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Groupe Ouest-France : l’absorption de Presse-Ocean se poursuit sur le web

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1 octobre 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Groupe Ouest-France : l’absorption de Presse-Ocean se poursuit sur le web

Temps de lecture : 4 minutes

Tout d’un coup, pfuiit ! disparu. Depuis ce 26 septembre, il n’y a plus de site indépendant de Presse-Océan, le quotidien de Nantes intégré dans le giron du groupe Ouest-France qui venait de fêter ses 75 ans. Preuve que nous n’avions pas si tort en expliquant qu’il était plus près de la tombe que du renouveau. Désormais, c’est une rubrique Presse-Océan sur le site d’Ouest-France, cependant encore aux couleurs du journal nantais.

Une synergie très Ouest-France

Et à droite, en regard des arti­cles du jour – des con­den­sés cen­sés attis­er la curiosité pour une édi­tion papi­er en réal­ité insipi­de à force d’être con­sen­suelle – on trou­ve le fil d’actualité en con­tinu d’Ouest-France. Ce qui s’appelle dans le jar­gon une syn­ergie. Les nan­tais en sont bien con­scients, puisqu’on trou­ve de plus en plus régulière­ment – surtout l’été – les mêmes arti­cles dans les deux jour­naux, jusqu’à la pho­to et par­fois le titre ! Quel intérêt alors de con­tin­uer à acheter Presse-Océan ?

Dans l’Anjou voisin, le Cour­ri­er de l’Ouest échappe encore à l’absorption et garde son pro­pre site inter­net. Tout comme il a su garder sa posi­tion de leader dans les départe­ments cou­verts. Mais l’Anjou et les Mauges ont aus­si très peu de médias indépen­dants – rien ou presque ne vient con­cur­rencer Le Cour­ri­er.

Sur le web, Presse-Ocean était depuis longtemps dis­tancé locale­ment, prin­ci­pale­ment par Breizh Info fondé il y a six ans – le seul quo­ti­di­en con­ser­va­teur bre­ton en ligne s’appuie tou­jours sur un solide socle de lecteurs, et déjoue la cen­sure en s’occupant de tous les sujets sen­si­bles que le groupe Ouest-France veut ignor­er. Sur un plan plus micro-local, une galax­ie de petits sites d’informations (Châteaubri­ant Actu­al­ités, Média web, Saint-Nazaire News) et même le gra­tu­it remar­quable de Yan­nick Urrien, La Baule + lui tail­lent des croupières. Désor­mais, grâce à son inté­gra­tion, Presse-Océan pour­ra se tar­guer des audi­ences web d’Ouest-France… dont le mérite ne lui revient guère.

Mort sans enterrement

« De fac­to, Presse-Ocean est déjà mort et enter­ré », résume un ex-jour­nal­iste du titre. « La moitié de nos lecteurs des années 2000 n’achèteront jamais Ouest-France, par principe, car c’est un jour­nal ren­nais, ou pour une autre rai­son. Eux ils lisent la presse nationale ou Breizh Info, qui sort tous les sujets qu’on n’a pas le droit de cou­vrir, et avec les pré­ci­sions qu’on n’a pas le droit de don­ner en plus. 

Expli­quer que Nantes-cen­tre c’est le Bronx ou que le marché de Tal­en­sac [marché cen­tral] est dans un état de saleté repous­sant, c’est mal vu. Don­ner noms et orig­ines des respon­s­ables de la sit­u­a­tion, plus encore. On ne peut même pas citer dans nos colonnes quelqu’un qui dirait que Johan­na Rol­land [la maire social­iste] est incom­pé­tente, eux le font à longueur de temps. Mais eux n’ont pas de pub et pas de pres­sions poli­tiques, ils n’ont rien à per­dre. Encore un quart est par­ti chez OF, car il y a les mêmes infos dans les deux titres, aucun intérêt de con­tin­uer de lire les deux. Un quart reste chez nous, ça ne suf­fit pas pour être rentable seuls et donc en capac­ité de sur­vivre. Et les jeunes, quand ils s’informent, et s’ils s’informent, ils vont sur les réseaux soci­aux ou Breizh Info. Donc on est fou­tus ».

Après le rachat de l’agence spé­cial­isée API par le groupe Ouest-France, la dis­pari­tion corps et bien du Nou­v­el Ouest et main­tenant celle du site de Presse-Océan, Ouest-France domine de plus en plus sans partage la Haute-Bre­tagne, autour de Rennes et Nantes. Ce qui peut être utile aux can­di­dats – prin­ci­pale­ment social­istes et appar­en­tés – que le quo­ti­di­en jugera bon de soutenir aux prochaines munic­i­pales ; là où s’étend Ouest-France, demeure aus­si le social­isme munic­i­pal, pour­tant sérieuse­ment sec­oué par les lég­isla­tives, les européennes et le séisme Macron.