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Les médias gays sont « atrocement blancs »

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2 avril 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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Les médias gays sont « atrocement blancs »

Temps de lecture : 3 minutes

« Enfin, ça sort ! », s’exclame Didier Lestrade, journaliste pour Slate.fr et fondateur d’Act Up. Depuis plusieurs jours, les « gays non blancs » s’activent sur les réseaux sociaux pour dénoncer, autour du mot-dièse #GayMediaSoWhite, l’absence de diversité dans la presse homosexuelle.

Après la polémique sur la céré­monie des Oscars, jugée trop blanche, ou encore sur l’ef­fec­tif de France Télévi­sions, lui aus­si trop blanc et trop mas­culin pour Del­phine Ernotte, voilà que la presse gay se retrou­ve éclaboussée à son tour par ce débat eth­nique­ment cor­rect : il y aurait trop peu de noirs, d’arabes, d’asi­a­tiques ou encore de lati­nos dans les colonnes de ces jour­naux, en France comme partout dans le monde.

Pour Didi­er Lestrade, les médias gays sont en effet « atro­ce­ment blancs » (sic) et pire ; ils « ren­for­cent un racisme his­torique qui priv­ilégie des mod­èles fades, rasés, pho­to­shopés ». Out­re le mau­vais tra­vail jour­nal­is­tique de cette presse, qui a le culot d’in­ter­roger des stars hétéros, les lecteurs non-blancs esti­ment qu’on y par­le « des Afro-Améri­cains unique­ment lorsqu’on men­tionne les taux élevés du VIH ».

Rela­tant son expéri­ence au sein de Têtu, mag­a­zine duquel il a été licen­cié en 2008, Lestrade explique que lorsque Têtu « pub­li­ait un homme noir en cou­ver­ture, les ventes étaient en baisse ». Il a donc été choisi, logique­ment, d’éviter la chute des ventes et de priv­ilégi­er les hommes blancs. Pour­tant, dans le titre de son arti­cle, le jour­nal­iste estime que c’est à cause de son manque de diver­sité que la presse gay s’ef­fon­dre. Plus loin, il dit qu’en procé­dant ain­si, « ces médias se détru­isent eux-mêmes ». C’est à n’y rien comprendre.

Quoi qu’il en soit, le fon­da­teur d’Act Up n’en démord pas : ces mag­a­zines sont défini­tive­ment « trop blancs », que ce soit au niveau de la cou­ver­ture, du con­tenu comme des équipes rédac­tion­nelles. Un racisme autorisé, poli­tique­ment en vogue, et qui ne ris­quera pas de vous mar­gin­alis­er, à la manière de ceux qui jugent, en par­tant du même principe, que l’Équipe de France de foot­ball est peu représen­ta­tive du peu­ple français.

De là à déclar­er qu’elle est « atro­ce­ment noire », c’est une fron­tière qu’un jour­nal­iste de Slate ne s’a­musera sûre­ment pas à franchir… Chiche ?