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Presstalis au bord du gouffre, encore un pas en avant ?

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8 février 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Presstalis au bord du gouffre, encore un pas en avant ?

Temps de lecture : 3 minutes

Le cas Presstalis est un caillou dans la chaussure des éditeurs de presse et des pouvoirs publics depuis des dizaines d’années. Et un cauchemar permanent pour les éditeurs qui utilisent les services du distributeur de presse. Après que la CGT du Livre ait vécu somptueusement sur la bête, après un fonctionnement erratique, des plans sociaux coûteux à tout va, des aides continues de l’État, les échéances semblent se rapprocher.

Départ de l’ancienne PDG

Dominique Ben­bunan est rev­enue à l’automne 2019 à ses pre­mières amours chez Edi­tis après deux petites années chez le dis­trib­u­teur de presse. Après des comptes 2018 refusés, des aides de l’État supérieures à 100M€, les besoins en tré­sorerie se font pres­sants. Avec des intérêts diver­gents, entre les gros édi­teurs de quo­ti­di­ens, les édi­teurs de mag­a­zines et la pié­taille rançon­née des petits édi­teurs. La société ne règle plus l’URSSAF depuis des mois et n’est pas en mesure de rem­bours­er les échéances de ses prêts.

Le tout sur fond de con­flit entre les mag­a­zines et les quo­ti­di­ens. Les mag­a­zines – qui ont per­mis l’élection de Dominique Bernard le nou­veau PDG – esti­ment qu’ils ser­vent depuis trop longtemps de vache à lait aux quotidiens.

Trois hypothèses

La pre­mière solu­tion, c’est remet­tre au pot. Par l’État qui pour­rait aban­don­ner des créances qu’il ne récupèr­era jamais et met­tre de nou­veau un peu de tré­sorerie pour cou­vrir la tran­si­tion. Les grands édi­teurs met­traient la main à la poche, les petits (ceux qui ont une VMF (vente au mon­tant fort) inférieure à 3M€ en seraient exemp­tés. Prob­lème, les besoins se mon­tent à plusieurs cen­taines de mil­lions pour assur­er une par­tie du pas­sif, entamer un nou­veau plan de licen­ciement et restruc­tur­er sérieuse­ment l’entreprise. Et Brux­elles ne ver­rait pas d’un bon œil l’abandon de cer­taines créances ou de nou­velles aides des pou­voirs publics.

Deux­ième solu­tion, le règle­ment judi­ci­aire. Avec une révolte garantie de la CGT. Les indem­nités de licen­ciement seraient cou­vertes par les AGS mais avec des mon­tants sans doute con­sid­érable­ment inférieurs à ceux aux­quels le syn­di­cat a été habitué, les indem­nités con­ven­tion­nelles de licen­ciement (ICL) ont tou­jours été jusqu’ici grass­es et plantureuses.

Troisième solu­tion, un peu une vari­ante plus rapi­de de la deux­ième, la liq­ui­da­tion immé­di­ate appuyée sur un nou­veau pro­jet d’entreprise, avec le même prob­lème social que ci-dessus.

Dans les hypothès­es 2 et 3, MLP (Mes­sageries Lyon­nais­es de Presse), le con­cur­rent du secteur privé, pour­rait repren­dre assez vite le ser­vice de dis­tri­b­u­tion physique de la presse mag­a­zine, mais avec cer­tains risques d’indigestion devant cet afflux, notam­ment sur le plan infor­ma­tique. La PQR pour­rait de son côté repren­dre la dif­fu­sion des quo­ti­di­ens, régionaux comme nationaux. Autre solu­tion pos­si­ble, la mon­tée en puis­sance de Prox­imy, société de dis­tri­b­u­tion du groupe Arnault Le Parisien/ Les Echos pour dis­tribuer les quo­ti­di­ens. Mais que deviendraient les dif­fuseurs inter­mé­di­aires et les créances qu’ils déti­en­nent ? Sans compter la perte de l’encours des édi­teurs chez Presstal­is, perte qui pour­rait oblig­er les plus frag­iles à met­tre la clé sous la porte. Tic-tac, tic-tac, l’horloge avance inex­orable­ment. L’ARCEP (autorité de tutelle) et le Min­istère de la cul­ture qui suit le dossier, font le gros dos, espérant que l’explosion ne se pro­duise pas avant les élec­tions munic­i­pales du print­emps. Tic-tac.