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Journalisme d’influence : l’exemple d’Écran de veille

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10 octobre 2021

Temps de lecture : 3 minutes
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Journalisme d’influence : l’exemple d’Écran de veille

Temps de lecture : 3 minutes

Les divers États ou coalitions ou alliances ont toujours cherché à influencer l’opinion publique via les médias. La publicité récente autour d’un nouveau/ancien média « Écran de veille » en constitue une illustration contemporaine et digne d’intérêt.

Écran de veille, quel écran et pour veiller sur qui ?

Une cam­pagne de pub­lic­ité sur les kiosques parisiens a attiré notre atten­tion annonçant un nou­veau média pour 3 €, un prix assez raisonnable pour vouloir aller à sa découverte.

Pub­lié sur for­mat tabloïd et annonçant un numéro 14 (nous ignorons si les treize pre­miers numéros étaient en ligne ou sur papi­er ou les deux), le mag­a­zine com­porte seule­ment douze pages ; notre exem­plaire était curieuse­ment dou­ble, la pag­i­na­tion du mag­a­zine répétée deux fois.

Le jour­nal se veut à la fois « prospec­tion géos­tratégique, veille sécu­ri­taire, con­tre-ter­ror­isme, résis­tance aux fanatismes ». Il est l’émanation du site Glob­al Watch Analy­sis et défend dans son édi­to­r­i­al les « Valeurs fon­da­men­tales qui con­stituent le salu­taire socle civil­i­sa­tion­nel de la paix, de la fra­ter­nité, de l’égalité et du vivre ensem­ble ». On pour­rait ajouter les pommes de terre frites à cet ensem­ble vide et pompeux.

Global watch analysis

À con­sul­ter le site (en français), celui-ci est con­sacré qua­si exclu­sive­ment et de manière obses­sion­nelle aux Frères musul­mans, leurs méfaits, leur influ­ence néfaste, les finance­ments du Qatar. Le mag­a­zine est pub­lié en parte­nar­i­at avec Coun­tries Reports Pub­lish­ing (Lon­dres) dont nous n’avons pas retrou­vé la trace. Cer­taines tra­duc­tions sont faites par une agence de Malte.

Les arti­cles eux-mêmes com­por­tent une très longue analyse des atten­tats islamistes du 13 novem­bre 2015, des regrets de la défaite améri­caine en Afghanistan (La honte et le déshon­neur), une dénon­ci­a­tion du Pak­istan sou­tien des tal­ibans, un por­trait hagiographique de Ahmad Mas­soud, aimable fils de son père et élève de Sand­hurst (l’académie mil­i­taire bri­tan­nique), plus quelques brèves trai­tant du Moyen-Ori­ent ou de l’industrie de la défense.

Qui est derrière ?

Résumons, un mag­a­zine sor­ti en plein procès de l’attentat du Bat­a­clan, une hos­til­ité déclarée face aux Frères musul­mans et au Qatar, des arti­cles très hos­tiles à la Turquie, des regrets de la déser­tion améri­caine en Afghanistan, l’hostilité égale­ment vis-à-vis du Hamas, une éma­na­tion du monde anglo-sax­on, on sec­oue et ça donne quoi ?

Un mag­a­zine néo-con­ser­va­teur d’influence sor­ti pour l’occasion ; inspiré par ? Au choix : Israël, l’Arabie Saou­dite, les milieux bel­li­cistes améri­cains, les bri­tan­niques. L’Arabie Saou­dite manque d’expérience dans le domaine, nous ver­rions plutôt à l’œuvre – sans bien enten­du pou­voir absol­u­ment le prou­ver – une des nom­breuses officines liées aux ser­vices israéliens. Peut-être avec des coups de pouce extérieurs. Un peu à la manière des ser­vices bri­tan­niques qui se cachent (mal) der­rière le site Belling­cat qui a pignon sur rue. Comme quoi le papi­er a encore un avenir pour les officines d’influence.

Voir aus­si : EU DisinfoLab/Saper Vedere, agences de dés­in­for­ma­tion américaines ?