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Quand France Inter sert la soupe idéologique au rappeur Youssoupha

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1 juillet 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Quand France Inter sert la soupe idéologique au rappeur Youssoupha

Temps de lecture : 3 minutes

Lundi 7 juin 2021, Augustin Trapenard, sponsor de l’association des journalistes LGBTQ+ etc, recevait, pour un numéro de Boomerang, le rappeur Youssoupha. C’était sur France Inter durant 32 minutes.

L’accroche

« En une quin­zaine dannées, il a su simpos­er, à coups de punch­lines bien sen­ties, comme une fig­ure tutélaire du rap français. Il y a deux semaines, sa chan­son « Ecris mon nom en bleu » accom­pa­g­nant lannonce des 26 joueurs sélec­tion­nés pour lEuro 2021, a déclenché une polémique. Yous­soupha est dans Boomerang. »

Les propos

Le cœur de l’émission c’est la chan­son « Écris mon nom en bleu » de Yous­soupha, chan­son retenue pour accom­pa­g­n­er le dévoile­ment de la liste des joueurs retenus par Didi­er Deschamps pour jouer le cham­pi­onnat d’Europe (per­du con­tre la Suisse) des Nations de foot­ball. La chan­son en elle-même ne pose pas de prob­lème. Ce qui a pu gên­er, c’est de choisir Youssoupha.

Pourquoi ?

  • Pour Yous­soupha, l’annonce est « dev­enue une grand-messe, plus impor­tante qu’une allo­cu­tion de prési­dent de la République au 20 heures ». La chan­son lui a été demandée.
  • La chan­son prend une ampleur phénomé­nale. Trape­nard pré­cise : « En plus, vous êtes loin, vous êtes à Abid­jan où vous vivez ». Le jour­nal­iste, qui a passé les cinq pre­mières min­utes de l’émission à défendre les sources et les infor­ma­tions fiables, ne relève pas ce fait inouï : le chanteur retenu pour écrire la chan­son qui va accom­pa­g­n­er les bleus préfère vivre en Afrique.

Ce que l’on reproche au « rappeur, mil­i­tant » Yous­soupha ? Des pro­pos tenus longtemps aupar­a­vant et qui auraient dû empêch­er, out­re le fait qu’il se sente surtout Ivoirien, que l’on fasse appel à lui pour ce type de chan­son. Accrochez-vous.

  • « Jmélange mes fan­tasmes et mes peines comme dans ce rêve où ma semence de nègre fout en cloque cette chi­enne de Marine Le Pen » (sic). 
  • À pro­pos de Zem­mour : il chante vouloir met­tre « un bil­let sur la tête de celui qui fera taire ce con dEric Zem­mour » (sic bis).

La polémique détournée de son sens

Pour Yous­soupha et Trape­nard, la polémique ne vient pas des pro­pos tenus par le rappeur dans ses chan­sons mais de sa couleur de peau. Augustin Trape­nard insiste et con­duit Yous­soupha sur ce ter­rain-là : il n’y aurait pas de prob­lème s’il était « blanc et s’appelait Michel ». Trape­nard  pour­rait pos­er la ques­tion autrement : pourquoi Michel, un blanc, n’écrit-il juste­ment pas ces pro­pos, des pro­pos dont on peut se deman­der quel lien ils ont avec l’art, mais dont on voit bien l’aspect orduri­er, crim­inel et politique.

Bien sûr, les pro­pos de Yous­soupha sur Zem­mour ont été déboutés en jus­tice et ceux sur Marine Le Pen sont à ce point bêtes que gâch­er un procès pour cela peut sem­bler inutile. Yous­soupha n’est pas con­damné en jus­tice. Il n’empêche, la ques­tion se pose  et devrait être posée par le jour­nal­iste : ce type de  rappeur est-il  vrai­ment la per­son­ne idoine pour représen­ter la France, l’une de ces per­son­nal­ités qui, d’après le gou­verne­ment, sont cen­sées servir d’exemples (sic ter) pour la jeunesse et pour  les sportifs ? Pos­er la question…

Comme le dis­ait Montherlant :

« Les hommes sen­sés de Lacédé­mone mon­traient à leurs enfants un ilote ivre, pour leur faire voir ce qu’ils ne devaient pas être.
Ensuite un temps vint où les hommes sen­sés (ou tenus pour tels), mon­trèrent à leurs enfants un ilote ivre, pour leur faire voir ce qu’ils devaient être.
Enfin l’ilote ivre, devenu mod­èle idéal, mon­tra à ses enfants l’homme sen­sé, pour leur faire voir ce qu’ils ne devaient pas être ».
Hen­ry de Mon­ther­lant, La Marée du soir, Car­nets 1968–1971, Paris, Gallimard