Bienvenu dans le village global
Née en 1985, Hélène Bienvenu est la correspondante de plusieurs médias francophones (dont Le Figaro) et anglophones en Europe Centrale depuis Varsovie. Polyglotte (elle écrit et parle cinq langues, dont le hongrois et le polonais). Mobile, elle est l’incarnation d’un journalisme cosmopolite qui ne rend compte de la situation politique d’un pays qu’à travers des angles sociétaux plus ou moins libertaires (véganisme, droits des femmes et discrimination des minorités) calibrés pour le branchouille parisien. Son credo : « écrire sur cet Autre, proche ou lointain, mon frère d’humanité, pris comme moi, dans les tumultes d’un “global village” rendu faussement familier par le ron-ron médiatique ambiant ». Entre le frère d’humanité et le frère d’idéologie, elle navigue. Qu’importe le voyage, pourvu qu’on ait la société ouverte chère à George Soros.
Formation
Hélène Bienvenu effectue toute sa scolarité primaire et secondaire dans des établissements privés catholiques d’Évry : la maternelle et l’élémentaire à Sainte Mathilde, le collège et le lycée à Notre-Dame de Sion. Après une année d’hypokhâgne à Claude Monet dans le XIIIe arrondissement de Paris, elle intègre Sciences Po Paris. Elle passe son année d’échange en Pologne en 2006 et enchaîne sur un master en relations internationales, qu’elle décroche en 2008. Durant ses études, elle effectue des stages au bureau polonais de l’AFP et au sein de l’agence thaïlandaise d’ATD Quart Monde. Elle découvre Budapest cette même année, ville où elle est envoyée pour le compte d’un éditeur de livres de voyage. Conquise par la culture magyare, elle suit une licence de hongrois à l’INALCO, qu’elle valide en 2011. Elle obtient la même année une certification de langue délivrée par l’Institut Hongrois de Paris.
Parcours professionnel
La jeune femme se consacre dès la fin de ses études à Sciences Po à la rédaction de guides de voyage pour des éditeurs (Le Petit Futé, Michelin) et des sites spécialisés (Spotted by Locals, Azurever). Routarde invétérée, elle n’est jamais avare de photos et de commentaires sur son blog au sujet des lieux qu’elle visite. Elle peut également se targuer de plusieurs expériences dans la communication interculturelle, notamment en tant que community manager.
Mais elle demeure avant tout journaliste, son réseau et ses compétences linguistiques font d’elle une correspondante de choix pour la presse française dans des pays où elles n’ont pas toujours beaucoup d’intermédiaires. Ainsi, elle est plébiscitée par tous types de médias où son éclairage sur la politique intérieure des « mauvais élèves de l’Europe » est bienvenu, que ce soit dans le catholique La Croix de 2011 à 2019, le respectable Figaro ou les très militants Slate et Mediapart. Les médias internationaux ne sont pas en reste, le New York Times et Al-Jazeera faisant partie des publications où elle écrit. Last but not least, elle intègre en 2018 la rédaction du Courrier d’Europe Centrale, marqué à gauche. Elle écrit exclusivement pour la presse internationale et ne semble pas collaborer sur place avec des journaux centre-européens.
Vie privée
Elle grandit dans un pavillon situé dans un quartier résidentiel d’Évry, banlieue sensible et colorée de région parisienne dont Manuel Valls fut le maire entre 2001 et 2012. Son environnement familial est intellectuellement stimulant. Sa mère, Françoise Bienvenu, née Lecat, est issue d’une lignée de magistrats, dont provient notamment Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture sous Giscard entre 1978 et 1981. Elle est juge d’application des peines au tribunal de Créteil entre 1992 et 2002. Au Parisien, elle livre à son sujet : « Quand on était petits, elle nous donnait des leçons de vie en partageant avec nous des morceaux choisis de ses audiences ». Son décès brutal des suites d’un mésothéliome a été favorisé par la présence d’amiante dans le bâtiment du TGI de Créteil.
Son père, Yves Bienvenu, est centralien, titulaire d’un doctorat en sciences de l’université Carnegie de Pittsburgh et professeur honoraire à l’école des Mines. Ses recherches portent principalement sur les matériaux métalliques.
Elle a quatre frères (Charles, Pierre-Yves, François, Thomas) et une sœur (Claire). Pierre-Yves Bienvenu est agrégé et docteur en mathématiques, chercheur à l’université Max Planck de Berlin. Thomas Bienvenu est ingénieur d’études chez Alstom et a effectué un stage à la mairie d’Évry en 2010 sous la mandature de Manuel Valls.
Collaborations
Elle est une collaboratrice de longue date de Cafébabel.com, un magazine en ligne multilingue à destination des jeunes fondé par d’anciens étudiants Erasmus et dont l’ambition est de « contribuer à l’émergence d’une opinion publique européenne ». A ce titre, il bénéficie d’une subvention versée par l’Union européenne.
Pour la rédaction d’un article en anglais intitulé « Refugees vs hate speakers in Central Europe », elle reçoit en mars 2016 une bourse du JournalismFund s’élevant à 7.700 €. Cet organisme est financé à hauteur de 10 % par l’Open Society de George Soros. En 2020, sur un budget total de 1 558 936 €, la fondation de Soros avait contribué à hauteur 142.000 € pour financer des projets de journalistes européens.
En 2021, elle participe, aux côtés d’une vingtaine de journalistes, à l’initiative « Sisters of Europe » qui se présente comme un cahier de doléances féministe des sociétés européennes suite au phénomène #Metoo. « Sisters of Europe » est nominé la même année pour l’Innovation Award, une des récompenses décernées chaque année par le European Press Prize, un organisme basé à Amsterdam et très lié à l’Open Society. En 2018, la remise des prix du European Press Prize eut lieu à Budapest, dans les locaux de l’Université de l’Europe Centrale fondée par George Soros en 1991. Un des cofondateurs du prix, le journaliste et directeur de centre culturel néerlandais Yoeri Albrecht, siège au conseil consultatif de l’Open Society.
Nébuleuse
Nora Mandray
Diplômée de Sciences Po et d’une école de cinéma à Los Angeles, polonophone, elle conçoit en 2010 avec Hélène Bienvenu un webdocumentaire autour de la ville de Detroit et de la « consommation collaborative » que pratiquent ses habitants. Selon Bienvenu, « le phénomène nous fascinait, parce qu’il paraissait être une solution à beaucoup de problèmes en temps de crise. Et surtout, c’était enfin une manière de vivre plus authentique ». Pour ce projet, elles obtiennent une subvention du CNC (aide à l’écriture nouveau média). Nora Mandray poursuit sa carrière de documentariste à Berlin et fait son trou dans le circuit des festivals. Elle réalise notamment un documentaire sur le FN, « Danse avec Le Pen », tourné pendant les derniers jours de la présidentielle 2017, qui s’attache à dénoncer la banalisation de la rhétorique du parti au fil des générations.
Prune Antoine
Les deux femmes se rencontrent à Café Babel. Antoine est alors rédactrice en chef du magazine tandis que Bienvenu est une journaliste et traductrice bénévole. Leurs noms se décroisent une dizaine d’années plus tard alors que Prune Antoine est rédactrice en chef du projet féministe « Sisters of Europe », auquel collabore Hélène Bienvenu. Leurs études, leurs pérégrinations, leurs centres d’intérêt ainsi que leurs styles littéraires sont étonnamment similaires. Voir son portrait.
Marc Santora
Ancien responsable de l’Europe Centrale et de l’Europe de l’Est pour le New York Times. Il coécrit avec elle des articles pour le quotidien.
Elle l’a dit
#Hongrie #LGBTQI+ “Les réactions internationales, placent Viktor #Orbán dans une position de “seul contre tous” qu’il affectionne particulièrement et servent le récit d’une nation injustement attaquée” à lire via @CEuropeCentrale: https://t.co/J1zqqUSRVk
— Helene Bienvenu (@bienvenuLN) June 28, 2021
« Cet amendement est cynique. C’est un jeu politique inhumain. Si le Fidesz avait vraiment voulu lutter contre la pédophilie, il aurait retiré la partie traitant d’homosexualité et le Parlement dans son ensemble aurait voté en faveur. (Tout ceci, NDLR) a pour but de générer la division», note de son côté le député d’opposition Péter Ungar sur sa page Facebook. Car cette nouvelle législation, s’inspirant largement d’une loi appliquée par la Russie de Vladimir Poutine…Diviser pour mieux régner : une devise que Viktor Orban maîtrise à merveille. Les migrants ayant disparu de la frontière serbo-hongroise, il a multiplié depuis deux ans les attaques envers la communauté LGBT, interdisant le changement de sexe à l’état civil ou encore l’adoption d’enfant ». Le Figaro, 24/06/2021
« Malgré cet événement tragique, l’IVG reste encore difficilement accessible un an après le début de la pandémie. À Bucarest, deux hôpitaux publics réalisent désormais l’opération, mais ce n’est pas sans restriction : il faut que la grossesse soit à 10 et 12 semaines maximum. Cet accès restreint pendant près d’un an se lit dans les statistiques officielles : pour l’année 2020, le nombre d’avortements chute de 35 % par rapport à 2019. En revanche, en décembre 2020, soit neuf mois après le début du confinement, 15 857 enfants naissent en Roumanie, 2 103 de plus qu’en novembre et 433 (2,8 %) de plus que le même mois un an plus tôt, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS). Cela alors qu’en Roumanie la tendance est à la baisse de la natalité », Le Courrier d’Europe centrale, 19/03/2021.
« La Pologne a célébré ce dimanche 11 novembre 2018 un bien pathétique centenaire d’indépendance. Payant le prix de leur complaisance, les nationaux-conservateurs au pouvoir se sont fait ravir la vedette par des groupes d’extrême-droite, certes minoritaires mais très visibles, lors d’une marche qui aurait rassemblé 200 000 personnes dans les rues de Varsovie », Le Courrier d’Europe Centrale, 12/11/2018.
« Les migrants déjà présents en Hongrie, eux, sont promis à une vie bien difficile. En tout, ils sont 1 216 (Syriens, Afghans, Irakiens…) à avoir reçu la protection de l’État hongrois en 2017. Mais ils ne bénéficient plus d’aides depuis 2016. “Lorsque j’ai reçu mon statut de réfugié, on m’a prié de prendre mes bagages et de filer”, témoigne Masod (prénom modifié), un Afghan de 27 ans arrivé dans le pays en 2015.
« Ce jeune réfugié se trouve aujourd’hui livré à lui-même, survivant de petits boulots irréguliers à l’étranger. “C’est quasiment impossible de trouver un emploi quand on ne parle pas hongrois, on ne m’a jamais offert de cours. J’ai peu d’amis, et je connais peu d’organisations pour m’aider, je suis hébergé chez une particulière, et j’essaie de contribuer au loyer, mais avec quel argent ?” », La Croix, 21/06/2018.
« Pendant notre séjour, on n’a pas arrêté de se questionner sur la ségrégation. Encore aujourd’hui, elle est palpable. C’est fou de se dire qu’en 1940 un promoteur immobilier à Détroit avait même construit un mur pour séparer un quartier de « Blancs » du reste, habité par les « Noirs »! L’autre chose marquante, c’est bien sûr, les maisons en ruine. Ce n’est pas qu’un cliché. Elles se comptent par dizaines de milliers à Détroit. La ville a conservé la même taille que dans ses années fastes, or elle s’est vidée de moitié… Et aux États-Unis, on a pas le même souci du patrimoine qu’en France, ni les mêmes recours fiscaux pour maintenir une collectivité. Franchement, on a beau jouer les gros bras, on en mène pas large quand on se retrouve à parcourir à vélo (à pied, je n’ai même pas tenté!) une rue où plus aucune maison n’est habitée… Non pas qu’il s’y passerait forcément quelque chose mais il y a des disparitions inexpliquées et des balles qui se perdent régulièrement dans ces coins où les « crackhouse » dominent le paysage », Liligo, 03/06/2014.
« Et si Jobbik est passé maître dans la sphère virtuelle, il n’en oublie pas pour autant les rendez-vous dans la vie réelle. Et il y en a pour tous les publics : karaoké nationaliste pour sa section jeunesse ; Majális, un rassemblement familial gigantesque sur l’оle du festival Sziget ; des discussions-débat dans les diverses circonscriptions de Budapest, les députés Jobbik assurant aussi des permanences ouvertes а tous dans les bureaux des sections locales du parti. Puisqu’il n’y a pas de petites économies, les particuliers aussi viennent en aide au parti, des gérants de boutiques ou bars affichant ouvertement leur soutien et disposant d’une urne pour contribuer au mouvement pour une «meilleure Hongrie» », Slate, 10/04/2014.
« And yeah, I’m always very impressed by the Hungarian parliament (talking about the building here, not so much about the institution nowadays;)) », Spotted by Locals, 06/12/2012.
« Je m’intéresse en particulier à ces sujets de l’histoire avec un grand H qui n’ont guère fait l’objet de chroniques, à ces petits gestes aux grandes conséquences, à ces oubliés de l’actualité détenteurs de richesses enviées de tous, à ceux qui œuvrent pour un monde meilleur, en symbiose avec l’environnement », présentation sur son blog personnel, 2009.