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L’Éducation aux médias, vue depuis les associations subventionnées

20 avril 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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L’Éducation aux médias, vue depuis les associations subventionnées

Temps de lecture : 3 minutes

L’éducation aux médias et à l’information (en abrégé EMI) est à la mode. Parfois pour de bonnes raisons, faire lever un instant les jeunes têtes blondes (de moins en moins) de leurs smartphones pour réfléchir un peu. De moins bonnes, aussi quand il s’agit de combattre les infox alias fake news par un cordon sanitaire protégeant le bon peuple des « mauvaises informations » qui lui font tant de mal. L’ouvrage des jeune gauchistes bon teint de La Friche tient des deux, mais l’essentiel de la leçon à en tirer n’est pas là.

Des médias à défricher

La Friche est un col­lec­tif roubaisien de qua­tre jour­nal­istes indépen­dants, EDUmé­dias est un col­lec­tif de chercheuses (les messieurs se tairont, s’il vous plaît, aurait dit la char­mante Audrey Pul­var) actives dans leur domaine prin­ci­pale­ment en région des Hauts-de-France. Ce gen­til petit monde est inclusif (pour l’écriture), inter­sec­tion­nel en dia­ble, s’occupe des « quartiers pri­or­i­taires », com­prenez de l’immigration extra-européenne, de groupes soci­aux « minori­taires » ayant bizarrement ten­dance à être majori­taires dans cer­tains des quartiers sus-nom­més. Ils veu­lent « con­stru­ire une com­mu­nauté d’apprentissage cri­tique », ce qui part d’un bon sen­ti­ment. Ils dénon­cent le com­plo­tisme, ça ne mange pas de pain. Ils répè­tent à l’envi les lieux com­muns du marx­isme dilué dans l’idéologie du genre et quelques pon­cifs à la mode, rien de très nou­veau ni d’ailleurs de très méchant.

Subventions nous voilà !

Ce qui est plus intéres­sant c’est l’écosystème financier sous-jacent. Il ne nous vient pas à l’idée de pré­ten­dre que ce petit monde s’enrichit, ce n’est cer­taine­ment pas le cas, et la bonne volon­té mil­i­tante est évi­dente. Mais à y regarder de plus près entre postes bien au chaud à l’université (qui est bonne fille pour le gauchisme intel­lectuel style Ter­ra Nova mât­iné trans­genre) et sub­ven­tions divers­es, le méti­er n’est pas si mauvais.

Out­re les sig­nataires les dif­férentes asso­ci­a­tions étudiées reçoivent directe­ment ou indi­recte­ment des sub­ven­tions ou des aides de : Rennes métro­pole, région Bre­tagne, région Nord Pas-de-Calais, Min­istère de la cul­ture, France Télévi­sions, Arte, on doit en oubli­er. Une obscure asso­ci­a­tion (Car­men) dans la web télévi­sion, se fait financer qua­tre salariés pour des émis­sions trois soirs de suite tous les trois mois. Une autre asso­ci­a­tion autour du ciné­ma pour les pris­ons, Les Luci­oles, se fait salari­er deux per­son­nes. Une troisième, Labo 148 (audio-visuel) est soutenue par TV5 Monde et une école de la région, sans compter les rési­dences de jour­nal­isme. Au total ce nuage d’associations, de col­lec­tifs qui veu­lent dénon­cer l’espace pub­lic dom­i­nant en ont créé un autre, bien à eux. Col­lec­tifs d’un côté, grandes sociétés des GAFAM de l’autre,  parta­gent plus ou moins les mêmes valeurs libérales lib­er­taires, cha­cun des deux ingré­di­ents en pro­por­tions var­iées. Mais, au bout du bout, ce sont les pra­tiques dites lib­er­taires qui per­me­t­tent de faire pass­er les réal­ités du monde libéral, son­nantes et trébuchantes, comme un cache-sexe.

Friche/EDUmédias, Petit manuel cri­tique d’éducation aux médias, Édi­tions du com­mun, 2021, 175 p., 12 €

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