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France Culture et son bulletin immigrationniste

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3 juillet 2020

Temps de lecture : 6 minutes
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France Culture et son bulletin immigrationniste

Temps de lecture : 6 minutes

La radio d’État France Culture aime nous rappeler ce qu’il faut penser en matière d’immigration. Le journal d’information de 8 heures du 1er juillet illustre une nouvelle fois l’important travail militant de certains de ses journalistes.

En ce 1er juil­let, le jour­nal de 8 heures de France Cul­ture con­sacre deux reportages à l’immigration clan­des­tine, l’un sur l’ile de Lampe­dusa, l’autre à Paris.

France Culture est dans un bateau…

En intro­duc­tion au reportage sur l’ile de Lampe­dusa, entre l’Afrique et l’Italie, Clara Lecocq Réale annonce que « nous étions hier avec l’Ocean Viking qui patrouille en mer au large de la Libye et de la Tunisie pour ten­ter de sauver des migrants qui ten­tent la tra­ver­sée vers l’ile de Lampe­dusa ».

Out­re le recueil en mer de clan­des­tins sur des embar­ca­tions pré­caires, la jour­nal­iste aurait égale­ment pu dire que l’Ocean Viking par­ticipe à un véri­ta­ble pont mar­itime entre la Libye et l’Italie, auquel par­ticipent les passeurs, ce qui favorise l’immigration clan­des­tine et l’enrichissement des passeurs. Mais on a com­pris que ce n’est pas la ligne édi­to­ri­ale retenue.

Le reportage de Bruce de Galzain à Lampe­dusa per­met de don­ner la parole à un marin qui héberge des migrants. Puis le maire de Lampe­dusa est présen­té comme « gérant seul l’arrivée des migrants ».

Troisième per­son­ne inter­viewée, une mil­i­tante d’une asso­ci­a­tion d’aide aux migrants affirme « qu’elle en veut beau­coup à l’Europe » pour ne pas mieux organ­is­er leur accueil sur l’île. Le jour­nal­iste insiste sur le fait que les migrants arrivés sur l’ile sont « invis­i­bles » car con­finés. Seule réserve au sujet de l’arrivée des migrants : « Mais ici tous ne sont pas d’accord, des bar­ques de migrants ont été incendiées ».

Alors que France Cul­ture donne la parole à 3 habi­tants de Lampe­dusa pro-migrants, les habi­tants opposés à l’arrivée de migrants ne sont évo­qués que par le fait que cer­tains d’entre eux ont brulé des bar­ques de migrants.

D’un côté de bons samar­i­tains, de l’autre des bar­bares qui détru­isent : le sym­bole est fort. La radio publique se garde bien de men­tion­ner qu’un référen­dum spon­tané a été organ­isé très récem­ment dans l’ile au sujet de l’accueil des clan­des­tins, le terme con­sacré pour les per­son­nes qui arrivent et se main­ti­en­nent sans autori­sa­tion sur un ter­ri­toire. Les médias français étant très dis­crets sur cette ini­tia­tive citoyenne et démoc­ra­tique, c’est Bre­it­bart qui nous informe du résul­tat du vote :

« 988 votes pour la fer­me­ture du cen­tre de migrants, 4 voix contre ».

Le site d’information donne le lien vers d’autres infor­ma­tions que France Cul­ture aurait utile­ment pu donner :

« 28 migrants ont été testés posi­tifs au coro­n­avirus après avoir été amené en Ital­ie par des ONG ».

« Selon un rap­port de l’ONU, près de 650 000 migrants atten­dent en Libye pour gag­n­er l’Europe ».

On aura com­pris à par­tir des infor­ma­tions don­nées par France Cul­ture que les arrivées de clan­des­tins en Europe, avec une pre­mière étape à Lampe­dusa, sont non seule­ment à con­sid­ér­er comme nor­males mais doivent être mieux organ­isées. Cette opin­ion relayée par France Cul­ture est à la mesure de la déter­mi­na­tion de la cap­i­taine alle­mande du navire de sauve­tage civ­il Sea-Watch 3, Car­o­la Rack­ete. Elle affirme lors d’une récente cam­pagne d’opinion relayée notam­ment par Info migrants :

« Nous devons abat­tre la forter­esse Europe ».

Une for­mule sans doute un peu trop guer­rière pour être men­tion­née par France Cul­ture.

Cet été, coro­n­avirus oblige, les améri­cains ne vien­dront pas vis­iter notre pays. Les clan­des­tins sont par con­tre les bien­venus pour le ser­vice pub­lic de l’information : France Inter, Fran­ce­In­fo ont relayé en ce 1er juil­let les mêmes mes­sages pro-immi­gra­tion clandestine.

Les clandestins se disent majeurs

Sans tran­si­tion, France Cul­ture nous grat­i­fie d’un autre reportage sur ceux « qui ont réus­si à gag­n­er la France ». « Ils se retrou­vent à dormir sous des tentes, 70 alignées square Jules Fer­ry à Paris. Ils dis­ent avoir 15, 16, 17 ans mais leur minorité n’a pas été reconnue. »

Bien que France Cul­ture ne le pré­cise pas, « ils », ce sont des extra-européens qui sont arrivés clan­des­tine­ment en France.
Les asso­ci­a­tions qui les sou­ti­en­nent inter­pel­lent l’État et les con­seils départe­men­taux d’Ile de France pour qu’ils pren­nent en charge ces jeunes « comme le prévoit la loi ».
Une jour­nal­iste de France Cul­ture inter­viewe un « jeune », André, venu de Côte d’ivoire, qui potasse des cours de cui­sine dans sa tente :

« Quand je suis arrivé en France, je suis par­ti voir la Croix rouge, j’ai fait un test. Ils m’ont dit que j’avais une matu­rité, je ne savais pas de quoi il s’agissait. Ils m’ont dit de faire un recours ».

Une respon­s­able asso­cia­tive affirme qu’il est impor­tant que ces jeunes soient vis­i­bles car l’État se défausse sur les asso­ci­a­tions qui les pren­nent en charge. On apprend en con­clu­sion que la ville de Paris a annon­cé vouloir cofi­nancer un cen­tre d’hébergement pour les jeunes clan­des­tins qui sont dans cette situation.

D’autres infor­ma­tions nous appren­nent plus pré­cisé­ment que les jeunes ont vu leur prise en charge au titre de l’Aide sociale à l’enfance refusée, car ils n’ont pas été recon­nus mineurs. Les asso­ci­a­tions don­nent donc de la vis­i­bil­ité aux jeunes clan­des­tins en les instal­lant dans des tentes en plein cœur de Paris. Une pra­tique courante, comme le men­tionne notam­ment un arti­cle du site d’opinion Polémia, qui aboutit imman­quable­ment à une prise en charge rapide.

Des informations militantes et non contradictoires

À Lampe­dusa comme en France, la radio publique ne présente qu’un aspect du prob­lème. Il est tout à fait révéla­teur que le jeune André inter­viewé, comme les autres per­son­nes présentes Square Jules Fer­ry, n’a pas été recon­nu mineur, ce qui lui aurait per­mis une prise en charge inté­grale par le con­seil départe­men­tal, une prise en charge éval­uée à 50 000 euros par jeune et par an selon Libéra­tion.
Il est aus­si révéla­teur que le jeune affirme s’être fait con­seiller par une asso­ci­a­tion de faire un recours con­tre la déci­sion de non recon­nais­sance de sa minorité. C’est tout un écosys­tème qui per­met à des jeunes clan­des­tins de se main­tenir sur le ter­ri­toire, à grand frais pour la col­lec­tiv­ité. Peu importe que la prise en charge des mineurs non accom­pa­g­nés coûte près de 2 mil­liards par an aux con­seils départe­men­taux selon Valeurs actuelles, peu importe que le Prési­dent du départe­ment du Nord au micro de RMC, affir­mait il y a trois ans ne plus avoir les moyens d’accueillir de jeunes nordistes « car pri­or­ité est don­née aux mineurs non accom­pa­g­nés étrangers (…) qui arrivent à rai­son de 100 par semaine ».

Sans aucun rap­port, c’est une avalanche de plans soci­aux, Air­bus, Air France, Renault, etc. qui sont annon­cés dans les médias dans la péri­ode, avec des dizaines, voire des cen­taines de mil­liers de licen­ciements à la clef. Mais quel que soit le con­texte, les arrivées mas­sives et l’accueil incon­di­tion­nel de clan­des­tins en Europe et en France en par­ti­c­uli­er restent des impérat­ifs moraux pour France Cul­ture. S’il n’en reste qu’un…