Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Elizabeth Martichoux sur RTL ne voit pas pourquoi les journalistes officiels sont critiqués et demande un contrôle de l’information

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

25 janvier 2019

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Elizabeth Martichoux sur RTL ne voit pas pourquoi les journalistes officiels sont critiqués et demande un contrôle de l’information

Elizabeth Martichoux sur RTL ne voit pas pourquoi les journalistes officiels sont critiqués et demande un contrôle de l’information

Temps de lecture : 4 minutes

Pour ceux qui n’en étaient pas certains, le doute n’est plus permis : la matinale de RTL a des difficultés à accepter la critique, et tout autant à s’autocritiquer. L’émission d’Elizabeth Martichoux, « L’invité de RTL », en est un exemple criant, quasi caricatural.

L’OJIM n’a pas eu de peine à le remar­quer : RTL n’aime guère les gilets jaunes. Ce qui se traduit, le lun­di 21 jan­vi­er 2018, dans la foulée de « l’acte X des gilets jaunes », par l’invitation offerte au min­istre de la cul­ture et de la com­mu­ni­ca­tion Franck Riester, par Eliz­a­beth Mar­ti­choux à 7 h 45, dans son émis­sion auto proclamée « incon­tourn­able ».

On attaque fort d’emblée

La toute pre­mière ques­tion de Mar­ti­choux : « est-ce que les jour­nal­istes qui sont agressés en marge des man­i­fes­ta­tions des gilets jaunes sont respon­s­ables de ce qu’ils subis­sent ». La réponse est atten­due, non bien sûr, cela attaque la lib­erté de la presse etc. Le min­istre évoque les « lyn­chages » de jour­nal­istes, en par­ti­c­uli­er ceux de LCI à Rouen, ne par­le évidem­ment pas du reporter indépen­dant Léopold Jim­my, de l’agence LDC News, agressé à coups de bar­res de fer le 19 jan­vi­er à Paris par des antifas. Face à cela, le min­istre annonce qu’il va ren­con­tr­er les respon­s­ables de LCI et qu’il compte bien ren­con­tr­er d’autres médias, ain­si que Reporters sans fron­tières. Une fois le bavardage d’usage sur la lib­erté, la république etc évac­ué, Riester con­duit l’auditeur là où, avec Mar­ti­choux, il souhaite l’emmener. C’est plus directe­ment politique.

L’objectif est plus bas de plafond

La dia­tribe qui suit sent bon son texte pré­paré et appris. C’est un mantra : « Quand un cer­tain nom­bre de respon­s­ables poli­tiques font sif­fler les jour­nal­istes dans leurs meet­ings, quand un cer­tain nom­bre de respon­s­ables poli­tiques, un en par­ti­c­uli­er qui dit qu’il faut pour­rir les jour­nal­istes, qu’il les traite d’abrutis, il ne faut pas s’étonner que des indi­vidus le pren­nent au mot. C’est insup­port­able ». Qui ? « Jean-Luc Mélen­chon. « D’autres, au Rassem­ble­ment Nation­al, d’autres chez Debout la République, d’autres par­fois chez Les Répub­li­cains ont des pro­pos vis-à-vis des jour­nal­istes qui sont inad­mis­si­bles ». Notons que des hum et oui et hum réguliers de Mar­ti­choux vien­nent mon­tr­er son plein assen­ti­ment. Riester sem­ble cepen­dant un peu à la peine con­cer­nant le paysage poli­tique français, voy­ant un Debout la République où il n’existe plus qu’un Debout la France. Il est vrai que le change­ment de nom est tout récent, datant seule­ment de 2014, à peine cinq ans. Mar­ti­choux en veut plus : « Il y a dans les allées du pou­voir, des per­son­nes bien placées qui ne se gênent pas pour accuser les chaînes d’info, on va la citer hein, BFM, de met­tre de l’huile sur le feu, de priv­ilégi­er l’audience à l’éditorial ». Diantre ! Il y a donc des per­son­nal­ités poli­tiques de divers bor­ds qui osent cri­ti­quer les médias, ce qui en démoc­ra­tie vis­i­ble­ment ne se fait pas. Riester explique que les jour­nal­istes doivent accepter la cri­tique. Il y a donc une cri­tique légitime et une cri­tique illégitime. Cela dépend d’où tu par­les camarade !

C’est l’heure du programme !

Riester le dit : il faut ren­dre sa légitim­ité à la presse, c’est-à-dire que la pop­u­la­tion se remette à croire en ses bobards (par­fois d’or). Cela passe par quoi ? Par une action col­lec­tive, une réflex­ion sur le traite­ment équitable de l’information, une « mobil­i­sa­tion de tous, avec des moyens lourds con­tre la dés­in­for­ma­tion ». C’est l’occasion de faire un peu de pub­lic­ité pour l’AFP et AFP factuel, ain­si que pour la loi de lutte con­tre les fake news.

Et puis, il faut que le CSA puisse punir plus. D’ailleurs, Mar­ti­choux enfonce le clou, deman­dant s’il ne faudrait pas que le CSA puisse « con­trôler », avoir « un droit de regard sur la pro­duc­tion de l’information ». Une jour­nal­iste qui demande un con­trôle de l’État sur l’information pro­duite par la presse, c’est une con­cep­tion orig­i­nale de la lib­erté de cette même presse. Riester répond que c’est aux médias de s’autoréguler, avec le sou­tien d’un CSA ayant plus de pou­voir. « Vous êtes favor­able à un Con­seil de la déon­tolo­gie ? », « oui, j’allais y venir », « hum, oui, bien ». On est en prox­im­ité sur ce plateau. Il faudrait un « dis­posi­tif de recours » interne aux jour­nal­istes. Mais alors… quels jour­nal­istes ? Quels sont ceux qui seront légitimes ? On se le demande. Riester veut « retiss­er le lien de con­fi­ance entre les Français et les médias ».

Sur le plateau, on ne paraît pas se ren­dre compte de l’incongruité qu’il y a à par­ler de défense des médias offi­ciels, ceux qui sont légitimés par la caste libérale lib­er­taire, quand ces mêmes médias sont juste­ment accusés de pra­ti­quer la col­lu­sion. Ce que respire entière­ment cet entretien.

Pho­to : Eliz­a­beth Mar­ti­choux. Cap­ture d’écran vidéo RTL via YouTube