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Accueil | Portraits | Audrey Crespo-Mara

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8 avril 2020

Temps de lecture : 11 minutes

8 avril 2020

Accueil | Portraits | Audrey Crespo-Mara

Audrey Crespo-Mara

Temps de lecture : 11 minutes

Le joker du week-end

« Ce méti­er est une chance. Je suis payée pour me cul­tiv­er et ren­con­tr­er des per­son­nal­ités excep­tion­nelles. À moi de les com­pren­dre et de les faire décou­vrir aux téléspec­ta­teurs. » Audrey Cre­spo-Mara, à l’Asso­ci­a­tion des diplômés de Sci­ences Po Toulouse, le 7 mars 2013.

Auparavant journaliste de seconde main, Audrey Crespo-Mara est devenue progressivement, par la force des choses, une « femme de », celle de Thierry Ardisson, avant de toucher le grand public en devenant le joker de Claire Chazal aux journaux du week-end sur TF1.

Née en juil­let 1976 à Meaux et issue d’un milieu mod­este, elle est l’une des fig­ures de LCI, où elle mène de nom­breux entre­tiens, exer­ci­ce qu’elle appré­cie par­ti­c­ulière­ment. À l’an­tenne, elle désire « trans­met­tre une impres­sion de tran­quil­lité, de bien­veil­lance », ce qui n’est cepen­dant pas tou­jours con­fir­mé par ses interlocuteurs…

Formation

En 1997, elle sort diplômée de l’In­sti­tut d’é­tudes poli­tiques (IEP) de Toulouse, où elle appré­cie par­ti­c­ulière­ment les cours de l’his­to­rien Jean Rives et ceux de l’é­con­o­miste Bernard Maris. Elle se dirige alors vers le Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (CFJ) de Paris. Pour réus­sir, elle con­fie « dévor­er » Le Monde trois heures par jour. Elle obtient son diplôme en 1999. Durant ses études, elle effectue des stages, notam­ment à Radio France Toulouse, France Inter, TF1 et France 2.

Parcours

TF1 la cueille dès sa sor­tie du CFJ, en mai 1999. Elle intè­gre alors la rédac­tion de la pre­mière chaîne d’Eu­rope et, pen­dant 8 ans, réalise des reportages sur des sujets socié­taux et économiques pour les jour­naux télévisés de 13h00 et de 20h00. En sep­tem­bre 2007, après avoir passé un cast­ing interne pour rem­plac­er Claire Chaz­al au 20 heures, et « tapé dans l’œil » de Robert Namias, elle est trans­férée sur LCI, fil­iale de TF1, où Jean-Claude Dassier lui con­fie la présen­ta­tion de « LCI Matin » aux côtés de Jean-François Rabil­loud. « Il (Namias, NDLR) a décroché son télé­phone, et a appelé son enne­mi intime, Jean-Claude Dassier, pour lui deman­der de me recevoir. Dassier a regardé les vingt pre­mières sec­on­des de mon essai, et m’a engagée », con­fiera-t-elle plus tard.

En par­al­lèle, elle assure à par­tir de jan­vi­er 2007 des directs sur TF1 lors d’événe­ments impor­tants, comme par exem­ple les obsèques de l’ab­bé Pierre en 2007 ou les 20 ans de la chute du mur de Berlin en 2009. En sep­tem­bre 2009, elle ani­me « Demain à la une » sur LCI, tout en con­ser­vant « LCI Matin ». Cette émis­sion heb­do­madaire, qu’elle ani­mera durant 4 ans, lui per­me­t­tra de recevoir des per­son­nal­ités pour de longs entretiens.

Elle arrête, non sans émo­tion, la présen­ta­tion de « LCI Matin » en juil­let 2011. Dès la ren­trée, elle ani­me « L’in­ter­view d’Au­drey Cre­spo-Mara » du lun­di au jeu­di à 11 heures, dont le principe con­siste à faire hiérar­chis­er les titres de l’ac­tu­al­ité par l’in­vité du jour. Ses entre­vues avec des poli­tiques (exer­ci­ce qu’elle n’ap­pré­cie guère) don­neront par­fois lieu à des ten­sions, comme par exem­ple avec Rachi­da Dati, inter­rogée sur ses chaus­sures, où Éric Zem­mour, ques­tion­né sur les com­men­ta­teurs de son livre.

Tou­jours dans le domaine des entre­tiens, elle présente « Par­lons-en ! » à par­tir de sep­tem­bre 2013, puis « Vue sur la planète », une émis­sion sur l’é­colo­gie dif­fusée chaque mer­cre­di, ain­si que « Dans nos quartiers », une émis­sion visant à porter un « autre regard » sur les ban­lieues, chaque jeudi.

En 2014, elle ani­me les soirées élec­torales de LCI en com­pag­nie de Michel Field. Enfin, à l’été 2015, préférée à Béné­dicte Le Chate­lier et Frédérique Agnès, elle devient le « jok­er » de Claire Chaz­al pour les jour­naux du week-end sur TF1 en rem­place­ment d’Anne-Claire Coudray, par­tie en con­gé maternité.

Après le départ de Claire Chaz­al, elle reste le jok­er du JT du week-end, désor­mais assuré par Anne-Claire Coudray.

Elle prend ses quartiers à Europe 1 en 2018. Pen­dant un an, elle est en charge de l’interview poli­tique de la mati­nale à 8h25, cinq jours par semaine. Elle est licen­ciée à l’issue de cette pre­mière année et man­i­feste une cer­taine amer­tume à l’endroit de la direc­tion de la radio : « Ils veu­lent tout chang­er apparem­ment, comme chaque année. »

La jour­nal­iste obtient gain de cause face à Isado­ra Dun­can, pseu­do­nyme de Marc Rylews­ki, l’autoproclamé « jour­nal­iste gilet jaune » qui inter­pel­lait des per­son­nal­ités sur la voie publique en les fil­mant avec son smart­phone. Lau­rent Ruquier ou Éric Zem­mour étaient sor­tis de leurs gonds dans des vidéos qui ont total­isé plusieurs cen­taines de mil­liers de vues. Celui-ci est inter­pel­lé le 7 mai, puis con­damné le 4 décem­bre 2019 à dix mois de prison avec sur­sis, 5 000 euros d’amende, ain­si qu’à deux ans de mise à l’épreuve et une inter­dic­tion d’entrer en con­tact avec la jour­nal­iste. La femme de Thier­ry Ardis­son avait aupar­a­vant laiss­er éclater sa colère dans un des nom­breux entre­tiens pirates de l’ancien paparazzi : « Vous êtes épuisant, ça fait trois semaines que vous me harcelez en bas de chaque endroit où je suis ».

Vie privée

Mère de deux enfants, Lamine et Sék­ou, elle est, depuis novem­bre 2009, la com­pagne de Thier­ry Ardis­son, qu’elle a épousé en juin 2014. La jour­nal­iste avait tapé dans l’œil de l’animateur lorsqu’elle offi­ci­ait à LCI. Lors de l’an­nonce de ce mariage, la presse fémi­nine s’était réjouie de voir les deux tourtereaux aban­don­ner leur famille respec­tive pour vivre leur « coup de foudre ». Pub­lic par exem­ple écrivait : « Par amour pour elle, l’homme de télé de 64 ans a quit­té sa femme Béa­trice, la mère de ses trois enfants, avec qui il était mar­iée depuis 22 ans. Et de son côté, Audrey a elle aus­si divor­cé de l’homme avec qui elle a eu deux enfants, afin de pou­voir vivre pleine­ment cette pas­sion dévorante. »

Début sep­tem­bre 2015, Le Canard enchainé iro­nise sur Jean-Marc Moran­di­ni qui a passé l’été à flat­ter la présen­ta­trice, tout en sachant qu’il lui fal­lait l’autorisation de son mari pour relancer une émis­sion sur NRJ 12 dont celui-ci déte­nait les droits…

Ce qu’elle gagne

Non ren­seigné.

Elle l’a dit

« Je viens d’un milieu mod­este. Mon père a été moni­teur d’au­to-école, ma mère coif­feuse. Ils se sont sac­ri­fiés pour nous per­me­t­tre de par­tir en vacances, de faire de longues études. Mon frère est aujour­d’hui médecin, moi jour­nal­iste après avoir fait Sci­ence-Po Toulouse et le CFJ. Je leur dois beau­coup », Elle, juil­let 2015.

« Il faut accepter les règles du jeu. Quand vous passez à la télé et que vous êtes une femme, ça compte. Ils n’achè­tent pas des man­nequins, on est loin d’être des man­nequins, mais ça compte, surtout quand vous réveillez les gens. Les gens ont envie de se réveiller avec des gens agréables à regarder », L’Ex­press, 18 avril 2013.

« Franche­ment, les poli­tiques c’est pas ma came. Je n’y prends aucun plaisir. Des émis­sions où je fais des poli­tiques, je n’en sors pas nour­rie. J’ai même l’im­pres­sion d’en ressor­tir appau­vrie. Les ques­tions qu’on leur pose, ils n’y répon­dent jamais. Ils n’ont pas un dis­cours vrai, c’est ce qui leur porte préju­dice aujour­d’hui », L’Ex­press, 18 avril 2013.

« Depuis trois ans, il (Thier­ry Ardis­son, NDLR) m’ap­porte beau­coup, même si je me suis con­stru­ite sans lui », L’Ex­press, 18 avril 2013.

« Une chose qu’il (Thier­ry Ardis­son, NDLR) m’a apprise ? Intéresse-toi à l’enfance de tes invités ! Et, j’aime appren­dre tout sur la vie de ceux que j’interviewe, c’est la même démarche qu’ils soient au Canal St-Mar­tin ou à l’Académie Française. Con­naître les ressorts de leur passé pour com­pren­dre ce qu’ils sont aujourd’hui », Gala, 9 juil­let 2014.

« J’ai été en stage de notoriété avec lui! (Rires.) Sincère­ment, si ce qui peut m’ar­riv­er cet été ressem­ble à ce que vit Thier­ry, je n’ai aucune rai­son de m’an­goiss­er… Les gens sont telle­ment bien­veil­lants avec lui. Et puis, si on ne veut pas être recon­nu dans la rue, il ne faut pas faire ce méti­er », Le Figaro, 25 juil­let 2015.

« Il a fal­lu qu’une amie jour­nal­iste me pousse pour que je m’in­scrive au cast­ing (de TF1, NDLR) », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« Pen­dant qua­tre ans, je me suis lev­ée à 2 heures du matin… Loin de moi l’idée de me plain­dre, mais je voulais voir grandir mes deux enfants, âgés à l’époque de 2 et 5 ans. Au bout de qua­tre ans, entre la mati­nale et une émis­sion le week-end, j’étais épuisée », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« Ce méti­er est une chance. Je suis payée pour me cul­tiv­er et ren­con­tr­er des per­son­nal­ités excep­tion­nelles. À moi de les com­pren­dre et de les faire décou­vrir aux téléspec­ta­teurs », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« LCI a une belle image, ce qui nous per­met de recevoir des invités pres­tigieux comme Simone Veil ou Salman Rushdie », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« Tout savoir de l’invité me per­met ensuite d’avoir la lib­erté de lui pos­er toutes les ques­tions que je veux ! », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« Pass­er du temps avec les exclus m’a don­né l’illusion d’être utile. Je suis restée en con­tact plusieurs années avec cer­tains d’entre eux (SDF du canal Saint-Mar­tin, NDLR), des gens brisés dès l’enfance la plu­part du temps. Ma pas­sion de l’interview date de là… », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013.

« L’antenne ne m’intéressait pas du tout, je voulais vrai­ment être sur le ter­rain. Vers la fin, j’ai notam­ment passé un temps infi­ni, pen­dant l’hiver 2006, avec les Sans-abris dans leurs tentes rouges sur les bor­ds du Canal Saint-Mar­tin », Gala, 9 juil­let 2014

« Je tra­vaille beau­coup avec la rigueur que m’ont apprise quinze ans de danse clas­sique », Gala, 9 juil­let 2014

« À la fin de l’entrevue, il m’a ser­rée dans ses bras en pleu­rant et en me remer­ciant, il n’avait pas été touché comme ça depuis longtemps, un très beau moment » (à pro­pos de Michel Houelle­becq), Gala, 9 juil­let 2014

« Je suis telle­ment exigeante avec moi-même que je suis rarement sat­is­faite. S’il m’arrive de ne pas rebondir comme je l’aurais aimé sur une réponse, je ne vais retenir que ça, ça va me min­er », Gala, 9 juil­let 2014

« TF1 m’a choisie à la sor­tie de l’é­cole, puis m’a aidée à évoluer. Pourquoi la trahi­rais-je? Chaque fois que j’ai eu des propo­si­tions externes, la direc­tion m’a demandé de lui faire con­fi­ance. Aujour­d’hui, je con­state que j’ai eu rai­son de l’é­couter », Le Figaro, 25 juil­let 2015

Ils l’ont dit

« En 2007, elle s’est retrou­vée à ani­mer la mati­nale sur LCI grâce à Jean-Claude Dassier, alors vice-prési­dent de la chaine. Et c’est avec une remar­que (très) sex­iste que l’homme lui a pro­posé le poste de présen­ta­trice. « Selon lui, une fille fraîche qui sen­tait le savon était faite pour le matin tan­dis qu’une fille plus sen­suelle sen­tant le sexe avait davan­tage sa place le soir. C’était dit avec plus d’élégance, je car­i­ca­ture évidem­ment », Voici, 28 décem­bre 2019.

« Vous êtes une femme, mais je ne com­prends pas que vous puissiez être com­plice de ces bassess­es. D’abord, ce ne sont pas les mar­ques que vous avez indiquées. (…) Pourquoi vous ne faîtes pas ça avec Madame Lagarde, Michèle Alliot-Marie ou avec Rose­lyne Bach­e­lot ? Ne vous abais­sez pas à ça. J’ai fait un dis­cours sur le tra­vail et sur le mérite. J’ai tra­vail­lé toute ma vie. Tout ce que j’ai, je l’ai gag­né par mon tra­vail. Ni plus, ni moins. Donc ce genre de procès d’intention, ça va ! » Dati, après une ques­tion sur les chaus­sures qu’elle por­tait, 6 mars 2012

« Vous me posez la même ques­tion qu’on me pose depuis deux mois (…) Vous êtes tous for­matés pour ça. Vous n’avez qu’une seule ques­tion: le Front nation­al. On vous donne un livre de 540 pages. Vous faites sem­blant de le lire », Éric Zem­mour, LCI, 4 novem­bre 2015

« Vous me faites de la peine. On m’avait dit que vous étiez plus futée que les autres, mais vous êtes comme les autres. C’est assez lam­en­ta­ble pour vous. Vous posez des ques­tions stu­pides et banales ! », Éric Zem­mour, LCI, 4 novem­bre 2015

« Elle regrette de voir cer­taines jour­nal­istes réduites à lire des promp­teurs. “Sois belle et tais-toi”, très peu pour elle », Asso­ci­a­tion des diplômés, Sci­ences Po Toulouse, 7 mars 2013

« La jour­nal­iste serait, par ailleurs, à l’o­rig­ine de la récente réc­on­cil­i­a­tion entre son mari et Marc-Olivi­er Fogiel », Le Figaro, 24 avril 2015

« Quand on est en face de vous, on a l’impression d’être la per­son­ne la plus impor­tante au monde », Jean d’Ormes­son

« Je suis très fan d’Audrey Cre­spo-Mara et de Jean-François Rabil­loud, le duo qui présente la Mati­nale de LCI. Pros, bronzés, et tou­jours souri­ants… Il doit y avoir un truc entre eux ! », José Gar­cia, Elle, 3 févri­er 2012

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo L’Ex­press via Youtube (DR)

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