un “col­labo”. Vous vous ren­dez compte que ce terme désigne les alliés des Nazis ?! »

On s’esbaudira bien enten­du du rac­cour­ci his­torique. Mais Gon­tier incar­ne le camp du bien, Gon­tier ne se trompe jamais. En bref, Samuel Gon­tier ressus­cite le Agnan de Sem­pé et Goscin­ny. L’agaçant Agnan, du Petit Nico­las. Celui qui « dénonce ses cama­rades » et « se réjouit des puni­tions des autres élèves ». Pau­vre rédac­tion de Téléra­ma, affligée d’une sem­blable bignole !

Xavier Raufer