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Attentat islamiste à Rambouillet : une forte impression de déjà-vu

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26 avril 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Attentat islamiste à Rambouillet : une forte impression de déjà-vu

Temps de lecture : 6 minutes

Vendredi 23 avril 2021, une fonctionnaire de la police nationale a été sauvagement assassinée par un islamiste tunisien dans le commissariat de Rambouillet. Cet attentat vient à la suite de nombreux autres et sa couverture par certains médias fait partie des motifs de consternation. La banalisation de ce type d’acte barbare ne semble pas si éloignée.

Un attentat après de nombreux autres

L’attentat com­mis le ven­dre­di 23 avril dans le com­mis­sari­at de police de Ram­bouil­let, dans les Yve­lines, inter­vient après de nom­breux autres. Au lende­main de cet acte igno­ble, le jour­nal Le Figaro souligne que « les forces de l’or­dre (sont) les cibles con­stantes des islamistes » et énumère les vic­times de la police nationale et de la gendarmerie.

Le quo­ti­di­en aurait tout aus­si bien pu rap­pel­er, comme l’a fait Damien Rieu sur Twit­ter, que la vic­time, Stéphanie M., une secré­taire admin­is­tra­tive de 49 ans, est plus large­ment la 263e per­son­ne morte en France sous les coups des islamistes depuis 2012. Mais au-delà du nom­bre de vic­times du ter­ror­isme islamiste, c’est une impres­sion de déjà-vu et de déjà-enten­du qui nous envahit, comme si l’on con­nais­sait à l’avance l’enchainement des réac­tions, puis bien vite, l’oubli dans lequel ce nou­v­el atten­tat va tomber, jusqu’au prochain.

La première victime : le terroriste

Le 16 octo­bre 2020, après la décap­i­ta­tion de Samuel Paty par un jeune Tchétchène, le New York Times, la suc­cur­sale de la pen­sée « woke » (éveil­lée), titrait : « un polici­er tire et tue un homme après une attaque mortelle au couteau dans la rue ». Le titre de l’article a depuis été mod­i­fié et la décence a été retrou­vée en faisant pass­er en pre­mier la vic­time, Samuel Paty, et en sec­ond le bour­reau, le jeune Tchétchène.

L’Agence France Presse est par con­tre restée sur la pri­or­ité ini­tiale don­née au bour­reau par le New York Times. Peu après l’annonce de la mort du ter­ror­iste à Ram­bouil­let, c’est celui-ci qui est présen­té comme la pre­mière vic­time, des élé­ments de lan­gage repris notam­ment par Le Cour­ri­er Picard, Médi­a­part, etc. : « Ram­bouil­let : un homme abat­tu après avoir tué au couteau une fonc­tion­naire de police ».

Cela amène Régis de Castel­nau à com­menter sur Twitter :

Majid Oukacha, renchérit, égale­ment sur Twitter :

Un attentat « endogène » ?

Par­mi les pon­cifs habituels, on trou­ve celui du ter­ror­isme « endogène », bien de chez nous. Plusieurs médias et des respon­s­ables du min­istère de l’intérieur ne cessent de répéter que la men­ace ter­ror­iste vient désor­mais essen­tielle­ment de notre pays, par­mi nos conci­toyens. « Une men­ace ter­ror­iste plus « endogène» que pro­jetée », titrait Le Monde en novem­bre 2020. Après l’assassinat de Samuel Paty, le coor­di­na­teur nation­al du ren­seigne­ment et de la lutte con­tre le ter­ror­isme affir­mait sur Europe 1 que « la men­ace est essen­tielle­ment endogène, venant d’individus présents en France ».

« En l’état actuel de l’enquête, ce dernier sem­ble avoir le pro­fil de ces ter­ror­istes « endogènes » qui frap­pent la France depuis des années », pou­vait-on lire dans Le Figaro le 24 avril, après le meurtre de la fonc­tion­naire de police à Ram­bouil­let.

Les mots ont un sens. Endogène veut dire « qui prend nais­sance de l’intérieur » ou « est dû à une cause interne ». On ne peut s’empêcher de penser que ce mot est employé à des­sein afin d’éviter d’établir un lien entre ter­ror­isme islamiste et immi­gra­tion. Sur les plateaux de télévi­sion, c’est rapi­de­ment la course à « pas d’huile sur le feu » et « pas d’amalgame ».

« Ce n’est pas l’immigration le prob­lème, ce sont les réseaux islamistes qui manip­u­lent ces gens », affirme le prési­dent du sénat Gérard Larcher au micro de Pub­lic Sénat. Peu importe que l’auteur de l’attentat au hachoir près des anciens locaux de Char­lie en sep­tem­bre soit arrivé récem­ment du Pak­istan, peu importe que l’auteur de la décap­i­ta­tion de Samuel Paty soit orig­i­naire de Tchétchénie. Peu importe que l’auteur pré­sumé de l’attentat à Ram­bouil­let soit un Tunisien arrivé clan­des­tine­ment en France. Etc. etc. ; Endogène, on vous dit.

La France bienveillante pour les clandestins

Peu après l’attentat, on appre­nait que son auteur pré­sumé était un Tunisien qui a vécu clan­des­tine­ment en France pen­dant 10 ans, avant d’être régu­lar­isé en 2019. La France est bonne mère : elle remer­cie ceux qui ont fraudé l’URSSAF et le fisc pen­dant 10 ans en les grat­i­fi­ant d’un titre de séjour après quelques années de présence dans notre beau pays. Jean-Yves Le Gal­lou donne sur Twit­ter quelques pistes pour ori­en­ter l’enquête des journalistes :

Cherchez bien dans les médias un début de réponse à ces ques­tions, vous ne les trou­verez pas.

L’Observatoire de l’immigration apporte sur Twit­ter quelques élé­ments de réponse à la ques­tion : « pourquoi le ter­ror­iste, pré­sumé clan­des­tin puis régu­lar­isé selon les infor­ma­tions des médias, aurait ensuite été régu­lar­isé ? ». Cir­cu­laire Valls per­me­t­tant la régu­lar­i­sa­tion des clan­des­tins au bout de 5 ans de présence en France, accueil incon­di­tion­nel des clan­des­tins, notre pays appa­rait comme un vrai eldo­ra­do pour les étrangers en sit­u­a­tion irrégulière de toutes prove­nances. Et comme le souligne notam­ment un récent arti­cle de Breizh Info, l’immigration clan­des­tine en prove­nance du Maghreb par la mer méditer­ranée ne fait qu’augmenter.

Des attiseurs de ressentiment bien « endogènes »

En dépit du secret de l’instruction dili­gen­tée pour l’occasion par le par­quet nation­al antiter­ror­iste, le nom de l’auteur pré­sumé de l’attentat a fuité. 20 Min­utes a fait avec l’AFP une recherche sur le compte Face­book de Jamel G. Il en ressort que celui-ci est au fil des années devenu de plus en plus rigoriste :

« Après l’assassinat du pro­fesseur Samuel Paty par un islamiste en octo­bre 2020, il change sa pho­to de pro­fil et rejoint une cam­pagne inti­t­ulée « Respectez Mohamed prophète de Dieu ».

Meh­di Aifa a pour sa part poussé plus avant les investigations :

https://twitter.com/Mehdi_Aifa_AJR/status/1385677400411938818

Jean-Luc Mélen­chon est très pudique sur Twit­ter pour présen­ter ses con­doléances à la famille de la vic­time : pas de men­tion de la pro­fes­sion de la vic­time, pas d’allusion au car­ac­tère islamiste de l’attentat. Tout en retenue…

Pen­dant ce temps, aucun frein ne sem­ble exis­ter à l’autoradicalisation sur le net.

Jean Mes­si­ha souligne sur Twit­ter que

Il est vrai que présen­ter la vac­ci­na­tion sous un jour essen­tielle­ment favor­able est une grande préoc­cu­pa­tion des géants du net…

Dupont-Moretti : le cogneur en chef du gouvernement

Après cet atten­tat, quelques respon­s­ables poli­tiques ont dénon­cé la fail­lite du gou­verne­ment dans sa poli­tique sécu­ri­taire. Par­mi ceux-ci, Flo­ri­an Philip­pot souligne :

Mais le min­istre de la jus­tice ne sup­porte pas que le lax­isme de sa poli­tique pénale soit pointée du doigt. Tout com­men­taire à ce sujet est de la récupéra­tion. Il réag­it sur Twit­ter au quart de tour à une déc­la­ra­tion de Marine Le Pen :

Cela amène Michelle Spitz à commenter :

Fer­mez le ban.