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L’AFP et les introuvables casseurs pro-Zemmour

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18 août 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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L’AFP et les introuvables casseurs pro-Zemmour

Temps de lecture : 5 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 3 novem­bre 2021

Samedi 30 octobre 2021, les partisans d’Éric Zemmour, et plus largement ceux qui veulent en savoir plus sur le probable candidat à l’élection présidentielle, se sont retrouvé lors d’un meeting à Nantes. Quelques gauchistes avaient pour l’occasion décidé d’organiser une manifestation qui a vite dégénéré. Pour couvrir l’évènement, l’AFP a distribué de bien curieux éléments de langage à la presse régionale et nationale.

Zemmour est la cible

Le franc par­ler et la force de con­vic­tion d’Éric Zem­mour dérangent. Cer­tains gauchistes doivent se douter qu’il y a péril en la demeure pour le désor­dre organ­isé dont ils sont les zélés pro­mo­teurs si l’essayiste parvient au pou­voir. Dans ce cadre, les « inci­dents » qui ont mar­qué le meet­ing d’Éric Zem­mour étaient prévis­i­bles. Les choses avaient mal com­mencé dès l’annonce de la man­i­fes­ta­tion anti-Zem­mour, avec des affich­es met­tant en cible l’ancien invité phare de « Face à l’info » sur CNews. Un appel au meurtre en bonne et due forme. Cela ame­nait Stéphane Pilard à com­menter sur Twit­ter :

Mais l’on n’avait encore rien vu ni surtout rien lu.

Les black blocs attaquent la police, les pro-Zemmour sont-ils de la partie ?

Le jour du meet­ing, la fine fleur de l’extrême gauche et des punks à chien s’est retrou­vée pour man­i­fester son oppo­si­tion non seule­ment aux idées défendues par Éric Zem­mour, mais égale­ment à la tenue de la réu­nion publique. Mais nos amis de la lib­erté d’expression ne se sont pas arrêtés là.

Comme en témoigne la vidéo mise en ligne par Jules Tor­res, les man­i­fes­tants s’en sont rapi­de­ment pris aux forces de l’ordre. L’un des casseurs a attaqué vio­lem­ment une voiture de police en circulation.

Les black blocs ont égale­ment inter­rompu à grand dan­ger la cir­cu­la­tion sur une voie rapi­de voi­sine. Cela ame­nait Juli­ette Briens à con­stater sur Twit­ter que « les gros cas soci­aux ont bu telle­ment de 8.6 qu’ils n’arrivent pas à courir droit ».

https://twitter.com/Juliette_Briens/status/1454503223889440774

Voir aus­si : Qui sont les black blocs… ? La ques­tion pavlovi­enne des médias officiels

L’AFP et la disqualification par association

On se sou­vient de l’étrange man­sué­tude des forces de l’ordre pour les black blocs infil­trés lors de cer­taines man­i­fes­ta­tions des gilets jaunes. Leurs vio­lences ont abouti par un savant amal­game à cou­vrir d’opprobre ce mou­ve­ment. La leçon ne sem­ble pas oubliée pour tout le monde.

Le suc­cès d’Éric Zem­mour dans les sondages et plus large­ment lors de ses déplace­ments doit inquiéter une frange non nég­lige­able d’une par­tie du clergé médi­a­tique. Les élé­ments de lan­gage dis­tribués par l’AFP pour relater les rix­es sur­v­enues à l’occasion de la man­i­fes­ta­tion des gauchistes sont en tous points édifiants :

« Heurts et pro et anti Zem­mour à Nantes » pour Le Point

« Des heurts entre pro et anti Zem­mour avant un meeting » pour Nice Matin

Tou­jours aus­si imag­i­natif, le Huff Post titre « A Nantes, des heurts entre pro et anti Zem­mour ».

C News y est allé du même cou­plet avant de sup­primer son titre hasardeux. Mais n’est-ce pas la pre­mière impres­sion qui compte ? Par­mi les médias de grand chemin, Le Figaro sauve l’honneur en désig­nant les agresseurs, les antifas, et les agressés, la police, tout en pré­cisant que ces événe­ments ont été en marge d’un meet­ing de Zemmour.

Les casseurs et les par­tic­i­pants au meet­ing de Zem­mour tous impliqués dans les violences ?

De nom­breux médias ont donc repris sans aucune véri­fi­ca­tion la dépêche de l’AFP, sans avoir pu apporter le début d’une preuve de l’implication des par­tic­i­pants au meet­ing de Zem­mour à ces violences.

Quel était le but recher­ché en faisant ce savant amalgame ?

La lec­ture d’un arti­cle récent du Nou­veau con­ser­va­teur peut apporter un éclairage à ce sujet.

François Mar­tin y analyse les moyens à dis­po­si­tion du prési­dent de la République pour dis­créditer celui qui pour­rait devenir son chal­lenger : en résumé, accuser Éric Zem­mour d’être respon­s­able de la mon­tée de la vio­lence pour le dis­qual­i­fi­er, quand bien même il n’aurait aucune respon­s­abil­ité en la matière.

« Ce sera la même méth­ode, avec une vari­ante, que celle employés con­tre les Gilets Jaunes, et un peu con­tre Philip­pot : enfon­cer le coin, avec l’appui de pré­ten­dus « supré­macistes », de casseurs et des médias (BFM en tête), entre les class­es pop­u­laires qui voteront pour lui et les class­es bour­geois­es (4), et resser­rer ces dernières, ter­ror­isées, autour du pou­voir comme les poussins sous les ailes de la poule. Une vari­ante aus­si du « Le fas­cisme ne passera pas », employé jusqu’à la nausée con­tre le FN et le RN. On utilis­era tout ce qu’il faut, y com­pris des excités des quartiers, des sup­plétifs black blocs et cer­tains ser­vices « action » para-éta­tiques, pour créer des bagar­res et des émeutes, entretenir la vio­lence et mon­ter le procès. On voit déjà venir le coup, comme si c’était fait. Pourquoi Emmanuel Macron s’en priverait-il, puisque la vieille recette marche si bien, et depuis si longtemps ? Face à un adver­saire qui ren­tre dans votre cave et s’écrie « Pourquoi y a‑t-il autant de dyna­mite ? », quoi de plus sim­ple, pour l’accuser, que d’allumer soi-même les mèch­es ? ».

Dans cette stratégie, l’AFP ne sem­ble pas être le moin­dre des alliés du prési­dent de la République. Les prochains événe­ments nous diront si les médias aux ordres emploieront tou­jours ce procédé usé jusqu’à la corde mais tou­jours effi­cace, la dis­qual­i­fi­ca­tion par association.

Voir aus­si : Com­ment l’AFP for­mate la presse française, l’exemple LGBT