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Bolloré et Arnault devant le Sénat

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27 janvier 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Bolloré et Arnault devant le Sénat

Bolloré et Arnault devant le Sénat

Temps de lecture : 4 minutes

Avec la création de l’ARCOM, la commission Bronner ou encore le retour de la loi Avia à quelques mois de l’élection présidentielle, certains pourraient penser que le gouvernement souhaite contrôler l’information des Français. Au même moment, est créée une commission d’enquête au Sénat à la demande du groupe socialiste, écologiste et républicain, pour se pencher sur la concentration entre quelques mains des médias dominants en France et sur l’influence de cette concentration sur la démocratie. Ce sont donc tous les grands patrons de médias, Drahi, Bouygues, Arnault et consorts, qui se succéderont devant la commission qui doit rendre un rapport en mars 2022, avec une nouvelle loi sur les médias possible à la clé.

Bolloré et Arnault minimisent

Mi-jan­vi­er 2022, deux audi­tions ont retenu l’at­ten­tion des médias, celles de Bernard Arnault et Vin­cent Bol­loré. S’é­tant tenues, respec­tive­ment, le 19 jan­vi­er pour Bol­loré, le 20 pour Arnault, les réac­tions dans les rédac­tions sont changeantes selon la cible. Néan­moins, un élé­ment revient dans les deux cas : tous deux min­imisent leur influ­ence dans les médias, selon deux images dif­férentes. Pour Vin­cent Bol­loré, pro­prié­taire du groupe Canal + et copro­prié­taire du JDD et de Paris Match, il s’est agi de mon­tr­er que finale­ment, il n’é­tait qu’un « tout petit » dans ce monde dom­iné par les GAFAM et les plate­formes de stream­ing. C’est d’ailleurs le titre des Échos, « Le géant Viven­di est un petit nain »[1]. Beau­coup pointent du doigt la manière dont le patron bre­ton s’est défi­ni comme un petit, alors qu’il a fal­lu cinq min­utes à David Assouline, rap­por­teur de la com­mis­sion, pour lis­ter l’ensem­ble des activ­ités de Vin­cent Bol­loré. De son côté, Bernard Arnault, patron, par le biais de LVMH, des Échos, du Parisien et de Radio Clas­sique, s’est présen­té comme un « mécène des médias » (sic), comme le titrent, de manière iden­tique, Le Point, L’Ex­press, et bien d’autres. Rien d’anor­mal, dirons-nous, à voir des mil­liar­daires min­imiser leur influ­ence devant une com­mis­sion qui, juste­ment, s’y intéresse.

Arnault ment mais c’est Bolloré qui est attaqué

Ce qui détonne, c’est la dif­férence des com­men­taires selon les cas. Très vite, Vin­cent Bol­loré est qual­i­fié par Libéra­tion de « pro­mo­teur d’Éric Zem­mour »[2]. L’Ex­press va plus loin et déclare qu’il est « audi­tion­né par des séna­teurs inqui­ets de son influ­ence gran­dis­sante dans les médias »[3]. Ain­si s’a­gi­rait-il seule­ment de l’in­flu­ence de Vin­cent Bol­loré ? Un lien avec la chaîne Cnews, qui a employé Éric Zem­mour ? C’est en tout cas l’im­pres­sion qui ressort à la lec­ture des réac­tions sur cette audi­tion, où, selon Mar­i­anne[4], Bol­loré a « humil­ié » le Sénat.

Et pour­tant, comme le note au pas­sage Le Monde[5], c’est Bernard Arnault qui s’est per­mis de men­tir, sous ser­ment, devant le Sénat. Inter­rogé sur ses anci­ennes inten­tions d’acheter le JDD et Paris Match, il a répon­du qu’il n’avait jamais fait aucune offre. Son nez a dû s’allonger comme celui de Pinoc­chio, LVMH ayant bien fait une offre ferme et chiffrée au groupe Lagardère qui n’y a pas répon­du. Un men­songe telle­ment gros que LVMH a émis ensuite un com­mu­niqué indi­quant qu’il « s’était trompé », une sorte de trou de mémoire sous ser­ment. Bon prince, la com­mis­sion du Sénat ne lui en a pas tenu rigueur. Un men­songe dont ne par­le pas ou peu la presse. Un lien avec l’en­gage­ment, de Bernard Arnault, de ne pas faire de ses médias une tri­bune d’un « extrême », n’im­porte lequel, favorisant de fac­to la réélec­tion du prési­dent sortant.

Si les inten­tions de cette com­mis­sion parais­sent louables, nous ne seri­ons guère éton­nés de la voir réduite à une lutte con­tre « l’ex­trême droite » au sein des médias. C’est en tout cas l’im­pres­sion lais­sée par l’au­di­tion de Vin­cent Bol­loré. Peut-être que celle de Mar­tin Bouygues ou Patrick Drahi, prévues dans les semaines qui vien­nent, vien­dront tromper cette impres­sion. On attend avec gour­man­dise celle de Xavier Niel qui vient de racheter la part de Matthieu Pigasse dans Le Monde et ne sem­ble pas encore programmée.

Notes

[1]Les Échos, 19 jan­vi­er 2022
[2]Libéra­tion, 19 jan­vi­er 2022
[3]L’Ex­press, 22 jan­vi­er 2022
[4]Mar­i­anne, 22 jan­vi­er 2022
[5]Le Monde, 21 jan­vi­er 2022

Pho­to : Pierre Metivi­er via Flickr (cc)

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