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Plan social à l’AFP : 125 postes supprimés et l’immeuble du siège à vendre

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21 octobre 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Plan social à l’AFP : 125 postes supprimés et l’immeuble du siège à vendre

Temps de lecture : 4 minutes

Début 2018, l’AFP prévoyait une hausse de son chiffre d’affaires (CA) de 2,5% avec un résultat net à l’équilibre, après une progression de 0,5% en 2017, tout en ratiboisant les investissements de 3 millions d’euros en un an (7,9 millions d’euros en 2018). L’agence, qui estimait son besoin d’argent à 60 millions d’euros en cinq ans, avait vu son directeur Emmanuel Hoog lâché par l’État une fois Macron arrivé au pouvoir, et avait laissé un trou financier de 5 millions d’euros en 2016 et 4,7 en 2017. Vient le moment de payer l’addition et elle va être lourde : l’AFP va connaître un lourd plan social.

Hoog recasé

Mais ce n’est pas Hoog qui paiera – il s’est lais­sé débar­quer et a été recasé par Macron comme ambas­sadeur du numérique, un poste nébuleux grasse­ment payé où il sera entre autres respon­s­able de la lutte con­tre les fakes news/infox – au détri­ment de son prédécesseur sarkozyste David Mar­ti­non, expédié comme ambas­sadeur certes plénipo­ten­ti­aire et extra­or­di­naire, mais… en Afghanistan.

Immeuble à vendre et plan social

Pre­mière­ment, l’immeuble his­torique du siège parisien devrait être ven­du – si tout au moins les impôts ne seront pas plus élevés que 20% de la plus-val­ue prévue. La vente devrait être décidée d’ici la fin de l’année et est déjà en butte à l’hostilité ouverte des six syn­di­cats et de la société des jour­nal­istes.

Comme l’AFP ne demande plus que 17 mil­lions d’euros d’aides publiques au lieu des 60 demandés par Hoog sur cinq ans, dans le cadre du fonds de trans­for­ma­tion de l’action publique, elle a lancé aus­si un plan de réduc­tion de la masse salar­i­ale. Venu « du privé », Fab­rice Fries renoue avec ses méth­odes – et ses vieux démons – qui lui ont fait divis­er les résul­tats et le nom­bre d’employés de Pub­li­cis Con­sult­ing, qu’il a dirigé de 2008 à 2016, par deux. Et qu’il a aban­don­née avec 4,5 mil­lions d’euros de déficit.

L’AFP a 1500 jour­nal­istes, 2400 col­lab­o­ra­teurs de 80 nation­al­ités dif­férentes et un CA annuel de 300 mil­lions d’euros dont 131,5 mil­lions d’euros d’aides éta­tiques aux­quelles se rajoutent 21,6 mil­lions d’abonnements pour plus de 1100 ser­vices de l’État avec une « remise de quan­tité » de 20%. Elle est présente dans 151 pays et pro­duit plus de 5000 dépêch­es, 3000 pho­tos et 250 vidéos par jour.

Fab­rice Fries veut donc sup­primer 125 postes (dont 40 jour­nal­istes) et revenir à l’équilibre en 2021. Il s’agit en fait de recruter 35 jour­nal­istes, mais aus­si de ne pas rem­plac­er 160 départs naturels et d’en inciter d’autres à par­tir moyen­nant une enveloppe de 13 mil­lions d’euros. Il s’agirait de réduire de 2,4 à 1,3% par an l’évolution des charges de l’AFP et de 16,5 mil­lions d’euros en cumulé d’ici 2023. En revanche, il n’y aura que 8 mil­lions d’euros d’investissements, portés sur la vidéo pour l’essentiel.

Appel à la grève

Si tim­o­ré qu’il soit – l’AFP est soutenue par l’État, donc le con­tribuable – ce plan a ren­con­tré l’hostilité du SNJ qui a soutenu que la « diminu­tion nette de l’emploi, a for­tiori rédac­tion­nel […] risque de ne plus per­me­t­tre à l’A­gence d’ex­ercer con­ven­able­ment sa mis­sion d’in­former » ; la CGT juge le plan « irrecev­able », SUD « mal pré­paré ». Le 11 octo­bre les six syn­di­cats de l’AFP ont adop­té par 261 voix pour, 2 absen­tions et 0 con­tre une motion com­mune qui appelle à trois heures de débrayage le 18 octo­bre 2018 de 10 à 13h [heure de Paris], jour du comité d’entreprise où le PSE doit être présenté.

« Les organ­i­sa­tions syn­di­cales toutes caté­gories de l’AFP (CGT, SNJ, CFDT, FO, SUD et CFE-CGC) s’op­posent au plan de sup­pres­sion de 125 postes nets présen­té par Fab­rice Fries au con­seil d’ad­min­is­tra­tion du 4 octo­bre qui fait porter un lourd risque sur la mis­sion d’in­térêt général de l’a­gence », indique briève­ment le texte de la motion, qui indique aus­si qu’une « nou­velle assem­blée générale aura lieu jeu­di 18 octo­bre à 15h, à l’issue du CE ».

Crédit pho­to : Pho­tos et Voy­ages via Flickr (cc)