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Publicité clandestine dans Direct Matin

4 mai 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Publicité clandestine dans Direct Matin

Temps de lecture : 3 minutes

Plus encore que les quotidiens payants, les gratuits – qui dépendent exclusivement de la publicité – se retrouvent bien souvent de l’autre côté de la ligne rouge dans leurs rapports aux annonceurs.

Révélé par Acrimed, un nou­v­el exem­ple vient démon­tr­er cet état de fait au sujet de Direct Matin, troisième quo­ti­di­en gra­tu­it le plus lu en France avec 2,5 mil­lions de lecteurs par jour. Le 10 avril, la mar­que de fruits à cro­quer « Nature Addict ! » s’of­frait la une du quo­ti­di­en pour sa pub­lic­ité. Ce jour-là, un pro­duit de la mar­que était même dis­tribué avec le journal.

15 jours plus tard, Direct Matin s’est fendu d’un arti­cle de presse van­tant les mérites de la mar­que, et inti­t­ulé : « Sains et gour­mands » « Sans sucres ajoutés, ni con­ser­va­teurs, ces con­cen­trés de fruits en forme de bâton­nets, à base notam­ment de pommes ou de fram­bois­es, sont une alter­na­tive à la “junk food”, alors que le min­istère de la San­té ne cesse de sen­si­bilis­er les Français sur l’importance de manger cinq fruits et légumes par jour », pou­vait-on lire entre autres compliments.

Le prob­lème, c’est que cet arti­cle dithyra­m­bique était présen­té comme un arti­cle de presse par­mi d’autres, tout ce qu’il y a de plus banal. Il n’est nulle­ment pré­cisé qu’il s’agis­sait là d’une pub­lic­ité, ou plus exacte­ment ce que l’on appelle couram­ment un arti­cle pub­li-rédac­tion­nel. « La fron­tière entre infor­ma­tion et pub­lic­ité est sou­vent plus que poreuse dans la presse écrite (…). Dans la presse gra­tu­ite qui se finance exclu­sive­ment par la pub­lic­ité, il arrive encore plus fréquem­ment que la fron­tière s’estompe totale­ment », con­state Acrimed, qui avait déjà épinglé Direct Matin au sujet de l’Auto-Lib.

Et le site de cri­tique média de citer Éric Fot­tori­no — ancien rédac­teur en chef et directeur de la pub­li­ca­tion du Monde puis prési­dent du direc­toire du groupe La Vie-Le Monde — qui con­firme ce poids de plus en plus impor­tant des pub­lic­i­taires et groupes com­mer­ci­aux sur les jour­naux : « Même si c’est un com­bustible très impor­tant, avoir de la pub­lic­ité, c’est se con­train­dre dans les con­tenus […] [Au Monde] Il y avait cer­taines par­ties du jour­nal que je ne maîtri­sais pas. Il fal­lait la bag­nole tel jour, la con­so tel autre, la mode… Ça veut dire que vous con­sid­érez, même si vous ne le dites pas comme ça, qu’une par­tie de la pag­i­na­tion ne vous appar­tient pas. Qu’elle est déjà préemp­tée, d’une cer­taine manière. Au bout d’un moment, on ne fait plus un jour­nal. On rem­plit les cas­es là où il n’y a pas de pubs. »

Les jour­naux vont-ils se trans­former en revues pub­lic­i­taires ? Il sem­blerait que cer­tains le soient déjà en par­tie devenus…

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