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Le Figaro lâché par Dassault et entre Bolloré et Arnault, intox ou infox ?

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29 novembre 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Le Figaro lâché par Dassault et entre Bolloré et Arnault, intox ou infox ?

Temps de lecture : 3 minutes

Le quotidien réputé conservateur est une belle entreprise d’influence, une diffusion totale payée proche de 350.000 exemplaires, 200.000 abonnés numériques, 25 millions de visiteurs mensuels sur le site. Avec aussi des pertes non négligeables en 2020. De quoi exciter les convoitises… ou les rumeurs malveillantes d’adversaires mal intentionnés.

Mediapart ouvre le feu

Le 20 novem­bre 2021, Lau­rent Mauduit lançait la rumeur sur le site islamo-gauchiste, en son­nant le toc­sin « Vin­cent Bol­loré lorgne le Figaro ». Sur un ton alar­mant l’éditorialiste analy­sait les rela­tions (réelles) entre les familles Bol­loré et Das­sault et pour­suiv­ait en insis­tant sur les inquié­tudes des bour­geois devant une entre­prise pos­si­ble de rachat qui « finit par indign­er même les plus mod­érés » (sic).

Le Monde remet le couvert

Il n’a fal­lu que quelques jours pour que le quo­ti­di­en du soir très macro-com­pat­i­ble appuie sur la pédale et relance la ren­gaine. Le 24 novem­bre sous la sig­na­ture d’Aude Das­sonville et Ari­ane Chemin, le  jour­nal repre­nait l’ascenseur là où Medi­a­part l’avait arrêté. Et de s’interroger grave­ment sur un nou­veau com­bat de titans entre les mil­liar­daires enne­mis Bol­loré et Arnault, au béné­fice prob­a­ble du premier.

Des arguments pour et des insinuations utiles

Par­mi les raisons objec­tives à une négo­ci­a­tion en coulisse, citons la mort acci­den­telle d’Olivier Das­sault en 2021, une faible entente entre les héri­tiers de Serge Das­sault et de mau­vais résul­tats financiers du groupe Le Figaro après entre autres l’achat à con­tre-temps de voy­ag­istes (Mar­co Vas­co, Les Maisons du voy­age). Des pertes sans doute proches des 190M€ en 2020 qui ont entraîné des réduc­tions d’effectifs et un pro­gramme d’économies.

Mais il y a d’autres raisons objec­tives pour Medi­a­part et le Monde de couin­er en lançant des rumeurs qui ser­vent de con­tre-feux. Lancer un aver­tisse­ment aux pro­prié­taires du Figaro, imag­i­nons : « ne vous lais­sez pas entraîn­er dans une mode pro-Zem­mour et anti-Macron, vous êtes sous sur­veil­lance et si la diplo­matie française favorise le groupe aérien Das­sault dans la vente d’avions Rafale comme récem­ment en Égypte et en Croat­ie, n’oubliez pas la main qui vous nour­rit ». Par ailleurs agiter l’ombre de l’ogre Bol­loré c’est aus­si un moyen de l’exorciser. En bonne poli­tique cela s’appelle de la ges­tic­u­la­tion pour neu­tralis­er l’adversaire.

Conclusion très provisoire

Charles Edel­stenne, 83 ans et toutes ses dents, l’homme fort de la hold­ing famil­iale Das­sault, a démen­ti absol­u­ment toute négo­ci­a­tion allant dans le sens d’une vente. Le jour où Le Figaro sera ven­du — pour une coquette somme pou­vant aller de 500M€ à un mil­liard — on peut être cer­tain que l’annonce sera faite une fois l’accord signé et enreg­istré. Bol­loré comme Arnault ont les poches assez pro­fondes pour l’opération et des intérêts poli­tiques et économiques qui jus­ti­fieraient cette acqui­si­tion. Entretemps les liens affec­tifs des héri­tiers Das­sault avec le quo­ti­di­en se dis­ten­dent… et la péri­ode pré-élec­torale puis élec­torale qui s’ouvre est favor­able aux jeux de bil­lard à trois ban­des, voire à qua­tre ban­des pour les ama­teurs. Mais gageons, mal­gré les couine­ments divers et var­iés, que rien ne se passera avant la fin de la péri­ode élec­torale d’avril/juin 2022… ou jamais.