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Médiacritiques, la peur de la peur de la peur

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3 mai 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Médiacritiques, la peur de la peur de la peur

Temps de lecture : 4 minutes

Il y a pire que la peur, c’est la peur de la peur, un danger invisible comme le Covid ou encore plus effrayant : « l’extrême-droite ». Médiacritiques le trimestriel de nos camarades d’Acrimed, aimables troskistes égarés dans la critique des médias, consacre son édition de février 2022 à « médias et extrême-droite ». Rions un peu dans ces temps de manque.

Vade retro satana

« Cor­don san­i­taire, la grande banal­i­sa­tion, muti­la­tion des débats, dédi­a­bolis­er un néo-fas­ciste, banalis­er un délin­quant raciste, blanchir un néga­tion­niste, com­plic­ités, mais que font les rédac­tions, busi­ness de la peur, légiti­ma­tion médi­a­tique, racisme chic, philoso­phie de l’imposture », quelques titres et quelques sous-titres qui don­nent l’ambiance du jour­nal, des rédac­teurs ter­ror­isés devant un ter­ri­ble dan­ger : la parole se libère et les débats ne se font plus seule­ment entre copains libéraux-lib­er­taires et lib­er­taires-libéraux, par­fois – ren­dons grâce à Acrimed – badi­geon­nés de Marx­olo­gie gen­ti­ment datée.

Zemmour + Bolloré = le diable

Nous n’avons pas comp­té com­bi­en de fois le terme Zem­mour revient dans le jour­nal, sûre­ment à chaque page, sauf peut-être celles con­sacrées au RN et à la famille Le Pen.

Il est vrai qu’Eric Zem­mour au début de la cam­pagne élec­torale est apparu comme un météore et un « bon client » pour les médias. Bon client = bonne audi­ence = invité sou­vent. Entre sep­tem­bre 2021 et mi-févri­er 2022 le jour­nal­iste devenu can­di­dat était présent partout. Mais ce que la presse fait, elle le défait, suiv­ant l’adage « Léch­er, lâch­er, lynch­er ». Dès le 25 févri­er, date de l’invasion russe de l’Ukraine, les médias se sont déchaînés con­tre Eric Zem­mour, devenu mal­gré lui un fort utile para­ton­nerre pour Marine Le Pen. Ce que regret­tent les rédac­teurs d’Acrimed, c’est ce que souligne le jour­nal­iste libéral repen­ti Glenn Green­wald pour l’Amérique mais qui s’applique aus­si bien à l’Europe :

« La reli­gion cen­trale des libéraux améri­cains est dev­enue la cen­sure. Réduire au silence, dépro­gram­mer et surtout empêch­er leurs adver­saires d’être enten­dus est main­tenant leur objec­tif pri­or­i­taire, leur arme de choix ».
Glenn Green­wald, 15 avril 2022

Un peu de Patrick Buisson pour se remettre

Sur Éric Zem­mour, on peut aisé­ment préfér­er l’analyse de Patrick Buis­son dans Le Point (15 avril 2022) :

« Con­traire­ment à ce qu’a voulu croire son équipe, il n’était pas un can­di­dat de rassem­ble­ment mais un candidat
de déblaiement. Il a pleine­ment rem­pli son office de brise-glace idéologique en accli­matant de nou­veaux thèmes dans le débat comme celui, par exem­ple, du grand rem­place­ment, jusque-là très con­ceptuel. Il n’a cessé tout au long de la cam­pagne d’invoquer le retour du trag­ique dans l’Histoire et de con­vo­quer un imag­i­naire anx­iogène. Mais ce qui a fait sa for­tune médi­a­tique aura causé sa perte dans les urnes.
Lorsque le trag­ique est passé de la per­spec­tive à l’imminence avec la guerre en Ukraine, sup­plé­ment non prévu au pro­gramme, le décor a brusque­ment changé. Zem­mour est alors apparu comme le cav­a­lier de l’Apocalypse. Emprun­té au grec ancien, « apoc­a­lypse » sig­ni­fie dévoile­ment. Zem­mour aura été le can­di­dat du grand dévoile­ment. Celui qui lev­ait le voile sur un paysage terrifique.
Dans ces con­di­tions, il était fatal qu’on en vînt à con­fon­dre le mes­sage et le mes­sager et que ce dernier finît par faire fig­ure d’épouvantail. Face aux prophètes du mal­heur, la majeure par­tie de la bour­geoisie française sera tou­jours du par­ti de Jeanne Bécu, alias la comtesse du Bar­ry : « Encore un instant, mon­sieur le bour­reau ! » C’est le syn­drome du Titan­ic, qui veut que les pas­sagers de pre­mière classe s’accrochent jusqu’à la dernière minute à leurs privilèges. »

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