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Portrait : Michel Drucker [rediffusion]

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15 août 2015

Temps de lecture : 5 minutes
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Portrait : Michel Drucker [rediffusion]

Temps de lecture : 5 minutes

Michel Drucker, l’inoxydable

Michel Drucker a commencé sa carrière de journaliste en 1964, à l’âge de 22 ans. Plus de cinquante ans plus tard, il continue toujours de présenter l’une des émissions préférées des Français, le dimanche après-midi sur France 2. En cinq décennies à la télévision, Michel Drucker a réussi à se construire une image parfaitement lisse de gentil animateur, ami des invités et proche de son public, image entretenue par les multiples biographies qui lui ont été consacrées. En effet, son engagement politique pourtant constant et assumé ou sa proximité avec le pouvoir financier ou étatique, sont rarement évoqués. De même, il n’est jamais fait mention de son exorbitant salaire versé grâce à la redevance des contribuables, ni de l’influente famille Drucker, qui accapare les postes à responsabilité du paysage audiovisuel français (PAF).

« C’est les poli­tiques qui cour­tisent la télévi­sion. Le vrai pou­voir il est à TF1, il est sur le ser­vice pub­lic, le pou­voir il est entre les mains qui déti­en­nent l’information, toutes chaînes con­fon­dues (…) tout a changé, il n’y a pas un homme poli­tique qui peut se fâch­er avec l’information de TF1. » (lien)

« De quoi asseoir son statut de rock star des maisons de retraite », « Michel Druck­er élu per­son­nal­ité préférée des seniors », Voici.fr, 10/04/2015.

« Il est étrange, à la longue, cet acharne­ment de Michel Druck­er à se dépein­dre en rescapé. Voilà un gars par­venu au som­met de ce que peut pro­duire la télévi­sion française (longévité, immua­bil­ité, con­nivence, auto-atten­drisse­ment). Voilà un homme qui passe la main dans le dos du Charles de Gaulle, et con­naît la moin­dre cour­sive de John­ny Hal­ly­day (et l’in­verse). Et au fond, il ne s’at­tache plus, depuis des années, qu’à un seul tableau : son auto­por­trait en rescapé », « Druck­er : auto­por­trait en rescapé », Arretsurimage.net, 20/12/2012.

« J’ai beau­coup d’amis dans le méti­er qui ne sont pas indif­férents à leurs orig­ines. Jean-Jacques Gold­man, Patrick Bru­el, Arthur, Michel Bou­je­nah, Gad Elmaleh sont impliqués et proches d’Israël. Ma façon à moi d’être engagé, c’est d’ouvrir mon canapé du dimanche à tous ceux qui ont quelque chose à dire. Il s’y dit beau­coup de choses. Guy Bedos, par exem­ple, a fait beau­coup plus con­tre l’antisémitisme que bien des artistes », Michel Druck­er, Tri­bune Juive, n° 23, décem­bre 2007-jan­vi­er 2008.

Michel Druck­er est né en sep­tem­bre 1942 à Vire. « Mon père s’appelait Abra­ham et ma mère Lola. […] On est des Français de sang mêlé, moi je viens de Roumanie », affirmera-t-il. En effet, ses par­ents – Abra­ham Druck­er est natif du vil­lage de Davi­deni, en Roumanie, et Lola Schafler (voir biogra­phie), est orig­i­naire de Vienne, en Autriche – arrivent en France en 1925 et sont nat­u­ral­isés français en 1937 : « Ma famille est orig­i­naire des Carpates, un ter­roir situé entre la Roumanie et l’Autriche, plus pré­cisé­ment de Czer­nowitz, dev­enue depuis Tch­er­novt­sy, cap­i­tale de la Bucovine, qui fut turque avant de devenir autrichi­enne, puis roumaine, puis russe. Aujourd’hui, cette anci­enne ville de l’empire aus­tro-hon­grois est en Ukraine. […] Ils sont arrivés en France dans les années 1930. Mes par­ents ne par­laient pra­tique­ment pas français. Ils par­laient yid­dish, roumain et alle­mand. » (lien).

Bien que de con­fes­sion juive, le chef de la famille Druck­er, Abra­ham, a souhaité « ardem­ment que ses fils s’intègrent entière­ment à la société française. Il voulait que l’on soit plus Français que les Français ! Con­tre l’avis de ma mère, il a décidé alors de bap­tis­er ses trois fils. Pour ma mère, notre bap­tême était un drame puisqu’elle était beau­coup plus sion­iste que mon père. Son frère avait émi­gré en Pales­tine avant la créa­tion de l’état d’Israël. Ma mère trou­vait que notre bap­tême ça fai­sait désor­dre pour des Juifs, même si moi et mes frères, Jacques et Jean, n’avons pas été élevés dans la tra­di­tion juive. ». Mal­gré tout, Michel Druck­er le dit claire­ment : « je suis Juif et je le resterai toute ma vie. […] Nous étions Juifs, même si on n’allait pas à la Syn­a­gogue, on ne fêtait pas Kip­pour et on n’a pas été élevés dans la tra­di­tion religieuse juive. Je crois que je suis de plus en plus Juif. Pour preuve : j’ai de plus en plus envie d’aller décou­vrir mes racines iden­ti­taires dans la ville où mes par­ents ont gran­di, Czer­nowitz, en Ukraine. »

La Sec­onde Guerre mon­di­ale mar­qua pro­fondé­ment la famille Druck­er (voir « Les zones d’ombre d’Abraham Druck­er pen­dant la Sec­onde Guerre mon­di­ale »). En 1937, Abra­ham Druck­er s’installe comme médecin de cam­pagne dans le départe­ment du Cal­va­dos, à Saint-Sev­er-Cal­va­dos, puis à Vire, place de la gare. En 1942, il est arrêté suite à une dénon­ci­a­tion et il est fait pris­on­nier à Com­piègne, puis devient médecin-chef du camp de Dran­cy. Après l’ar­resta­tion d’Abra­ham Druck­er, son épouse, enceinte (de Michel), accom­pa­g­née de Jean (son fils aîné), se fait con­trôler sur le quai de la gare de Rennes par un offici­er de la Gestapo. Inter­vient alors un homme qu’elle ne con­naît pas, Pierre Le Lay (père de Patrick Le Lay, ancien Pdg de TF1), chargé d’aller la chercher et qui affirme en alle­mand à l’officier qu’il s’ag­it de son épouse, lui sauvant ain­si prob­a­ble­ment la vie (source : Wikipé­dia).

Lola et Abra­ham Druck­er ont eu trois fils, dont deux (Jean et Michel) ont occupé d’importantes fonc­tions au sein du paysage Audio­vi­suel Français (voir « sa nébuleuse »). Abra­ham Druck­er a par ailleurs eu un qua­trième fils, Patrick, avec une maîtresse (lien).

Michel Druck­er s’est mar­ié à Las Vegas avec l’ac­trice Dany Saval (voir biogra­phie) le 28 juil­let 1973. Ils n’ont pas eu d’enfant mais ils ont adop­té en 1979 une petite réfugiée indochi­noise, Yleng (lien) alors âgée de 16 ans, qui est aujour­d’hui l’une des prin­ci­pales col­lab­o­ra­tri­ces de la mai­son de cou­ture Cardin. Par ailleurs, il est le beau-père de Sté­fanie Jarre, déco­ra­trice de plateaux de télévi­sion, née d’une union précé­dente de Dany Saval avec le com­pos­i­teur Mau­rice Jarre.

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