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Nigel Farage en lutte contre le totalitarisme woke des banques britanniques

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5 septembre 2023

Temps de lecture : 8 minutes
Accueil | Veille médias | Nigel Farage en lutte contre le totalitarisme woke des banques britanniques

Nigel Farage en lutte contre le totalitarisme woke des banques britanniques

Temps de lecture : 8 minutes

Nigel Farage, « l’homme du Brexit » qui anime aujourd’hui une émission quotidienne sur la chaîne de télévision GB News, va-t-il obtenir une compensation financière et des excuses de la banque de prestige Coutts qui lui a fermé ses comptes cette année en raison de ses opinions ?

L’ex responsable de Natwest mieux traitée que Farage

Pour le moment, c’est l’ancienne direc­trice de NatWest, la mai­son mère de Coutts, qui sem­ble bien par­tie pour récupér­er 2,5 mil­lions de livres ster­ling d’indemnités de départ après sa démis­sion pour avoir divul­gué à la BBC des infor­ma­tions finan­cières con­cer­nant son client et aus­si pour avoir men­ti à la chaîne publique bri­tan­nique, créant ain­si une de ces célèbres « fake news », sur les vraies raisons de la déci­sion de se débar­rass­er de ce client gênant.

Ain­si que nous le rela­tions le 21 juil­let dernier dans ces colonnes, les ban­ques bri­tan­niques sem­blent dévelop­per aujourd’hui une curieuse pra­tique con­sis­tant à sur­veiller dans les médias et sur les réseaux soci­aux les opin­ions de leurs clients et à fer­mer les comptes des clients jugés mal-pen­sants, sans que ceux-ci n’aient com­mis aucun crime ou délit ni même la plus petite infraction.

Le wokisme des entreprises

Le phénomène est décrit en ces ter­mes par le jour­nal­iste et essay­iste bri­tan­nique Mick Hume, con­nu dans son pays pour s’intéresser tout par­ti­c­ulière­ment aux ques­tions liées à la lib­erté d’expression et à la lib­erté de la presse :

« Ce que cela démon­tre très claire­ment, c’est que (…) la cul­ture de l’annulation woke n’est pas seule­ment le fait de quelques étu­di­ants rad­i­caux qui ten­tent de faire inter­dire les fémin­istes sur les cam­pus uni­ver­si­taires pour avoir cri­tiqué l’idéologie trans. Elle s’étend jusqu’au som­met de la société. Le monde de l’entreprise est aujourd’hui dirigé par des idéo­logues “woke”. »

Et d’ajouter, à pro­pos de cette Dame Alli­son Rose sur le point d’obtenir 2,5 mil­lions de livres ster­ling pour cause de départ anticipé de la direc­tion de NatWest :

« Toute sa mis­sion à la tête de cette banque, comme elle l’a dit elle-même, était de pour­suiv­re des activ­ités ban­caires axées sur une cause. Elle a racon­té ces men­songes à la BBC lors d’un dîn­er organ­isé pour une organ­i­sa­tion car­i­ta­tive écologique. Elle ne s’intéresse donc pas à la banque, mais aux caus­es envi­ron­nemen­tales et à la diver­sité. C’est l’idée qu’elle se fait d’un chef d’entreprise : pas de faire des béné­fices pour les action­naires ou rem­bours­er au gou­verne­ment les mil­liards de livres ster­ling qu’il a dépen­sés pour ren­flouer les ban­ques, mais diriger une insti­tu­tion idéologique. »

Mensonge de Natwest

Lors d’un dîn­er car­i­tatif, la direc­trice de NatWest avait « dévoilé » en juil­let à un jour­nal­iste de la BBC que la vraie rai­son de la clô­ture des comptes de Nigel Farage, con­traire­ment à ce que ce dernier racon­tait dans les médias, était qu’il ne rem­plis­sait plus les critères financiers de la banque Coutts, une banque pour gens riches.

Cette direc­trice de NatWest qui porte le titre hon­ori­fique de « Dame » (l’équivalent féminin de « Sir ») avait ain­si brisé l’obligation de con­fi­den­tial­ité des ban­ques en ce qui con­cerne les finances de leurs clients. Ceci avait fait réa­gir jusque dans le gou­verne­ment de Rishi Sunak, l’État bri­tan­nique détenant 38 % des actions de NatWest suite au ren­floue­ment de la banque avec l’argent du con­tribuable lors de la crise finan­cière de 2008. Aujourd’hui, le secré­taire d’État à la City, Andrew Grif­fith, s’intéresserait à cette his­toire d’indemnité de départ pharamineuse après avoir con­tribué à la démis­sion de Dame Alli­son Rose. D’autant plus que cette noble dame a aus­si men­ti au jour­nal­iste sur les véri­ta­bles motifs de la clô­ture des comptes de Farage, ce qui est désor­mais prou­vé et ce qui a même for­cé la BBC a présen­ter ses excus­es à la fin du mois de juil­let pour avoir dif­fusé les fauss­es infor­ma­tions fournies par la direc­trice générale de NatWest.

Farage bien banni pour raisons politiques

En effet, dans un doc­u­ment interne de Coutts remis par un employé de la banque à Nigel Farage et ren­du pub­lic par ce dernier, on a pu appren­dre quelles étaient les vraies raisons de la clô­ture de ses comptes. Il s’agit du compte-ren­du d’une réu­nion du comité de la banque Coutts respon­s­able de la ges­tion des risques répu­ta­tion­nels. Cette réu­nion s’était tenue le 17 novem­bre 2022 et avait débouché sur une recom­man­da­tion de clô­ture des comptes de l’ancien leader du Par­ti pour l’Indépendance du Roy­aume-Uni (UKIP) puis du Brex­it Par­ty, devenu ani­ma­teur sur la chaîne de télévi­sion « anti-woke » GB News.

Dans ce doc­u­ment de quar­ante pages, il est claire­ment dit que Farage rem­plis­sait bien les critères com­mer­ci­aux de Coutts, con­traire­ment à ce que pré­ten­dra 9 mois plus tard la direc­trice générale de NatWest. En revanche, les gens de Coutts y reprochent à Nigel Farage des vues « xéno­phobes et racistes » (du fait de son oppo­si­tion à l’immigration de masse et à l’immigration illé­gale) et il est même dit qu’il était « fas­ciste » dans son ado­les­cence. Out­re cela, la men­tion de pré­ten­dus liens de Nigel Farage avec la Russie appa­raît 144 fois, le mot « Brex­it » appa­raît 86 fois et Don­ald Trump est men­tion­né 39 fois ! En plus de son rôle dans le Brex­it et ses liens avec Trump, il est reproché à Farage son ami­tié avec Novak Djokovic, con­nu pour son refus de se vac­cin­er con­tre le Covid-19, ain­si que ses vues sur les ques­tions LGBT. Autant d’éléments qui font que, pour le comité de la banque Coutts respon­s­able de la ges­tion des risques répu­ta­tion­nels, les vues de Nigel Farage ne seraient pas con­formes aux valeurs de la banque, « étant don­né ses opin­ions publiques en con­tra­dic­tion avec notre posi­tion en tant qu’organisation inclu­sive ». Et pour les auteurs de la recom­man­da­tion de se débar­rass­er de la clien­tèle de Nigel Farage, « il ne s’agissait pas d’une déci­sion poli­tique, mais d’une déci­sion axée sur l’inclusivité et notre rai­son d’être ».

Une « inclusivité » très excluante

Farage lui-même a com­paré ce compte ren­du à un rap­port de la Stasi, car on y décou­vre que, depuis un cer­tain temps, la banque Coutts s’intéressait de très près aux opin­ions et déc­la­ra­tions de son client, y com­pris sur son pro­fil Twit­ter. Les gens de Coutts notent à ce sujet que ce pro­fil con­tient de nom­breux mes­sage de Farage en faveur du retrait du Roy­aume-Uni de la Con­ven­tion européenne des droits de l’homme, ce qui serait une indi­ca­tion sup­plé­men­taire de la non-con­for­mité de ce client avec les valeurs de la banque.

Suite à la pub­li­ca­tion de ce compte-ren­du com­pro­met­tant dans la presse, Peter Flav­el, le directeur général de la banque Coutts, a démis­sion­né dans la foulée d’Allison Rose, la direc­trice générale de sa mai­son mère Natwest. L’autorité finan­cière est alors inter­v­enue pour deman­der le main­tien de Sir Howard Davies à son poste de prési­dent de NatWest pour préserv­er la sta­bil­ité finan­cière de cette impor­tante insti­tu­tion bancaire.

Une enquête bidon

Davies a ordon­né une enquête sur les raisons pour lesquelles Coutts avait décidé de se débar­rass­er de Farage, mais ce dernier n’y croît pas. Ain­si qu’il l’écrivait le 24 août dans le Tele­graph :

« Davies se cache actuelle­ment der­rière une enquête visant à déter­min­er pourquoi Coutts m’a “déban­car­isé”. Non seule­ment cette enquête n’a pas de cal­en­dri­er fixe, mais le cab­i­net d’avocats qui la mène, Tra­vers Smith, a pour prési­dent émérite un homme appelé Chris Hale. Ce dernier a qual­i­fié le Brex­it de “tragédie” et a qual­i­fié le débat sur le Brex­it de “mélange inquié­tant de xéno­pho­bie, de racisme et de nos­tal­gie”. Étant don­né que j’ai été “déban­car­isé” en rai­son de mes opin­ions poli­tiques, je n’ai aucune con­fi­ance en Tra­vers Smith. Pire encore, une demande d’accès aux infor­ma­tions, que j’ai adressée à NatWest pour établir la vérité sur ce qu’Allison Rose savait du traite­ment que Coutts m’avait infligé et de la dis­sim­u­la­tion qui s’en est suiv­ie, m’est rev­enue après les 30 jours req­uis avec un mes­sage de mau­vais augure. On me dit que ma demande est “com­plexe” et qu’il fau­dra à la banque jusqu’à la fin du mois d’octobre pour y répon­dre. »

Pré­cisons tout de même que le nou­veau directeur général par intérim de Coutts, Mohammed Syed, lui a pro­posé à la fin du mois de juil­let de rétablir ses comptes bancaires.

Comme le fai­sait remar­quer Mick Hume sur Remix News fin août :

« La gauche s’en prend aux ban­ques depuis des années et n’a jamais rien obtenu. Nigel Farage s’est débar­rassé des plus grands ban­quiers en une semaine. L’indignation du pub­lic face à ce type d’attaque con­tre la lib­erté d’expression mon­tre qu’il y a de l’espoir. Elle mon­tre que nous pou­vons ral­li­er les forces qui défend­ent la lib­erté d’expression en tant que valeur fon­da­men­tale de notre société civil­isée. Mais pour cela, nous devons hiss­er le dra­peau et nous bat­tre. Nous devons pass­er à l’offensive. »

C’est ce que fait Nigel Farage, qui veut désor­mais créer « un puis­sant groupe de pres­sion » pour s’opposer à ces pra­tiques de dis­crim­i­na­tion idéologique par les banques.