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Le quotidien polonais Rzeczpospolita manipule des propos tenus par Viktor Orbán

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13 mars 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Le quotidien polonais Rzeczpospolita manipule des propos tenus par Viktor Orbán

Temps de lecture : 4 minutes

Le quotidien libéral-conservateur polonais Rzeczpospolita (La République), sur lequel George Soros a récemment étendu son influence par une opération de rachat de parts dans le groupe de presse propriétaire de ce journal, notamment à travers le Media Development Investment Fund, a publié le 3 mars un article intitulé « La Russie attaque l’Ukraine, et Orbán poignarde la Pologne dans le dos » signé par le rédacteur en chef adjoint Michał Szułdrzyński. Un épisode de la guerre de l’information.

Voir aus­si : Le Media Devel­op­ment Invest­ment Fund : arme finan­cière des réseaux d’influence médi­a­tique de George Soros

« Orbán est plus proche de Moscou que de Varsovie »

Selon Michał Szuł­drzyńs­ki, le Pre­mier min­istre hon­grois aurait accusé la Pologne d’avoir provo­qué l’intervention mil­i­taire russe en Ukraine. Or, les pro­pos tenus par Vik­tor Orbán dans un entre­tien accordé à l’hebdomadaire Mandin­er (pro-gou­verne­men­tal), aux­quels fait référence le jour­nal­iste polon­ais sont les suivants :

« Les Polon­ais veu­lent pouss­er la fron­tière du monde occi­den­tal jusqu’à la fron­tière du monde russe. Ils se sen­tiront en sécu­rité quand cela se réalis­era et quand l’OTAN — et la Pologne — pour­ront met­tre les forces adap­tées dans la par­tie occi­den­tale de cette fron­tière. C’est pourquoi ils sou­ti­en­nent de manière insis­tante l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. »

Pas à un seul instant dans cet entre­tien, le Pre­mier min­istre hon­grois ne porte la Pologne respon­s­able de l’agression russe. Il n’évoque d’ailleurs pas la Pologne dans sa réponse qu’il con­sacre aux caus­es de la guerre. Le pas­sage ayant éveil­lé l’attention du rédac­teur en chef adjoint de Rzecz­pospoli­ta con­cerne les dif­férences de tac­tique (et non de stratégie) entre Varso­vie et Budapest sur la ques­tion russe. Selon Vik­tor Orbán, à la dif­férence de la tac­tique polon­aise, « l’essentiel de la tac­tique hon­groise con­siste en un large et pro­fond espace entre les Russ­es et la Hon­grie, ce ter­ri­toire étant aujourd’hui l’Ukraine. »

Le Pre­mier min­istre hon­grois a d’ailleurs tenu à rap­pel­er dans cet entre­tien que les Hon­grois voulaient, comme les Polon­ais, main­tenir les Russ­es à dis­tance, et que les Polon­ais pou­vaient compter sur la Hon­grois, les Hon­grois étant con­va­in­cus que cela était réciproque.

Ces déc­la­ra­tions nuancées sur les dif­férences tac­tiques entre la Hon­grie et la Pologne n’ont pas empêché Michał Szuł­drzyńs­ki d’affirmer que Vik­tor Orbán pen­sait que la Hon­grie ne s’identifiait à aucun des deux blocs et qu’elle ne se sen­tait plus comme faisant par­tie de l’Ouest. Et d’accuser le chef du gou­verne­ment d« avoir plan­té un couteau rouil­lé dans le dos de la Pologne », avant d’expliquer qu’Orbán était plus proche de Moscou que de Varsovie.

« Orbán construit la version hongroise du poutinisme »

Michał Szuł­drzyńs­ki tient ensuite le même dis­cours que l’opposition hongroise :

« Orbán con­stru­it la ver­sion hon­groise du pou­tin­isme, et, dans cette par­tie de l’Europe, il est devenu le représen­tant de l’influence russe. » Dans son arti­cle, le jour­nal­iste polon­ais explique que le Pre­mier min­istre polon­ais s’est empressé de sauver les meubles con­cer­nant son ami hon­grois en rap­pelant que la Hon­grie soute­nait les sanc­tions con­tre la Russie — ce qui, mal­gré les fauss­es infor­ma­tions col­portées par Don­ald Tusk sur le pré­ten­du véto de la Hon­grie sur l’exclusion de la Russie du sys­tème SWIFT, n’a jamais fait de doute.

Pour Szuł­drzyńs­ki, cela n’est pas sat­is­faisant car Vik­tor Orbán a évo­qué l’arme à dou­ble-tran­chant que pou­vaient poten­tielle­ment représen­ter ces sanc­tions, les Européens risquant de pay­er le prix de ces mesures. Selon ce jour­nal­iste de Rzecz­pospoli­ta, le fait que le Pre­mier min­istre polon­ais s’associe à la Hon­grie ces derniers jours serait une men­ace pour la rai­son d’État polon­aise. Szuł­drzyńs­ki met en cause la droite polon­aise et cri­tique l’alliance forgée par le par­ti Droit et jus­tice (PiS) de Jarosław Kaczyńs­ki avec la Hon­grie de Vik­tor Orbán.

Michał Szułdrzyński, membre des milieux sorosiens polonais

Ces défor­ma­tions de pro­pos ne sont pas une sur­prise, lorsqu’on sait que Michał Szuł­drzyńs­ki tra­vaille pour un quo­ti­di­en récem­ment en par­tie repris en main par le mil­liar­daire améri­cain George Soros, et qu’il est aus­si mem­bre du club Pologne-Russie de la Fon­da­tion Ste­fan Bato­ry, la branche polon­aise des réseaux Soros financée par les Open Soci­ety Foun­da­tions, Trans­paren­cy Inter­na­tion­al et la Com­mis­sion européenne.

L’actuel prési­dent du comité de la Fon­da­tion Ste­fan Bato­ry est le jour­nal­iste Edwin Bendyk, édi­to­ri­al­iste à Poli­ty­ka, un heb­do­madaire fondé en 1957 sous le com­mu­nisme. Poli­ty­ka est aujourd’hui un mag­a­zine de cen­tre-gauche à la ligne libérale et est le pre­mier heb­do­madaire de Pologne en ter­mes de tirages.

Par­mi les mem­bres du con­seil de la Fon­da­tion Ste­fan Bato­ry, on trou­ve aus­si la réal­isatrice Agniesz­ka Hol­land, qui, en 2016 s’était opposée à la poli­tique pro-vie du gou­verne­ment polon­ais. À ce sujet, elle avait évo­qué « un retour au Moyen-Âge » et la main de « la con­tre-révo­lu­tion cul­turelle menée par l’axe Orbán-Kaczyński. »

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