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EU DisinfoLab/Saper Vedere, agences de désinformation américaines ?

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2 janvier 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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EU DisinfoLab/Saper Vedere, agences de désinformation américaines ?

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 25/09/2018 — L’Observatoire du jour­nal­isme (Ojim) se met au régime de Noël jusqu’au 5 jan­vi­er 2019. Pen­dant cette péri­ode nous avons sélec­tion­né pour les 26 arti­cles de la ren­trée qui nous ont sem­blé les plus per­ti­nents. Bonne lec­ture, n’oubliez pas le petit cochon de l’Ojim pour nous soutenir et bonnes fêtes à tous. Claude Chol­let, Président

Lors de l’affaire Benalla, une partie du système médiatique macronien a lancé l’idée d’un gonflage de l’affaire par des réseaux russes. Cette campagne qui visait à jeter un rideau de fumée a été initiée par EU DesinfoLab et Saper Vedere. Notre courte synthèse est tirée des études beaucoup plus détaillées publiées sur le site Les Crises entre le 14 août et le 12 septembre 2018. Ces études (encore en cours) sont disponibles à la fin de notre synthèse.

L’affaire Benalla

Un théorème, attribué de manière apoc­ryphe à Charles Pasqua, illus­tre de manière imagée une petite par­tie de l’affaire Benal­la, ou plutôt com­ment cer­tains agents d’influence ont essayé de la noy­er dans une autre affaire :

« Quand on est emmerdé par une affaire, il faut sus­citer une affaire dans l’affaire, et si néces­saire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que per­son­ne n’y com­prenne plus rien ».

C’est ce qu’on ten­té les deux insti­tu­tions citées (voir infra pour leur orig­ine) en con­stru­isant un gon­flage numérique des tweets autour de Benal­la, puis attribuant la qua­si-moitié de ces tweets à de soi-dis­ant relais d’abord iden­ti­fiés comme pro-russ­es puis qual­i­fiés directe­ment de russ­es. Ce mon­tage fût repris par la macrosphère en général, entre autres par le jour­nal patronal L’Opinion ain­si que par Jean Qua­tremer, avant de faire long feu.

Saper Vedere et EU Desinfolab, sœurs belges

L’agence Saper Vedere a été créée à Brux­elles le 11 août 2017 par un Belge, Nico­las Van­der­biest, doc­tor­ant de l’UCL (Uni­ver­sité Catholique de Lou­vain) et deux Français, Alexan­dre Alaphilippe et Gary Macha­do. Il s’agit d’une société com­mer­ciale de presta­tions de ser­vices de con­seil en for­ma­tion depuis le début de l’année 2017.

L’association EU Desin­fo­Lab est une ASBL (équiv­a­lent de l’association loi de 1901 en France) belge créée le 13 décem­bre 2017 par les trois mêmes et qui a pour objet entre autres de « … défendre les indi­vidus con­tre la prop­a­ga­tion d’informations malveil­lantes, la dés­in­for­ma­tion et le phénomène des fake news au niveau nation­al, européen et inter­na­tion­al ». En pra­tique l’agence et l’association agis­sent en accordéon, cha­cune relayant les infor­ma­tions de l’autre.

Les partenaires viennent très vite

De bonnes fées se sont penchées rapi­de­ment sur Desin­fo­Lab. Moins de deux mois après sa créa­tion, Twit­ter donne 125.000 dol­lars pris sur les revenus des pub­lic­ités russ­es reçues par Twit­ter et redis­tribuées à des « organ­i­sa­tions lut­tant con­tre la dés­in­for­ma­tion ». Suiv­ent 25.000 dol­lars de la fon­da­tion Open Soci­ety de Soros pour suiv­re les élec­tions ital­i­ennes du print­emps 2018. Bien enten­du l’étude ital­i­enne trou­vera une « cor­réla­tion étroite entre trois exem­ples de dés­in­for­ma­tion et l’éco-système russe ».

L’Atlantic Coun­cil est un des bras armés de l’influence améri­caine en Europe avec nom­bre de mem­bres et anciens mem­bres de l’administration améri­caine au plus haut niveau à son con­seil d’administration. L’Atlantic Coun­cil va choisir le tout jeune Desin­fo­Lab pour créer le « Forum Transat­lan­tique sur la dés­in­for­ma­tion ». Ils organ­is­eront ensem­ble une con­férence à Brux­elles le 11 avril 2018. La fon­da­tion Soros Open Soci­ety et Desin­fo­Lab tien­dront con­férence com­mune un mois plus tard dans la même ville le 17 mai sur les élec­tions italiennes.

Vien­dra plus tard un finance­ment via le fond Eras­mus (sic) de l’Union Européenne, sans doute pour jus­ti­fi­er du EU de EU Desin­fo­lab. Puis un parte­nar­i­at avec le think tank tchèque Euro­pean Val­ues de Jakub Jan­ka. Jacub Jan­ka qui a pour héros le regret­té va-t-en-guerre répub­li­cain néo-con­ser­va­teur John McCain. Le sym­pa­thique Euro­pean Val­ues est parte­naire de nos amis de l’Atlantic Coun­cil et il est financé par l’Open Soci­ety, l’UE, l’OTAN, les ambas­sades améri­caine et bri­tan­nique à Prague etc.

La boucle est bouclée. Saper Vedere et EU Desin­fo­Lab sont ils des agents d’influence améri­cains ? Nous nous gar­dons bien de con­clure et lais­sons la réponse à la sagac­ité de nos lecteurs.

L’étude des Crises (qui con­tin­ue) se trou­ve ici.